: Reportage Un sketch, un poème, une chanson... À Besançon, des artistes livrent "un instant de bonheur" aux habitants
Et si à la place de vous faire livrer une pizza ou des sushis, vous commandiez un petit moment de bonheur ? Un poème, une saynète, une coiffure ? Cette initiative originale est proposée par des artistes du festival LIP, organisé jusqu'au dimanche 29 octobre à Besançon. Depuis trois semaines, les habitants du quartier de Palente, à Besançon, peuvent se faire livrer gratuitement du jeudi au dimanche des "instants précieux", à commander directement sur un site internet.
Il est 21 heures ce soir-là et Julia accueille les "livreurs", Ambroise et Amandine, avec un grand sourire aux lèvres. Tout le monde est déjà prêt, assis sur le canapé, pour assister à "l'instant précieux" : un sketch sur "l’hypnose sans gluten, la solution à vos problèmes". Les rires et les applaudissements ne tardent pas à fuser. Julia a déjà passé commande plusieurs fois et elle entend bien profiter de ses parenthèses suspendues jusqu'à la fin.
"C’est de la magie à domicile."
Julia, une habitante de Palenteà franceinfo
"On ne va pas s’en priver pour sortir du quotidien, de tout ce qui prévu, millimétré, de tout ce qui a un horaire, une contrainte, justifie Julia. Là, on est dans l’imprévu, dans la joie, la surprise. On ne sait jamais à quoi s’attendre".
Ce soir-là, elle a fait la surprise de cet "instant précieux" à des amis venus de Paris. Une vraie bouffée d'air frais pour Fanny. "Avec tout ce qui se passe dans le monde, les conflits, la guerre, la misère, ça fait du bien !, s’émerveille la Parisienne. Comme un petit massage, une petite caresse gratuite".
"Réenchanter l’ubérisation"
Ces "instants" sont préparés l'après-midi par les artistes, pour des représentations éphémères. C'est notamment ce qui a poussé Ambroise à participer au projet. "Ces choses-là ne sont pas valorisées dans la société actuelle, regrette-t-il. C’est d’autant plus important de participer, de passer des moments avec les gens qui ne soient pas mercantiles ou achetables".
Avec des commandes livrées tous les soirs, le pari est tenu pour Nicolas Turon, l'un des organisateurs. "L’idée fondamentale de base c’était de réenchanter ce qui, pour nous, est le dernier degré de l’aliénation au travail aujourd’hui, l’ubérisation, explique-t-il, lui redonner un peu de magie. On ne peut être que réjoui. Là, on est encore un peu transi par l’effort, et par la pluie aujourd’hui, sourit-il. Mais je crois que dimanche, quand on va pousser le grand soupir de fin, on va être vraiment ultra-contents d’avoir offert ces instants de bonheur".
Des instants précieux qui pourraient bien se développer. Des discussions sont en cours pour exporter l'idée à Bruxelles l'année prochaine.
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