Good luck Algeria
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Synopsis
Sam et Stéphane, deux amis d’enfance fabriquent avec succès des skis haut de gamme jusqu’au jour où leur entreprise est menacée. Pour la sauver, ils se lancent dans un pari fou : qualifier Sam aux Jeux Olympiques pour l’Algérie, le pays de son père. Au-delà de l’exploit sportif, ce défi improbable va pousser Sam à renouer avec une partie de ses racines.
Entretien avec Farid Bentoumi
A l’origine de Good luck Algeria, il y a une histoire vraie : celle de votre frère.
Je voulais parler de cette situation complexe, rarement traitée et en même temps telle- ment répandue d’être binational, entre deux pays, deux cultures. Mon producteur Frédéric Jouve et moi avions envie de raconter une histoire positive sur l’immigration. Frédéric a grandi à Marseille, avec beaucoup d’amis d’origine algérienne. A force de discussions, on a eu l’évidence qu’il fallait s’inspirer de l’aventure de mon frère, qui a fait les Jeux Olympiques d’hiver sous la bannière de l’Algérie à Turin en 2006. Son aventure symbolisait vraiment la trajectoire qu’on voulait raconter : un franco-algérien qui habite en France et se lance dans un défi qui va le rapprocher de ses racines.
L’argument initial de Good luck Algeria relève de la comédie sociale puis le film s’ouvre sur une problématique plus ample sur l’héritage familial et culturel.
L’humour était essentiel. Je voulais que l’on éprouve une grande empathie pour Samir, qu’on ait envie de le suivre jusqu’au bout, quoi qu’il fasse. Et puis, l’histoire d’un homme qui fait les JO en ski pour l’Algérie a un potentiel comique très fort qu’il fallait traiter. C’est aussi pour ça que j’ai pris Franck Gastambide pour jouer son acolyte. Il est d’emblée sympathique et il a un rapport très beau et simple à la comédie. Je pars de l’anecdote de mon frère mais le film développe ensuite une problématique plus vaste autour de la famille. En 2007, j’ai fait un documentaire sur ma famille et j’en ai gardé pas mal de frustrations sur la manière de traduire la situation complexe de vivre entre deux pays comme le font mes parents. J’ai donc eu envie d’y revenir par le biais de la fiction, qui est vraiment mon métier. Il y a beaucoup de films en un dans Good luck Algéria : un film sur l’entreprise, un film sur la famille et les racines, un film de sport… C’est un peu une comédie, mais on a aussi beaucoup d’émotions… C’est un film entre la France et l’Algérie, mais l’histoire familiale au cœur du film, cette histoire de transmission, est universelle.
© Les films velvet - Les films du fleuve - France 3 cinéma
Son père dit quelque chose de très beau à Samir : il ne s’est pas battu pour l’intégration mais pour que ses enfants aient le choix.
Oui, et quand le choix de son fils est de mon¬ter sa boîte et non de planter des oliviers en
Algérie, il ne peut que le soutenir jusqu’au bout et l’aider. Ce père a un côté très parfait ! Pour lui, l’important est l’ascension sociale, pas l’intégration proprement dite dans une culture française. D’ailleurs, le débat actuel sur l’identité nationale est aberrant. Mon père est venu d’Algérie pour travailler dans les mines de Saint Etienne, il a creusé le tunnel du Mont- Blanc… N’a-t-il pas lui aussi construit la France ?
Dans ce débat, on oublie l’humain. Moi, j’ai grandi en France, j’y ai construit ma famille, mes projets, je suis français. Mais je suis aus¬si algérien, et très fier de cette bi-nationalité. Good luck Algeria est comme une réponse à tous les Algériens ou descendants d’Algé¬riens qui se demandent s’ils doivent renier leur culture algérienne pour s’intégrer. Et le racisme n’a jamais déterminé mes choix ni ne m’a freiné. Je trouvais important que ce soit la même chose pour mon personnage. Le fait que Samir fasse les JO sous la bannière algé¬rienne pour sauver sa boîte qui fait des skis cent pour cent français est un pied de nez à tous les débats sur l’identité nationale !
Tous les personnages ont cette caractéristique d’être des personnes sinon parfaites comme le père, du moins bienveillantes.
Effectivement, il n’y a aucun méchant dans le film, au¬cun conflit extérieur. Le conflit est intérieur, dans cette double origine qui constitue Samir. Il se sent bien au début, il fait des skis cent pour cent français, il est en France… Et puis il se rend compte qu’il y a un conflit à résoudre à l’intérieur de lui.
© Les films velvet - Les films du fleuve - France 3 cinéma
Le passage de la France à l’Algérie est comme un second souffle dans le film.
La première heure du film se passe sur trois mois envi¬ron alors que cette demi-heure en Algérie raconte une journée et demie. J’avais vraiment envie que ce per¬sonnage acharné à faire du sport, à courir pour sauver sa boîte, dans un rythme d’action à l’occidental, expé¬rimente soudain cette dilatation du temps propre au pays. Les Algériens prennent le temps. Le temps de se retrouver en famille aussi. Là-bas, on peut ne pas s’être vus pendant vingt ans, on reste cousins. Le lien du sang est très puissant. Je voulais qu’on ressente ce lien familial, que Samir lui-même l’éprouve, qu’il soit marqué par ce voyage. Lorsque le cousin de Samir lui montre les photos de ses enfants et lui dit que sa fille s’appelle Jihad et son fils Oussa¬ma, tout est dit sur la différence de vie et de culture entre eux mais le lien du sang reste très fort.
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