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"The Legend of Zelda" : 20 choses à savoir sur la saga mythique avant la sortie du jeu "Tears of the Kingdom"

La suite du jeu à succès "Breath of the Wild" sera le vingtième épisode de la célèbre franchise créée par Nintendo. À quelques jours de cette sortie majeure de la Switch, retour en vingt points sur l'histoire et les secrets d’une saga mythique du jeu vidéo, qui a su se réinventer au fil des ans.
Article rédigé par Diego Caparros, Anthony Jammot
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 17min
L'affiche de "The Legend of Zelda : Tears of the Kingdom", disponible vendredi 12 mai sur Nintendo Switch. (Nintendo)

Depuis 1986, les pérégrinations de Link fascinent des générations de joueurs. 36 ans que la saga remodèle, adapte et pimente un postulat assez classique sur le papier : celui du héros, Link, venant en aide à une princesse, Zelda, aux mains du seigneur du Mal, Ganon. Le tout dans un monde médiéval fantastique : le royaume d’Hyrule. En bientôt 20 épisodes "canon" (et de nombreux autres jeux dérivés), The Legend of Zelda est devenu un monument vidéoludique dont on ne se lasse pas de revisiter les dédales, l'histoire et les secrets. Avant de pouvoir se plonger dans l’univers du très attendu Tears of The Kingdom, qui sort vendredi 12 mai sur Nintendo Switch, franceinfo vous propose de redécouvrir le phénomène Zelda à travers le regard éclairé de Valérie Précigout, auteure du livre Zelda, chronique d’une saga légendaire - Volume 2. Retour sur les origines, les inspirations, les spécificités du héros et de ses principales aventures en 20 points.

Les origines : une saga pionnière, entre combats et énigmes

1. Un titre made in USA

Qu’est-ce qui a poussé le créateur de l’univers Zelda - le légendaire Shigeru Miyamoto, également père de Mario - à choisir ce nom ? Dans le livre The Legend of Zelda : Hyrule Historia, Miyamoto explique qu'en 1986, année d’apparition sur console de la franchise, une personne chargée des projets marketing lui souffle à l’oreille qu’un écrivain américain nommé Francis Scott Fitzgerald avait une femme nommée Zelda. Le prénom plaît à Miyamoto et se retrouve finalement étendard de la licence.

2. Une première aventure sans titre 

Le nom du premier jeu Zelda devait être à l’origine Adventure Title. Une ébauche développée par Shigeru Miyamoto dans le but d'une sortie sur bornes d’arcades uniquement. Le créateur japonais misait alors sur une importante présence d'énigmes, au point de remettre en question son titre, la résolution des mystères prenant le pas sur l’aventure. Le projet sera finalement redirigé sur console. Le premier jeu Zelda sortira en février 1986 au Japon, avant d’être commercialisé sur NES en juillet 1987.

3. Pionnier du genre

À la fin des années 80, Mario symbolise les aventures linéaires. Alors que le plombier moustachu fonce droit devant lui, Miyamoto songe à créer un univers où un personnage pourrait se mouvoir en liberté. Malgré des limites techniques évidentes, le premier jeu The Legend of Zelda, sorti sur NES en 1987, propose ainsi une liberté d’exploration inégalée pour l’époque, par le biais d’un système d’écrans fixes qui défilaient les uns à la suite des autres. Un monde ouvert à la sauce pixels.

4. Un équilibre entre action et aventure

Quel est le secret du succès de la saga Zelda ? “La série fonctionne autour d’une alchimie imparable : une exploration truffée de mystères à dissiper et une action omniprésente mais jamais trop envahissante. La conception des donjons repose sur un parfait équilibre entre combats et énigmes”, liste Valérie Précigout. Une recette finement dosée qui permet à la franchise de se frayer un chemin dans le style action-aventure, entre deux autres licences phares de l'époque : Mario et Metroid. 

