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Jeux Vidéo. "Call of Duty World War II": quand la virtualité dépasse l'affliction

"Call of Duty World War II" débarque dans les magasins. C'est le 14ème épisode de la série à succès Call of Duty qui a écoulé la bagatelle de 240 millions de jeux depuis 2003. Après une incursion dans l'univers de la SF et des ventes en chute, le studio Sledgehammer tente de renverser la vapeur en retournant à l'origine du succès : La seconde guerre mondiale. Alors, mission accomplie ?
Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Call of Duty World War II
 (Activision/Sledghammer Games)

Aussi régulière que le beaujolais nouveau, la série Call of Duty sort un nouvel épisode chaque automne depuis 12 ans. Malgré des cuvées inégales, elle reste la troisième série de jeux vidéo la plus vendue de l'histoire derrière Super Mario et Pokémon. Son dernier opus n'a pas vraiment cassé la baraque aussi bien au niveau des ventes qu'auprès des fans, déçus par l'ambiance science-fiction. Car ce qui fait battre le cœur des soldats de console, c'est la guerre, la vraie, celle qui vous fait sortir tripes et boyaux dans le fracas d'un pilonnage d'artillerie, avec l'odeur du napalm au petit matin. C'est bien la seconde guerre mondiale qui a fait le succès de la série à ses débuts et les éditeurs s'en sont souvenus.

A la guerre comme à la guerre

"Call of Duty World War II" nous plonge donc dans les horreurs de ce conflit planétaire. On y incarne le soldat (fictif) Red Daniels, jeune américain venu libérer l’Europe du joug des nazis. Dans le bateau qui fait face aux côtes normandes, on entend le discours du général Eisenhower qui harangue ses troupes à la veille du D-Day. Le ton est donné : nous allons vivre des instants historiques. Et c'est un des problèmes lié à ce genre de titre : comment concilier l'aspect jouissif du jeu et les monstruosités bien réelles qui se sont déroulées en France et en Allemagne durant la guerre. Le scénario ne fait pas l'impasse sur cette réalité sordide et en fait même une composante essentielle de l'histoire.
  (Activision/Sledghammer Games)
Si vous voulez revivre la première scène du film "Il faut sauver le soldat Ryan" suivez-moi ! Tirs ininterrompus, explosions, membres qui volent, corps qui brulent sous les lance-flammes, l'impression de carnage est la même lors du débarquement et on se prend pour Tom Hanks en avançant sur la plage face aux bunkers allemands. L'image perd son côté numérique pour se rapprocher au plus près de la patine cinématographique. Les détails des costumes et des armes sont si travaillés et les décors si réalistes qu’on a plus souvent l'impression d'être dans un film que dans un jeu. La bande son renforce l'aspect immersif et angoissant du titre par la précision du bruit des percuteurs et les cris des soldats allemands qui s'interpellent.
  (Activision/Sledghammer Games)

Les sentiers de la gloire

Heureusement vous n'êtes pas seuls face aux nazis. Red Daniels a une "Band of brothers" avec qui il partage le quotidien du soldat en campagne. Même s'ils sont un poil caricaturaux, les personnages sont plutôt réussis et assez attachants. Ils participent activement aux combats en fournissant munitions et soutien. On a également l'occasion de croiser une jeune et belle résistante française à qui Ludivine Sagnier prête sa voix et qui amène une touche féminine bienvenue dans ce déluge de testostérone. Du jour le plus long à l'occupation de l'Allemagne, les missions s'enchainent et notre soldat se révèle être un héros perpétuel multi-miraculé, parfois de façon assez grotesque ce qui a pour effet de nous faire relativiser cette grande vadrouille.
  (Activision/Sledghammer Games)

C'est tellement bon que c'est trop court

A l'heure où les grosses licences sortent des jeux avec beaucoup de contenus, Call of Duty parait un peu maigre en comparaison. Même si les lieux sont très variés : Du clocher ensoleillé de Marigny aux montagnes enneigées de l'Allemagne en passant par une mission d'infiltration très réussie dans la Kommandantur parisienne, le soldat Red a l'occasion de voir du pays. Mais en 7 à 8 heures on termine l'histoire avec l'impression d'être allé trop vite. Le mode multijoueur quant à lui s'offre un quartier général, sorte de hub social pour vétérans et  un mode WAR avec des scénarios où l'on joue tour à tour les alliés et les allemands. Malheureusement les cartes paraissent pour l'instant trop petites pour espérer incarner l'immensité de ce conflit.

Achtung Zombies !

Les inconditionnels de la série seront heureux de retrouver les classiques qui ont fait le succès du genre : Du couteau au lance-flamme en passant par le char d'assaut et l'avion de combat, sans oublier l'incontournable jeep Willis, Il y a mille et une façon de trucider ses ennemis dans Call of Duty. Et parmi ces ennemis, saluons le retour des zombies dans un mode particulièrement sanglant où il faut survivre le plus longtemps possible face à des hordes de nazis morts-vivants bien décidés à vous croquer. Plus on en tue et plus on gagne des points qui permettent d'acheter des armes, de l'équipement ou des défenses. Des parties fun qui permettent de rallonger la sauce et qui tranchent avec le coté très sérieux de la campagne.

Call of Duty a pris le parti de retourner à ses valeurs premières avec un scénario très linéaire et un univers qu'il maitrise à la perfection. Même s'il souffre d'un manque de modernité et d'une durée de vie un peu courte, le jeu est plutôt réussi et fera le bonheur des amateurs de films de guerre dont il s'inspire constamment. Les fans semblent avoir compris le message puisque le titre a déjà accumulé 500 millions de dollar de recette pour son week-end de lancement, soit deux fois plus que son prédécesseur.





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