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L'écrivain Milan Kundera, auteur de "L'Insoutenable Légèreté de l'être", est mort à l'âge de 94 ans

L'auteur franco-tchèque avait obtenu le grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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L'écrivain Milan Kundera à Prague, le 14 octobre 1973. (AFP)

Un monstre sacré de la littérature vient de s'éteindre. L'auteur franco-tchèque Milan Kundera est mort à l'âge de 94 ans, a annoncé la télévision publique du pays, mercredi 12 juillet. Une information confirmée par son éditeur français Gallimard à franceinfo. "Romancier du réel", Milan Kundera avait notamment écrit L'Insoutenable Légèreté de l'être en 1984. Il avait également obtenu le grand prix de littérature de l'Académie française pour l'ensemble de son œuvre en 2001. Milan Kundera vivait à Paris et avait obtenu la nationalité française en 1981.

Ancien communiste, Milan Kundera s'était progressivement brouillé avec les autorités tchécoslovaques et avait décidé de vivre en exil après l'écrasement du mouvement réformateur du Printemps de Prague par les armées dirigées par l'Union soviétique en 1968. Milan Kundera vivait à Paris et avait obtenu la nationalité française en 1981.

Un lien douloureux à la République tchèque

Né à Brno, dans l'actuelle République tchèque, le 1e avril 1929, destiné (comme ses parents) à une carrière de musicien, Milan Kundera fut d'abord un romancier mélomane. Ses premiers textes, des poèmes rédigés en tchèque, sont composés comme des sonates. Au début de sa carrière, Milan Kundera publie deux romans, La plaisanterie (1965, salué notamment par Aragon) et Risibles amours (1968), des textes dressant un bilan amer des illusions politiques de la génération qui, en 1948, permit l'arrivée au pouvoir des communistes.

Proche du régime communiste, Kundera s'en éloigne pourtant assez vite sans pour autant devenir un dissident. Mis à l'index dans son pays après le Printemps de Prague, Kundera s'exile en France, à Paris, avec sa femme Vera en 1975. Aprés sa naturalisation française en 1981, il choisira dès lors le français comme langue d'écriture pour marquer sa rupture avec son pays natal qui l'a déchu de sa nationalité en 1978 (il la récupèrera en 2019).

En 2008, un magazine tchèque exhume un "document" de la police communiste de Prague de 1950 suggérant que l'écrivain aurait dénoncé un de ses concitoyens durant la sombre période stalinienne. Blessé par ces accusations, Milan Kundera ne ripostera pas. "On pardonne difficilement à un homme d'être grand et illustre. Mais encore moins, s'il réunit ces qualités, d'être silencieux", écrit la dramaturge Yasmina Reza dans une tribune publiée par Le Monde. Des écrivains comme Gabriel Garcia Marquez et Philip Roth prennent alors sa défense.

Une œuvre considérable

En France, il publie La Valse aux adieux ou encore Le Livre du rire et de l'oubli... En 1984, paraît ce que d'aucuns considèrent comme son chef-d'œuvre, L'Insoutenable Légèreté de l'être, formidable roman d'amour et ode à la liberté, tout à la fois grave et désinvolte, dont le sujet n'est rien de moins que la condition humaine. Le livre sera adapté au cinéma en 1988 par l'Américain Philip Kaufman, avec Juliette Binoche et Daniel Day Lewis.

Romancier poète, militant communiste, enseignant en cinéma, amateur de boxe, traduit dans plus d’une quarantaine de langues et de nombreuses fois récompensé, Milan Kundera laisse une œuvre considérable, teintée d'un certain humour. Dans son dernier roman, La Fête de l'insignifiance (2014), un de ses personnages avouait se méfier des chiffres qui renvoient à "la honte de vieillir".

Peintre sarcastique de la condition humaine, il n'appartenait pas à l'Académie française, n'avait pas reçu le Nobel de littérature – des honneurs qu'il aurait amplement mérités – mais fut bien l'un des plus grands auteurs de ces dernières années, entré de son vivant dans la Pléiade (en 2011). D'une grande discrétion, son dernier passage à la télévision remontait à 1984, sa dernière interview à un journaliste à 1986.

Milan Kundera, les grandes dates

1er avril 1929 : naissance à Brno (actuelle République tchèque) 
1948 : entre au Parti communiste dont il est exclu deux ans plus tard. Réintégré en 1958.
1953 : premier recueil de poèmes L'homme, un vaste jardin
1967 : parution de La Plaisanterie
1970 : perd son poste d'enseignant après l'écrasement du Printemps de Prague. Ses livres sont bannis des librairies et des bibliothèques, il est interdit de publication. 
1975 : exil en France. Naturalisé français en 1981, avec le soutien du président Mitterrand.
1979 : Le Livre du rire et de l'oubli. Déchu de sa nationalité tchécoslovaque, il n'obtiendra la citoyenneté tchèque qu'en 2019
1984 : L'Insoutenable Légèreté de l'être, succès mondial
1995 : La Lenteur (premier de plusieurs romans écrits directement en français)
2011 : publication de son œuvre (en deux volumes) dans la prestigieuse collection de la Pléiade

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