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L'arrière-petite-fille de l'écrivain russe Tolstoï choisit d'accueillir des réfugiés ukrainiens

L'écrivain Léon Tolstoï, qui a connu la terrible guerre de Crimée et le siège de Sébastopol au début des années 1850, était un pacifiste, rappelle Marta Albertini, son arrière-petite-fille. Cette dernière accueille aujourd'hui chez elle en Suisse des réfugiés ukrainiens.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
L'arrière-petite-fille de l'écrivain russe Tolstoï, Mafrta Albertini (à droite) accueille chez en Suisse Anastasia Sheludko qui a fui l'Ukraine. Le 31 mars 2022 (FABRICE COFFRINI / AFP)

Sous le regard perçant de Léon Tolstoï, l'arrière-petite-fille de l'écrivain russe écoute intensément les horreurs qu'a vécues Anastasia Sheludko avant de fuir l'Ukraine pour la Suisse.

L'invasion de l'Ukraine par le pays natal de son illustre ancêtre a été un choc immense, confie Marta Albertini à l'AFP, poussant la dame de 84 ans à vouloir faire quelque chose. "C'était instinctif", confie celle qui prête un appartement à Anastasia Sheludko et sa mère, dans le petit village alpin de Lens, non loin de la station très huppée de Crans-Montana.

Marta Albertini a ôté les photos de famille qui tapissaient les murs du chalet mais a laissé en place un grand portrait de l'auteur de Guerre et Paix et Anna Karénine. Il se serait dit : "Quelle horreur, à quoi sommes-nous arrivés ?", assure Marta Albertini. Tolstoï, qui a connu la terrible guerre de Crimée et le siège de Sébastopol au début des années 1850, était un pacifiste, rappelle-t-elle.

"Contre l'horreur" 

Marta Albertini, qui a publié l'année dernière un ouvrage sur les femmes de l'illustre famille, partage son indignation avec beaucoup de membres de sa vaste famille et ils l'ont fait savoir par courrier à Vladimir Poutine. Pourquoi ? "Parce que nous sommes contre les horreurs qui ont été perpétrées maintenant, on a envahi un pays innocent désireux seulement de garder ses frontières", explique-t-elle même si elle imagine que le président russe "a dû regarder (ses lettres) et les jeter a la poubelle". Pour autant il fallait faire entendre sa voix parce que l'Europe ne sera plus jamais comme avant, estime-t-elle.

Assise à ses côtés, la jeune Anastasia, dont le monde s'est effondré il y a quelques semaines. "C'est surréaliste", lâche-t-elle, "parfois j'ai l'impression de rêver". La jeune femme de 24 ans est arrivée avec sa mère le 13 mars dans les montagnes suisses, plus d'une semaine après avoir fui la ville de Mikolaïv, dans le sud de l'Ukraine et soumise à d'intenses bombardements par les forces russes. Elles font partie des 23 000 Ukrainiens qui ont été accueillis en Suisse, sur les plus de 4,2 millions qui ont fui le pays depuis l'invasion russe le 24 février.

Tout a changé 

Et Marta Albertini était là quand les deux femmes sont arrivées, en compagnie d'une autre famille qui a depuis poursuivi son chemin. Une première rencontre pleine d'émotions. Anastasia Sheludko a commencé à rebâtir sa vie. La jeune femme, sweat gris et lunettes qui lui mangent le visage, va à l'université de Sierre, non loin de Lens. Elle a abandonné des études de traductrice et "me voilà à nouveau une aspirante spécialiste de l'informatique", dit-elle dans un rire.

Mais il s'éteint vite quand elle se rappelle sa vie d'avant "paisible et normale". Et puis "un matin tu te réveilles et ton aéroport a été bombardé à 05H00 du matin et ta vie ne sera plus jamais la même", se souvient-elle. Elle se souvient aussi des dix jours passés dans une cave avant de prendre la route vers l'ouest. Et de son grand frère et de ses grands-parents laissés derrière elle.

L'arrivée en Suisse a été un soulagement et "l'accueil très gentil, très chaleureux". "J'ai eu la chance d'avoir cet appartement qui m'a permis de le faire (...) C'est tout", dit simplement la descendante de l'éminent écrivain.

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