Guerre entre le Hamas et Israël : les pèlerins désertent Bethléem
Silence total dans l'église de la Nativité. Un prêtre et un agent de sécurité sont seuls mardi dans ce monument du pèlerinage chrétien. À Bethléem, les pèlerins se font rares et les commerçants font grise mine depuis le début de la guerre entre Israël et le Hamas.
"La dernière fois que j'ai vu l'église de la Nativité aussi vide, c'était pendant l'épidémie de Covid", soupire Laith, un guide palestinien de 25 ans qui a renoncé à haranguer les rares passants.
Les points de passages fermés
Le site, inscrit au patrimoine mondial de l'Unesco, attire des centaines de milliers de touristes chaque année dans cette ville palestinienne située en Cisjordanie occupée.
"On a connu des saisons plus difficiles que d'autres au gré des tensions, mais cette fois c'est comme si nous étions nous aussi en état de siège, les routes sont fermées la plupart du temps, que ce soit vers les autres villes de Cisjordanie ou vers Jérusalem et Israël", raconte le jeune homme issu d'une dynastie de professionnels du tourisme.
Au quatrième jour de la guerre entre Israël et le Hamas, qui a déjà fait plus de 2000 morts au total, l'armée israélienne multiplie les frappes aériennes sur la bande de Gaza, en riposte aux tirs de roquettes du mouvement islamiste Hamas, mais aussi depuis le sud du Liban.
Les échanges moroses
Comme il est très difficile d'aller à Jérusalem ou d'en venir en raison de la fermeture de points de passage, "il n'y a aucune raison pour les pèlerins de venir, et les touristes viennent pour visiter, pas pour se faire peur", explique George Baboul, 88 ans, propriétaire d'un magasin de souvenirs à Bethléem.
Assis devant son échoppe désuète, il discute avec ses copains du quartier. Les échanges sont moroses : des Palestiniens tués en Cisjordanie, la corruption de l'Autorité palestinienne, les pénuries d'essence dans les stations-service... "Ça ne vend pas du rêve", regrette un jeune palestinien qui s'immisce dans la conversation des anciens.
"Il y a tant de choses qu'on n'a pas pu faire à cause des événements", se lamente Cristina Farcas, agente de voyage roumaine de 39 ans, venue en Terre sainte avec un groupe de 38 touristes. "Quand ça a commencé, on a cru qu'on allait être bloqués ici, mais heureusement, avec l'aide de notre guide local, on a réussi à confirmer notre retour jeudi", raconte-t-elle.
Les pèlerins "choqués"
Cristina Farcas précise que l'ambassade roumaine à Tel-Aviv n'a pas été en mesure de les aider : "Ils nous demandent ce qu'on veut faire, mais on n'en sait rien, c'est la première fois qu'on vit un truc pareil ! On s'imagine toujours qu'une guerre peut avoir lieu quand on voyage ici, mais on est quand même choqués", ajoute-t-elle.
Dans sa chambre d'hôtel de Beit Sahour, ville qui jouxte Bethléem, à deux pas du Champ des bergers, Tysana Frédérique a préparé sa valise. Cette employée de banque de 37 ans fait partie d'un groupe de 36 pèlerins mauriciens. "Je serai vraiment rassurée quand on sera rentrés", confie cette mère de famille qui précise rencontrer des difficultés à expliquer la situation à ses enfants. Leur retour, avancé de quatre jours, a été arrangé, notamment par le consulat de l'île Maurice en Israël, pour mercredi matin.
La responsable de ce pèlerinage, Dominique Bonne, raconte que lorsqu'elle a entendu les premières sirènes d'alerte aux roquettes à Jérusalem, elle a eu "peur" mais sa "foi" l'a portée. "On faisait le rosaire, et personnellement, ça m'a donné beaucoup de force, nous sommes sur cette terre bénie, et grâce à Dieu, on est protégés."
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