Tri Yann : un "kenavo" haut en couleurs au Festival de Confolens
Tri Yann a été ovationné par le public du festival de Confolens, où le groupe nantais a fait étape à l'occasion de sa tournée d'adieu.
Kenavo (au revoir en breton), c'est le nom de la tournée d'adieu du groupe Tri Yann. Après cinquante ans de carrière, les trois Jean ont décidé de ranger les micros. Le 17 août, ils étaient sur la scène du Festival de danses et musiques du monde de Confolens (Charente) pour leur unique date de concert en Nouvelle-Aquitaine. C'était la troisième participation du groupe au festival.
C'est grâce à notre présence une année qu'il y a un beau chapiteau. On a amené la pluie bretonne et le spectacle avait dû être interrompu !
Jean Chocun, l'un des "trois Jean"
Intergénérationnel
Qu'on soit amateur ou pas de culture bretonne, jeune ou moins jeune, difficile de ne pas connaître La jument de Michao et Le loup, le renard et la belette, deux des chansons cultes du groupe. Pour preuve, il y avait tous les âges parmi les 2800 spectateurs présents pour le concert de Confolens.
"Quand j'ai vu qu'ils revenaient pour une tournée d'adieu, j'ai ramené amis et famille. On est venus à treize !" confie un jeune homme. "Ils en ont sous le pied !", s'exclame une spectatrice pendant qu'une autre confie un peu émue, "ils ont grandi avec nous". Et pour cause : cela fait cinquante ans que Tri Yann porte la culture bretonne sur les scènes de France et d'ailleurs.
Trois Jean, trois amis
L'aventure a commencé en 1969. Jean-Louis Jossic, Jean Chocun et Jean-Paul Corbineau sont trois potes, tous originaires de Nantes. Le premier est enseignant en histoire-géographie, le deuxième assistant administratif et le troisième employé dans un hypermarché. Ils se connaissent depuis deux ans et chantent pour le plaisir, entre eux, en reprenant des titres de l'époque et des standards de la musique bretonne.
Un soir, ils revisitent La Pastourelle de Saint-Jean devant des amis qui les baptisent "Tri Yann an Naoned", "les Trois Jean de Nantes". En Janvier 1971, ils montent un spectacle avec des chansons d'Hugues Aufray, de Graeme Allwright, d'Alan Stivell et un morceau du pays nantais. Le style des trois Jean plaît au public : un mélange de patrimoine musical breton mâtiné de folk.
Succès et longévité
Le tournant a lieu en 1972 quand Tri Yann rencontre Gilles Servat. L'auteur-compositeur-interprète, ardent défenseur de la culture bretonne, leur propose d'enregistrer un album chez une jeune maison de disques locale, Kelenn. Les prisons de Nantes sort à 500 exemplaires... qu'il faudra renouveler pour répondre à la demande ! Dès lors, le succès de Tri Yann va aller crescendo et ne jamais se démentir.
Cinquante ans de carrière, c'est énorme et cela fait d'eux (avec Magma et Ange), l'un des plus anciens groupes français encore en activité. Une longévité qui doit certainement beaucoup à leur état d'esprit. Tri Yann a su rester fidèle à ses origines tout en sachant se renouveler. Le renouveau celtique des années 90 a donné un nouveau souffle au groupe qui, avant de défendre la culture bretonne, combat surtout l'uniformisation culturelle. "Les identités ne combattent pas une autre identité, elles s'ajoutent" explique Jean-Louis Jossic.
Il faut refuser cette idée de civilisation Coca-Cola où tout le monde a la même façon de manger, les mêmes besoins et la même fausse culture de base. On a tous des racines différentes et c'est ce qui fait la richesse d'un pays et d'une Europe
Jean-Louis JossicMusicien du groupe Tri Yann
Malgré leur énergie et leurs convictions, à soixante-dix ans passés, les trois Jean ont décidé de s'arrêter. Leur tournée d'adieu s'achèvera en mars 2020 à Nantes. Mais le groupe pourrait se reformer occasionnellement. Kenavo ça veut dire au revoir, pas adieu.
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