5. Un système de sauvegarde inédit

Autre élément qui témoigne de l'avant-gardisme de la saga : le système de sauvegarde. Il a été mis en place dès le premier épisode (The Legend of Zelda), à un moment où il n’était pas possible sur d’autres consoles de conserver son avancement dans une partie après avoir éteint la machine. Les développeurs de “Big N” ont eu l'idée d'inclure dans les boîtes du jeu une pile en lithium permettant d'enregistrer sa progression en jeu. Une vraie révolution pour le gamer des années 80.

Les inspirations : entre Japon féodal et châteaux européens

5. Hyrule, entre Kyoto et la Terre du milieu

Espace aux inspirations fantastiques et médiévales apparu en 1986, le Royaume d'Hyrule incarne la zone privilégiée et historique de la saga. L’idée d’une contrée verdoyante, où se mêlent vastes plaines, montagnes, rivières, forêts mystérieuses et ruines antiques est venue à Shigeru Miyamoto par le biais de ses promenades dans sa campagne natale aux environs de Kyoto. À ces influences japonaises s’en mêleront d’autres, celle de la mythologie celtique et médiévale notamment. Les décors, le bestiaire et les peuples d’Hyrule seront enrichis par le scénariste Takashi Tezuka, fan du Seigneur des Anneaux de J. R. R. Tolkien, qui écrira le scénario des deux premiers jeux de la série Zelda.

6. La Triforce, un symbole samouraï

Relique iconique de la saga Zelda, la Triforce représente les trois déesses d’or d’Hyrule : la déesse de la force, de la sagesse et du courage. Pour créer cet emblème composé de trois triangles jaunes, Shigeru Miyamoto s'est inspiré d'une bannière issue d'un clan du Japon féodal : le clan Hojo. Le sceau de ce clan ancestral s'est vite répandu dans tout le Japon, devenant très populaire parmi les habitants. La relique de la Triforce ressemble également au premier niveau du triangle de Sierpiński, une forme fractale décrite par le mathématicien polonais Sierpiński en 1915.

7. Des châteaux venus d'Europe

Les premiers opus, fortement influencés par la période médiévale occidentale, concentrent ainsi des motifs architecturaux empruntés à de véritables forteresses. Le château d’Hyrule s'inspire de bâtiments d’Europe de l’Ouest, comme le confie Talbot Hook, auteur du site Architecture of Zelda au Monde. L’Alcazar de Ségovie, un château fortifié espagnol, connu pour sa structure semblable à la poupe d’un bateau, fut une influence importante, comme le château de Neuschwanstein en Allemagne. Le monument est déjà à l'origine du design du ”château de la Belle au bois dormant” de Disney.

8. Le thème musical aurait dû être le "Boléro" de Ravel

Le thème principal de The Legend of Zelda, aujourd’hui incontournable dans la pop culture, a été composé en une seule nuit par le compositeur japonais Koji Kondo. Le thème initialement prévu pour le jeu devait être Le Boléro de Maurice Ravel. “Lorsque Koji Kondo a réalisé que Le Boléro de Ravel n’était pas encore tombé dans le domaine public (à un mois près…), il a dû repenser entièrement le thème principal du jeu en quelques heures seulement", raconte l'auteure Valérie Précigout. 

Le héros et la princesse : des évolutions liées

9. Non, le héros ne s'appelle pas Zelda

Dans l’esprit des non-initiés, la confusion entre le nom de la saga et celui du personnage principal est fréquente. Associer le nom de personnage et l’image d’un autre protagoniste (en l'occurrence, le nom The Legend of Zelda et le physique de Link, le héros) sur une jaquette de jeu vidéo a contribué à faire naître l'imbroglio. Rappel pour les néophytes donc : Link est le protagoniste, dégourdi et muet, jouable dans la totalité des opus, et Zelda est la princesse et personnage féminin principal de la saga.

