"Astro Bot" élu meilleur jeu vidéo de l'année 2024
Astro Bot, un jeu en forme d'hommage aux héros phares des consoles de Sony, a gagné le titre de jeu vidéo de l'année, jeudi 12 décembre, lors des Game Awards 2024, une cérémonie annuelle centrale dans l'industrie vidéoludique. Sur la scène du Peacock Theater à Los Angeles, le Français Nicolas Doucet, directeur du studio japonais Team Asobi, a remercié son équipe pour sa "générosité". "Ils ne sont pas dans le calcul, ils pensent juste aux enfants, parce que nous avons l'immense privilège d'être potentiellement le premier jeu entre leurs mains", a-t-il déclaré.
Le jeu de plateforme, qui met en scène les aventures spatiales d'un petit robot, a aussi remporté les titres de "meilleur jeu familial", "meilleure réalisation" et "meilleur jeu d'action/aventure" – des victoires de taille pour le studio de 65 personnes.
Un Français derrière le jeu
Derrière Astro Bot, Nicolas Doucet. Le Français de 46 ans a passé plus de trois ans, avec son équipe, à travailler sur cet Astro Bot, sorti en août, qui met en scène de nouvelles aventures de son petit robot. "L'amour du Japon a toujours été un vecteur important dans ma vie", confiait-il en août dernier, dans un grand open space au siège tokyoïte de Sony Interactive Entertainment.
Originaire d'Aignan, "un petit village" du Gers, au cœur des vignobles d'Armagnac (Sud-Ouest), il raconte avoir baigné très tôt dans la pop culture japonaise, comme beaucoup d'autres de "cette génération de Français qui a grandi avec le Club Dorothée". Il y avait dans le village "un gamer qui importait ses consoles et qui nous a tous contaminés. On avait 14 ans, on jouait à des jeux tout en japonais, on ne comprenait rien, mais on les avait un ou deux ans à l'avance. Ça a cristallisé en nous cet amour du Japon", dit-il.
Voulant d'abord devenir professeur d'anglais, Nicolas Doucet s'exile à Londres où il tombe par hasard dans le monde du jeu vidéo, officiant chez Eidos, Electronic Arts ou Lego, puis chez Sony pour travailler avec le EyeToy, une caméra permettant de jouer grâce à la reconnaissance de mouvements.
"Faire un jeu de plateforme au Japon a vraiment du sens, car c'est un pays où historiquement la qualité, la précision des contrôles a toujours été au top, dans les jeux d'arcade ou de baston par exemple."
Nicolas Doucet, directeur du studio Team Asobià l'AFP
Vendu à plus de 1,5 million d'exemplaires selon Sony (propriétaire de Team Asobi), Astro Bot a décroché la meilleure note de l'année sur le site d'agrégateurs d'avis Metacritic, avec 94 sur 100, ex aequo avec Metaphor: ReFantazio et Elden Ring: Shadows of the Erdtree, deux nominés pour le titre suprême.
Dernier-né du directeur de la saga Persona, Katsura Hashino, Metaphor: ReFantazio n'est pas reparti bredouille. Cette aventure médiévale-fantastique du studio japonais Atlus, éditée par Sega, a reçu les prix de meilleur jeu de rôle et de meilleure narration. Quant à Balatro, un autre favori – un jeu de poker propulsé par des streamers populaires –, il a empoché "meilleur jeu indépendant" et "meilleur jeu mobile".
Pour leur onzième édition, les Game Awards ont invité plusieurs célébrités à participer, dont l'acteur Harrison Ford et le rappeur Snoop Dogg, qui a interprété une chanson de son nouvel album Missionary. La cérémonie a aussi fait la part belle aux annonces de nouveaux jeux, dont Intergalatic, par le studio Naughty Dog, réalisateur de The Last of Us.
Secteur en crise
Josef Fares, le fondateur de Hazelight Studios, a quant à lui présenté avec beaucoup d'enthousiasme et de jurons Split Fiction, un jeu entre science-fiction et fantastique. Son titre précédent, It Takes Two, s'était vendu à plus de 20 millions d'exemplaires et avait gagné la plus haute récompense en 2021.
Geoff Keighley, l'animateur des Game Awards, est par ailleurs revenu sur la vague de licenciements qui a frappé le secteur cette année, une "triste réalité". Il a remis un nouveau prix, baptisé Game Changer (celui qui change la donne), à Amir Satvat pour son soutien à de nombreux développeurs au chômage.
"Au cours des trois dernières années, nous avons perdu plus de 34 000 emplois", a déploré l'influenceur au bord des larmes. "Cela a des conséquences. On ne peut pas faire de jeux formidables sans des gens formidables."
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