Reportage "C'est un peu comme en Bourse" : quand les Lego deviennent un investissement de choix pour certains

Ce marché de la revente et de la "seconde main" est porté par les fans du jeu de construction. Pour certains, la brique de plastique est presque devenue un investissement de choix.
Article rédigé par Edouard Marguier
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
 

Un business qui se monte doucement, mais sûrement. Dans sa cave, dont il ne veut pas révéler l'endroit exact, Julien conserve son butin. Ici, de grands vins - d'ailleurs, il ne boit jamais d'alcool - ou autres trésors secrets... Son plaisir est ailleurs. "Il y a tout plein de pièces Lego triées par couleur et par forme, décrit-il. Tout est trié pour pouvoir faire des constructions." 

Mais au milieu de toutes ces pièces que le fan utilise pour jouer, on trouve également des produits neufs, encore dans la boîte, tout droit sortis d'un magasin Lego. "Évidemment, il y a beaucoup de boîtes qui ne sont pas ouvertes, expose le fan. Elles sont soit pour ma consommation personnelle, soit pour de la revente. C'est pour payer ma consommation de Lego... Après, c'est le jeu, sourit-il, c'est un peu comme en Bourse : des fois on gagne, des fois on ne gagne pas !"

"J'ai dû gagner 2  000 euros au minimum sur 2024"

Si de nombreux Français vont offrir des Lego à Noël - la marque aux petites briques est le numéro un mondial du jouet -, la petite brique est en effet aussi devenue une forme de placement financier. Et ce marché de la revente peut rapporter gros. Deux tiers des Lego achetés en France le sont pour les enfants, le reste pour des adultes. 

Et pour Julien, ça marche plutôt bien cette année : "J'ai dû gagner 2 000 euros au minimum sur 2024. Tu les vends cher quand tu n'as pas ouvert du tout et que tu n'as pas abîmé le carton. Il faut les garder plusieurs années et il faut guetter les meilleures promotions... En général, sur Lego, c'est 25% à 50% et proche de ce qui va sortir du catalogue." En somme : il faut donc posséder une boîte qui n'est plus vendue par Lego et, donc, potentiellement recherchée par les amateurs. 

"Il n'y a pas de meilleur business"

Pour s'y retrouver, il consigne tout dans un tableau sur son ordinateur. "J'ai l'année d'achat et le prix d'achat. Par exemple, le prix de vente sur un vieux magasin de pêche que j'ai acheté 110 euros, je l'ai revendu 320. Je l'avais acheté en 2018 et je l'ai revendu six ans après, en 2024. En moyenne, c'est sur quatre ou cinq ans. Mais il n'y a aucun business qui est meilleur que ça". Et parmi les collections qui fonctionnent particulièrement, il y a la franchise Star Wars : "Tu touches à la fois les fans de Lego et les fans de Star Wars. En général, tu perds rarement d'argent avec ce combo".

La pratique est connue par la direction Lego, qui n'assume pas. "Ce n'est pas quelque chose sur lequel on est à l'aise de répondre, parce qu'il y a un peu une forme d'essayer de survaloriser les boîtes et ce n'est pas spécialement ce qu'on essaye d'encourager, explique Camille Thorneycroft, représentante de la marque en France. Ça reste toutefois un phénomène marginal sur quelques boîtes emblématiques. Il y a plus de 850 références dans l'assortiment Lego et la rareté de certaines boîtes reste quand même limitées."

Sur ces 850 références, 40% sont renouvelées chaque année, cela signifie que certaines ne sont plus produites et peuvent un jour, donc, devenir rares et chères...

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