10. Le modèle Peter Pan

Link, le héros aux allures d’elfe, a été pensé par son créateur Shigeru Miyamoto comme “un avatar avec lequel n’importe qui puisse s’identifier”, souligne Valérie Précigout. D’où notamment le fait qu’il soit muet et que chaque joueur puisse avoir assez de place pour cultiver son interprétation personnelle. “Mais Link a toujours eu des signes distinctifs plutôt attachants comme son bonnet vert, ses oreilles pointues elfiques et ses différentes tuniques”. Ces éléments, Miyamoto est allé les piocher dans un autre univers iconique de la pop culture, celui de Walt Disney. Grand amateur de son œuvre, le Japonais a choisi d’habiller son héros en s’inspirant du Peter Pan produit par le père de Mickey.

11. Link, des débuts sans arme

Le créateur de la saga Shigeru Miyamoto avait choisi qu'au début d'une partie de Zelda, aucune indication sur les directions à prendre et les quêtes à accomplir ne soient données. Plutôt que d’ajouter des indications, il avait alors décidé d’enlever l’épée de Link, avec laquelle il commençait dès le début de l’aventure. Désarmés, les joueurs devaient alors explorer pour mettre la main sur une épée et se retrouver à-même de relever les premiers défis. Un concept radical qui a séduit le public.

12. Un gaucher devenu droitier

Link a historiquement été considéré comme portant son épée à gauche et son bouclier à droite. Mais ce statut de gaucher a changé au fil de la saga pour des soucis de praticité, avec les épisodes de la console Nintendo Wii, Twilight Princess et Skyward Sword. “Quand la détection de mouvements a permis aux joueurs d’utiliser la manette Wiimote comme une épée, le choix a été fait de rendre Link droitier pour faciliter la prise en main”, raconte Valérie Précigout. Link ambidextre, c'est surtout pour “convenir aux besoins du joueur”, comme le confie Eiji Aonuma, nouveau producteur de la licence. 

13. Un solitaire ami des fées

Le jeune épéiste évolue majoritairement seul dans ses aventures mouvementées. Mais à partir de l’opus A Link To the Past, Link aurait pu être accompagné par deux autres comparses, selon le site web Game Staff List Association Japan. Shigeru Miyamoto confiait qu’il était prévu que Link soit épaulé par deux personnages non-joueurs dans ses combats, un magicien et une fée qui auraient servi à la reconnaissance des terrains. Des acolytes qui lui feront finalement faux bond. Link peut toutefois compter sur des fées pour lui apporter conseils et informations précieuses dans sa quête, comme Navi dans Ocarina of Time, Taya dans Majora’s Mask ou encore Ciela dans Phantom Hourglass.

14. Zelda, princesse multifacette

D'abord discrète, la princesse a évolué au fil des épisodes de la saga pour acquérir une personnalité bien trempée. “On a longtemps reproché à la série ses bases narratives simplistes dans lesquelles la princesse Zelda ne serait que le faire-valoir du héros amené à vaincre le seigneur du mal pour la sauver”, explique Valérie Précigout. Sa place a peu à peu grandi “au point de devenir centrale dans certains épisodes”. Une héroïne sibylline qui se camoufle parfois sous des apparences alternatives et commence à jouer un rôle actif. “Dans Breath of the Wild, ses tourments intérieurs servent l’intrigue à travers des souvenirs cachés et des notes de journal précieuses, qui mettent à plat la psychologie du personnage. La série semble donc évoluer dans le bon sens à ce sujet”, affirme l'auteure.

