"Call of Duty : Modern Warfare" : le jeu vidéo qui fâche les Russes
Le jeu vidéo "Call of Duty : Modern Warfare" qui vient de sortir montre des scènes de gazage de populations civiles par des soldats russes et provoque un tollé sur la toile.
A peine sorti, le jeu vidéo Call of Duty : Modern Warfare de l'éditeur américain Activision suscite une violente polémique en Russie. En cause, des scènes où des soldats de la mère patrie tuent des enfants et gazent des civils.
Attention, si vous souhaitez faire le jeu, cet article raconte une partie de l'histoire.
Exactions dans un pays imaginaire
Les évènements en question se produisent, dans la version "solo" du jeu, en Urzikistan, pays imaginaire qui rappelle la Syrie, la Tchétchénie ou l'Afghanistan. Le joueur qui incarne à un moment une jeune fille poursuivie par un soldat est témoin du gazage d'un village. La population est froidement abattue par des hommes en tenue militaire qui parlent russe. Même si l'on apprend plus tard que ces hommes ne font pas partie de l'armée régulière, la scène jette un froid car si le pays où sont commises les exactions est fictif, les tueurs, eux, sont clairement identifiés comme venant de Russie.
Dans ce même pays, une autre scène évoque le bombardement d'un convoi de civils par l'armée russe et donne au site le nom de "l'autoroute de la mort". Ce triste patronyme est malheureusement déja attaché à un tragique évènement survenu pendant la guerre du Golfe, en 1991, où les Etats- Unis avaient bombardé pendant des heures un convoi de militaires irakiens en débacle fuyant le Koweit, comme le rappelle le Washington Post (en anglais).
Lavage de cerveau ?
En Russie, les réactions ne se sont pas fait attendre. Depuis la publication de sa bande-annonce en mai, le titre s'est attiré des critiques de la part de médias d'Etat et d'utilisateurs qui l'accusent de "russophobie". Ilia Davydov, alias Ilia Maddyson, un joueur professionnel influent pourtant sous contrat avec Activision Russia a même annoncé qu'il boycotterait le nouvel épisode. "Il faut être un vrai monstre pour jouer à un jeu ouvertement criminel où il est dit noir sur blanc que les soldats russes sont des terroristes", déclare-t-il sur Twitter.
Pour Kirill Kleimenov, journaliste vedette de la télévision d'état Channel One, le jeu cherche à "laver le cerveau" des enfants en présentant les Russes comme des "orques démoniaques" rapporte NBC News (en anglais).
Sony a immédiatement réagi en retirant le titre du Playstation Store russe mais sans pour autant faire de commentaire. Le jeu est malgré tout disponible dans le pays en version Xbox et PC.
Savoir faire preuve de jugement
Activision quant à lui se contente de rappeler que "le mode Campagne emmène les joueurs à travers une histoire immersive qui leur demande de faire preuve de réflexion, de compétence et de jugement pour affronter certains problèmes et défis posés par la guerre contemporaine. La Campagne est une histoire fictive qui ne représente aucun évènement du monde réel."
Des milliers d'internautes se sont précipités pour démolir le nouvel opus de Call of Duty sur le site Métacritic notamment, dénonçant une propagande anti-russe et faisant drastiquement chuter la note du jeu.
Tout le monde en prend pour son grade
Souvent critiqué pour sa vision héroïque de la guerre à la gloire des armées occidentales, ce dernier épisode a pourtant reçu des éloges dans la presse pour avoir choisi de montrer davantage la souffrance des civils. Il est vrai que les images rappellent clairement les récents conflits qui ont fait rage au Proche-Orient, sans en omettre les actes les plus sombres.
Le titre est devenu plus dur, mettant le joueur dans la peau d'enfants victimes de la guerre. Chaque camp en prend pour son grade et les Américains apparaissent froids et calculateurs, ne servant que leurs propres intérêts et n'hésitant pas à trahir leurs anciens alliés lorsque le vent tourne.
Plus maladroit que manipulateur
Force russe d'occupation, terroristes arabes, cowboys américains et anglais : difficile de parler de guerre moderne sans froisser les susceptibilités. Jouer avec la géopolitique contemporaine comporte des risques et ce Call of Duty en a pris quelques-uns, en étant sans doute plus maladroit que manipulateur : les "bons" Russes qui participent activement à la victoire arrivent bien tard dans l'histoire et auraient mérité une meilleure place dans ce jeu qui reste plutôt un bon cru.
L'immense communauté des joueurs en ligne de Call of Duty ne s'y est d'ailleurs pas trompé et le titre affiche son meilleur démarrage, réalisant 600 millions de dollars de vente dès les trois premiers jours de son lancement.
Call of Duty : Modern Warfare sur PS4, PC et Xbox One
Editeur : Activision
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