Geronimo
Jouez et gagnez des places pour decouvrir GERONIMO, avec France Info !
Sud de la France.
Dans la chaleur du mois d'août, Geronimo, une jeune éducatrice veille à apaiser les tensions entre les jeunes du quartier Saint Pierre.
Tout bascule quand Nil Terzi, une adolescente d'origine turque s'échappe de son mariage forcé pour retrouver son amoureux, Lucky Molina, un jeune gitan.
Leur fuite met le feu aux poudres aux deux clans. Lorsque l'affrontement éclate en joutes et battles musicales, Geronimo va tout tenter pour arrêter la folie qui embrase le quartier.
“Geronimo est un film différent de mes précédents, je me suis senti plus libre.” Tony Gatlif
« Pour construire le personnage de Geronimo, je me suis en effet rappelé d’un de mes éducateurs de rue, il à aujourd’hui quatre-vingt-cinq ans, c’est devenu un ami. J’ai voulu montrer ces personnes incroyables. J’en ai vu arrêter des jeunes qui étaient dans une transe violente. Ils les sauvaient en leur parlant. »
« Dès le premier jour, on a commencé par une scène intense, le personnage de Fazil, le grand frère de Nil, s’emporte. Je lui ai donné le texte, il a joué j’ai dit stop. “Non, Rachid, je t’ai dit : ‘personne ne joue dans le film.’ Il faut que ce soit vrai, que tout ce que tu dises devant la caméra soit juste, on ne fait pas semblant.” Vingt acteurs, trente techniciens, la nuit, les projecteurs allumés, le décor est en place, je lui demande s’il veut aller s’isoler dans une voiture plus loin. “Et tu ne sors que quand tu es rempli de colère, sans tricher.” Il est parti et nous, on a attendu, la caméra devait être prête à tout moment. Quarante minutes ont passé, Céline voulait que je le laisse tranquille, elle était furax (c’est dans son tempérament de venir en aide). Les autres acteurs commençaient à trouver ça fou. “Concentrez-vous aussi, si vous lui cassez la scène, ça va être horrible.”
Il n’y avait pas une mouche qui volait. Rachid est sorti et là c’était la scène, il a été vraiment génial. Mais il fallait que je jauge la violence, il fallait aussi que personne ne se blesse pendant la scène, tous étaient sur le fil. À partir de ce moment-là, je savais comment le faire jouer. Un acteur novice, ça ne se dirige pas, tu ne lui donnes pas des consignes comme à un cheval. Il doit vibrer devant la caméra. Jamais d’insultes, jamais de vexations, jamais de pression, juste la parole. »
« Dans mes films, je pioche toujours dans mon histoire personnelle : il y a des gitans dans tous, dans celui-ci les éducateurs de rue de mon adolescence.
Et le mariage arrangé…
Quand je n’avais encore que onze ans, on habitait dans la banlieue d’Alger, vers les bidonvilles. Un jour, mon frère disparaît.
Un soir, ma mère me dit d’aller dans la forêt et de lui donner à manger. Elle me met en garde : “Surtout, ne le dis à personne.” Quelques jours auparavant, mes parents lui avaient annoncé : “Bon au printemps, tu te maries avec une cousine.” Il flippait à mort, il ne la connaissait pas, il s’est barré. J’ai vu la tristesse et le désarroi de mon frère ado qui ne voulait pas avoir de femme ou d’enfants.
Au bout de dix jours, il est revenu à la maison et il s’est marié. Mon grand-père m’a dit gentiment : “La prochaine fois, ça va être toi.” C’est à ce moment-là que je me suis tiré de chez moi et que je suis arrivé en France.
Cette histoire, c’est un peu celle de Nil dans le film. Montrer cette jeune fille qui fuit, c’est montrer mon engagement contre cette pratique d’un autre temps. »
TONY GATLIF
Textes : Mélissa Bounoua
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.