Le Festival d'Avignon démarre le 5 juillet avec son nouveau directeur, Tiago Rodrigues : continuité et premières fois
Premières venues, plus de metteuses en scène et ouverture vers les jeunes : le Festival d’Avignon 2023 espère accueillir les férus de théâtre pour sa nouvelle édition du 5 au 25 juillet. Elle convoque 75% de nouveaux noms, sur la quarantaine de spectacles proposés. " On est passionnés par les premières fois à Avignon", a expliqué Tiago Rodrigues, le nouveau directeur de cette institution. Le Portugais succède à Olivier Py et dirigera le festival pour la première fois. Cette édition est "un mariage improbable entre la mémoire, les grands noms établis et le tremplin vers l'avenir".
Les femmes à l’honneur
La metteuse en scène Julie Deliquet va inaugurer le Festival d'Avignon en juillet, devenant l'une des rares femmes à le faire en 77 ans, avec les légendaires Ariane Mnouchkine ou Pina Bausch. Elle signera une adaptation de Welfare, un documentaire de Frederick Wiseman, connu pour sa critique des institutions américaines. Cette création montrera une " journée particulière dans la vie des sans-abri, des apatrides, des travailleurs, des mères célibataires et des démunis".
La metteuse en scène et directrice depuis 2020 du Théâtre Gérard Philipe (Centre dramatique national de Saint-Denis) est connue pour ses adaptations de films : Fanny et Alexandre d'Ingmar Bergman en 2019 pour la Comédie-Française, Un conte de Noël d'Arnaud Desplechin en 2020 pour l'Odéon et, en 2021, Huit heures ne font pas un jour, un feuilleton de Rainer Werner Fassbinder.
Le jour de l'ouverture sera présenté également G.R.O.O.V.E., une création de la chorégraphe de hip-hop Bintou Dembélé, qui avait fait sensation en 2019 avec sa chorégraphie des Indes Galantes de Rameau à l'Opéra de Paris. C'est à l'Opéra Grand Avignon qu'elle proposera une déambulation-performance mêlant hip-hop, Krump et voguing. Pour cette édition, 55% des spectacles sont portés ou co-portés par des femmes, a précisé Tiago Rodrigues.
Réouverture de la mythique Carrière Boulbon
Le directeur a lancé l'idée des langues invitées, avec l'anglais à l'honneur cette année. Les dramaturges britanniques Tim Crouch, Alistair McDowall et Alexander Zeldin sont programmés, de même qu'un spectacle en anglais de la metteuse en scène allemande Susanne Kennedy et une pièce de la compagnie new-yorkaise Elevator Repair Service.
L'édition marquera le retour d'un lieu mythique du festival : la Carrière de Boulbon, située en plein air à une quinzaine de kilomètres d'Avignon et utilisée pour la première fois en 1985 pour le Mahabharata de Peter Brook et pour la dernière fois en 2016. Philippe Quesne y créera Le Jardin des délices, inspiré du tableau de Jérôme Bosch. Tiago Rodrigues a précisé que cette relance " à la demande du public" a été complexe en raison du "défi budgétaire qui a obligé le festival à faire des économies" sur d'autres espaces.
Habitués et premières fois
Deux autres spectacles seront présentés en plein air, ou plutôt en pleine nature. Des spectacles longue durée comme Paysages partagés, sept pièces en sept heures - pauses comprises - sous les arbres, et Que ma joie demeure de Clara Hédouin, d'après Jean Giono. La metteure en scène propose pendant 6h30, avec des pauses, du théâtre et de la marche à Pujaut, dans le Grand Avignon.
Parmi les habitués du festival figure Julien Gosselin, qui présentera une nouvelle pièce fleuve, Extinction (5 heures), le grand metteur en scène polonais Krystian Lupa ou encore Milo Rau.
Tiago Rodrigues lance l'initiative "Première fois" pour inciter la nouvelle génération à se rendre au festival, notamment ceux "qui se sentent intimidés". Ainsi, 5 000 jeunes participeront à l'édition 2023. En 2022, 15% du public était venu pour la première fois, dont un tiers de moins de 30 ans.
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