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"Guerres secrètes" : plongée dans l'univers de l'espionnage au Musée de l'Armée

Le Musée de l'Armée, à Paris, propose jusqu'au 29 janvier une exposition inédite sur l'univers très secret de l'espionnage mondial, du second empire à la chute de l'URSS. Mathilde Lemaire a visité cette exposition pour nous.

Radio France
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Exposition 'Guerres secrètes', aux Invalides, à Paris. (Musée de l'Armée)

Qui n'a jamais fantasmé la vie d'agent secret ? Dans le contexte actuel de relents de guerre froide et alors que le renseignement est en première ligne face à la menace terroriste, l'exposition Guerres secrètes, qui se tient aux Invalides à Paris jusqu'au 29 janvier,  donne à voir 400 objets et documents déclassifiés qui proviennent notamment de musées britanniques et des archives de la DGSE.

Dans les coulisses de l'exposition "Guerres secrètes", aux Invalides. Reportage Mathilde Lemaire

On ne naît pas agent secret, on le devient

Des murmures dans les haut-parleurs, une lumière tamisée et en vitrine des objets entourés de mystère dont on sait rarement quand et à qui ils ont servi. La première salle est dédiée au recrutement et à la formation de l'agent secret. Les visiteurs y découvrent "un manuel de sabotage où on apprend comment démolir un pont ou comment saboter un bateau en posant une mine, décrit Carine Lachèvre, commissaire de l'exposition. Il y a un kit d’instruction au combat à mains nues, des documents pour apprendre à recruter une source, à crocheter une serrure en toute discrétion, à crypter des messages."

L'art de la dissimulation 

Une fois formé, l'argent secret doit s'infiltrer, se créer une légende avec de faux papiers mais pas seulement. Également exposés, des postiches, fausses moustaches, fausses boucles de cheveux, ou encore moule en plâtre pour fabriquer de faux nez en silicone. Autant d’éléments qui ont servi à la Stasi, les services secrets de l’Allemagne de l’Est.

Guerre froide. DGSE - Ministère de la Défense (Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette)

Dans une vidéo, un agent raconte les chirurgies du menton et des oreilles qu’il a subies pour changer d'apparence. On découvre ensuite, entre autres objets, les chaussures avec une lame dissimulée dans un talon pour rompre ses liens, les premiers revolvers silencieux datant de 1940, un matériel de plongée des années 60 avec récupération de CO2 pour ne faire aucune bulle sous l'eau, ou encore l'appareil photo Minox miniature dont James Bond se sert dans le film Au service secret de Sa Majesté.

Chaussures de soirée de la célèbre marque américaine Florsheim, dont le talon dissimule une lame rétractable. Guerre froide, 1965. Combined Military Services Museum, Maldon, U. K. (Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette)

L'exposition laisse une large place aux références cinématographiques. Extraits de films, costumes et accessoires, comme le smoking d'OSS 117. Mais souvent, la réalité dépasse la fiction comme avec ces armes dissimulées très astucieusement. On y découvre notamment le parapluie dit bulgare et son histoire. "C’est le KGB qui aurait acheté un lot de parapluies et qui, dans ses ateliers de Moscou, les aurait ensuite trafiqués pour les transformer en armes empoisonnées, raconte Carine Lachèvre, qui nous explique aussi comment ça marche. On vous bouscule avec le parapluie en visant une partie du corps et vous n’avez rien vu. Quelques heures plus tard, vous sentez une forte fièvre et ensuite... vous mourrez."

Combined Military Services Museum, Maldon, U. K. (Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Emilie Cambier)

Parmi les autres objets a priori inoffensifs de la vie quotidienne, il y a aussi le rouge à lèvres de l'agent secret, qui se révèle être en fait un pistolet à un coup, à utiliser contre une cible très proche, ou encore cet étui à cigarettes qui comporte de vrais cigarettes au milieu desquelles l’une comprend en fait un pistolet.

Encore des secrets bien gardés

Les visiteurs passent aussi beaucoup de temps devant le matériel d'écoutes de la résistance française ou devant la machine Enigma qui permettait aux nazis de coder leurs documents. "C’est un privilège d’avoir ça sous les yeux", estime un visiteur, particulièrement interpellé par la vitrine "avec tous les objets de torture" et par "les documents qui parlent des consignes de sécurité, comme se méfier par exemple d’un compagnon de cellule trop compatissant", explique-t-il.  

C’est assez incroyable ! On garde une part de mystère parce qu’on n'a qu’une partie du puzzle.

Un visiteur de l'exposition "Guerres secrètes"

franceinfo

D’autres, à l’image de cette visiteuse, sont "un petit peu déçu parce que c’est vieux. J’aurais bien aimé voir du matériel récent", commente-t-elle.

Seconde Guerre mondiale. DGSE – Ministère de la Défense. (Paris - Musée de l'Armée, Dist. RMN-Grand Palais / Pascal Segrette)

Les pièces de l'exposition les plus récentes datent de 1991. Impossible évidemment de révéler des informations ou outils qui seraient toujours sous le sceau du secret...

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