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La suite de "Breath of the Wild" est un des jeux les plus attendus de 2023. (FRANCEINFO / RADIOFRANCE)


15. "Ocarina of Time", des ventes record

Sorti en 1998, The Legend of Zelda : Ocarina of Time est considéré comme l’un des meilleurs jeux vidéo de tous les temps sur consoles. Un titre charnière, le "diamant brut de la série" puisqu’il symbolise le passage à la 3D de la saga. Le jeu s'est rapidement hissé en tête des ventes avec plus de 2,5 millions d'exemplaires écoulés en 39 jours. Un chiffre record qui lui a valu d'entrer dans le Guinness Book. L'engouement était notamment lié à un nouveau système de verrouillage des ennemis dans un environnement 3D. "Pendant que beaucoup de jeux se cassaient les dents sur une technologie qui n’en était qu’à ses balbutiements, le premier Zelda en 3D réalisait un sans-faute", juge Valérie Précigout.

17. "Majora's Mask", la boucle temporelle  

L’épisode Majora’s Mask, sorti en 2000, détone. Link doit remonter dans le passé en créant des boucles de trois jours  pour accomplir toutes les quêtes et empêcher une apocalypse. Mais les mécaniques du jeu sont en réalité inspirées d’un film allemand, nommé Cours, Lola, cours, sorti en 1998. Réalisé par Tom Tykwer, le long métrage aura une grande influence sur la pop culture, des Simpson à Buffy contre les Vampires. L’originalité du film réside dans le fait qu’il traite trois fois la même histoire. On reconnaît l’influence sur Majora’s Mask, que Nintendo aura su adapter aux codes vidéoludiques.

18. "The Wind Waker", ça cartoon

En 2002, Nintendo prend avec The Wind Waker la décision d'adapter l’univers de Link dans un style cartoon, tout en conservant la 3D. Une partie du public se braque. "La prise de risque était maximale pour Nintendo qui savait que beaucoup de fans espéraient alors un épisode plus mature et sombre, comme le sera un peu plus tard Twilight Princess, confie Valérie Précigout. Bien que ce choix radical soit également motivé par une économie de ressources importantes (contrairement à des graphismes qui tendent à restituer la réalité), l’opus réussit à convaincre sur le long terme, les joueurs reconnaissant que ce changement permettait une évolution originale du gameplay.

19. "Breath of the Wild", l’opus du renouveau

Avec la sortie de la Switch en 2017, la saga Zelda fait peau neuve avec Breath of the Wild. L'objectif : en finir avec le principe jugé dirigiste de donjons à explorer successivement. "Le fil rouge s’efface au profit du monde ouvert qui permet une logique de progression complètement nouvelle, explique Valérie Précigout. Le joueur a la possibilité de vivre l'aventure à sa manière avec une infinité de chemins possibles". Les objectifs secondaires si caractéristiques de la franchise prennent alors une place toute particulière. "Ces quêtes annexes sont la base de la proposition du jeu : on ne peut s’empêcher de s’éloigner de la trame principale pour voir ce que l’inconnu essaye de nous dissimuler", décrit l’auteure.

20. "Tears of the Kingdom", des fuites avant le 12 mai

C'est l'une des sorties majeures de l'année au rayon jeu vidéo. Et malgré toutes les précautions prises pour préserver les secrets de l'intrigue (les bandes-annonces, très mystérieuses, ont été dévoilées au compte-goutte par Nintendo), Tears of the Kingdom a déjà fuité sur internet et sur les réseaux sociaux. Supprimées depuis, les vidéos ont pu confirmer que le jeu s'inscrivait dans la lignée de Breath of the Wild. Mais cette suite directe saura-t-elle s'affranchir de son aîné et surprendre le public ? "Réitérer cet exploit ne sera pas une mince affaire. Il en faudra beaucoup pour lui permettre d'être bien plus qu’une simple suite de Breath of the Wild, dont il reprend déjà un grand nombre de fondamentaux”, conclut Valérie Précigout. Rendez-vous vendredi 12 mai pour le début de l'exploration.

Le livre de Valérie Précigout, "Zelda, chronique d'une saga légendaire - Volume 2, Breath of the Wild", est disponible aux éditions Third.

Valérie Précigout est l'auteur du livre "Zelda, chronique d'une saga légendaire - Volume 2, Breath of the Wild", aux éditions Third. (Third Editions)

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