Pas assez de femmes dans les jeux vidéo ? Comment les studios se défendent
En plein salon international E3, la polémique refait surface : les jeux présentés proposent très peu de personnages féminins. Les studios ont leur explication, plus ou moins de bonne foi.
Le salon international du jeu vidéo E3 bat son plein à Los Angeles. Parmi la panoplie de nouveautés dévoilée au public, la déclinaison d'un produit star, Assassin's Creed, suscite quelques aigreurs. Dans Assassin's Creed Unity, le personnage principal reste un homme, mais le nouveau mode multijoueurs coopératif porte à quatre le nombre d'assassins que le joueur peut incarner. Et sur ces quatre personnages, il n'y a aucune femme.
L'industrie du jeu vidéo a souvent été accusée de ne pas accorder une place suffisante aux femmes, ou de véhiculer des stéréotypes à leur sujet. Comment les studios se justifient-ils face aux critiques ? Voici quatre réponses.
Les personnages féminins, "ça demande deux fois plus de travail"
Le studio Ubisoft, en charge de la licence Assassin's Creed, a expliqué pourquoi les personnages principaux du dernier opus étaient des hommes. "C'était une question de mise au point et de production, détaille le directeur technique James Therien à VideoGamer (lien en anglais). Nous voulions la meilleure expérience possible pour le joueur. Or, développer un personnage féminin aurait nécessité de recréer beaucoup d'animations, de costumes... Cela nous aurait demandé deux fois plus de travail. Il a fallu faire un choix."
Plutôt que de s'ouvrir aux personnages féminins, les développeurs, répartis dans neuf équipes dans le monde, ont préféré plancher sur la ville de Paris sous la Révolution française. La capitale française est reproduite avec moult détails, catacombes et monuments historiques compris. Ubisoft propose ainsi "le plus large terrain de jeu de l'histoire de la franchise", selon Le Point.fr.
"Ça ne vend pas assez"
Rien qu'en France, le chiffre d'affaires du secteur dépasse 2 milliards d'euros. Or, l'industrie n'ose pas vraiment chambouler les habitudes des joueurs, majoritairement masculins. Selon des statistiques relatées par Penny Arcade (lien en anglais), les jeux qui ne proposent de jouer qu'avec des hommes se vendent 25% mieux que ceux comportant au moins une femme, et 75% mieux que ceux qui ne proposent qu'une femme en guise de héros. Mais comme le souligne ce site, le marketing joue un rôle essentiel dans la promotion d'un jeu. "Les services marketing réservent généralement les personnages féminins aux jeux de niche", leur accordant ainsi une exposition moindre.
Et les mentalités ne semblent pas près de changer. Jean-Max Moris, directeur créatif de Remember Me, raconte comment certains éditeurs ont accueilli ce jeu, dont le personnage principal est une femme. "Certains ont refusé de l'acheter car ils pensaient que ça ne se vendrait pas." D'autres trouvaient inconvenant de demander à des joueurs masculins d'embrasser virtuellement un autre homme, à travers l'héroïne.
"On n'y a pas vraiment pensé"
Interrogé par le Guardian sur l'absence de femmes parmi les trois personnages de GTA V, le cofondateur du studio Rockstar Games, Dan Houser, explique simplement : "Le fait d'être masculin est crucial dans ce jeu", sans vraiment détailler pourquoi. Dans une autre interview au même journal (lien en anglais), le même Dan Houser se montre plus tempéré. "On n'y a pas vraiment pensé. Ça ne veut pas dire qu'on ne voudrait pas ou qu'on ne pourrait pas [créer des personnages féminins] (...). Seulement, on n'a pas encore trouvé l'idée de jeu adéquate pour ça."
"Ça porte des jupes, ce n'est pas pratique pour l'escalade"
Dans un long article publié en mars 2013, Ça fait genre relevait un argument plus trivial, avancé par Fumito Ueda, responsable notamment de The Last Guardian. Selon lui, le personnage central du jeu se devait d'être un garçon car il effectue un grand nombre d'acrobaties. "Les filles portent habituellement des jupes, or il y a beaucoup d'escalade dans le jeu", avance Fumito Ueda. L'idée de créer une fille en short ne semble pas lui être venue à l'esprit.
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