La Belle Saison
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Synopsis
- Delphine, fille de paysans, monte à Paris pour s’émanciper du carcan familial et gagner son indépendance financière. Carole est parisienne. En couple avec Manuel, elle vit activement les débuts du féminisme. Lorsque Delphine et Carole se rencontrent, leur histoire d’amour fait basculer leurs vies.
« Cécile de France, j’ai écrit pour elle, je la voyais dans ce rôle. C’était une évidence. J’aime sa clarté, sa vaillance, son allure. »
Pourquoi avez-vous eu envie de situer La Belle Saison dans les années 70 ?
J’avais l’envie profonde de rendre hommage aux femmes féministes qui ont souvent été vilipendées, traitées de mal baisées… Moi-même je n’ai pas été une très grande féministe pendant des années, je n’étais pas loin de partager cette image d’elles.
Mais je me suis vite rendu compte que beaucoup des acquis sur lesquels je vis aujourd’hui, on les devait à ces femmes qui se sont battues, engagées. Un grand nombre d’entre elles étaient homosexuelles. Grâce à ce mouvement, enfin, elles pouvaient faire entendre leur voix. De fait, les homosexuelles ont beaucoup fait pour l’émancipation des femmes en général.
Il y avait une vitalité, une insolence dans le mouvement féministe qui m’a séduite. Je ne vois rien aujourd’hui de comparable. J’ai compris que le féminisme mettait l’humain au centre, et ça a été le grand principe de l’écriture du film.
« Mon obsession était de ne pas être dans une reproduction rigide des actions féministes. »
Cette matière historique est intrinsèquement mêlée au parcours intime de Delphine et Carole …
Comment lier l’intime et l’Histoire, c’était le centre de nos débats lors de l’écriture. Comment peut-on s’engager politiquement, être courageux pour les autres et en revanche avoir du mal à défendre « sa cause » dans la vie privée. Cette opposition me parlait profondément et ramenait de la fiction, de la dramaturgie. Delphine est empêchée dans sa vie intime mais, dans le même temps, elle a le courage d’aller délivrer un mec homo interné, de lancer du mou de veau sur un médecin « anti avortement ».
Vous faites sans cesse résonner entre elles les problématiques politiques et intimes, notamment dans la scène où Manuel fait remarquer à Carole que d’un côté elle se bat pour être libre et de l’autre elle tombe dans une histoire d’amour qui la rend dépendante…
J’aime beaucoup le personnage de Manuel, je trouvais intéressant qu’il mette Carole face à ses contradictions en lui disant que l’engagement ce n’est pas que dans un amphi avec des copines, et qu’on puisse lui donner raison. Il a aimé Carole parce qu’elle était libre, et il le lui rappelle… Je ne voulais pas que ce soit un salaud, un homme uniquement jaloux, focalisé sur ses problématiques, même s’il est blessé.
Ils sont tous les deux profs, le fruit de 68, lui est Mao, ils ont dû militer ensemble à un moment. Ce couple fonctionne dans l’idée qu’on peut vivre autrement que bourgeoisement. Quand ça clashe entre eux, ce n’est pas dans la violence.
Manuel cherche à faire changer d’avis Carole par la réflexion et cherche à l’atteindre par le raisonnement.
La Belle Saison est un film avec des femmes, autour du mouvement des femmes, avec une histoire d’amour entre deux femmes… Je ne voulais pas d’hommes mesquins à côté. Je voulais qu’ils soient attentifs aux femmes et ne soient pas que des antagonistes. Comme le dit Carole au début : « On n’est pas contre les hommes, on est pour les femmes ».
Le film est très joyeux et optimiste sur l’époque mais plus sombre quand on est dans l’intériorité des personnages, accompagnée d’ailleurs par une musique plus douloureuse…
D’un côté, il y a les morceaux d’époque - Janis Joplin, Colette Magny, Joe Dassin - et de l’autre une musique résolument plus moderne, The Rapture, un groupe d’aujourd’hui, exprimant la modernité que Carole apporte dans cette campagne.
Et puis il y a la musique originale de Grégoire Hetzel qui amène du lyrisme et épouse les sentiments intérieurs de Delphine et Carole, la façon qu’elles ont d’être prisonnières d’elles-mêmes par moments.
Avec Grégoire on a travaillé en tâtonnant. Il est venu très tôt et très vite on a pensé à un mouvement tourbillonnant, on a écouté des musiques de films, du Grieg.
C’est la troisième fois que je collabore avec lui. Il est très souple, il a beaucoup de lyrisme, une grande acuité.
Parler du MLF aujourd’hui est encore d’actualité ?
Aujourd’hui plus que jamais quand je vois le sort des femmes dans le monde. Les femmes doivent se mobiliser car elles restent les premières victimes des états autoritaires. Elles sont toujours des opprimées. Le droit à l’avortement remis en question en Espagne l’année dernière… Je pense que les révolutions et les changements de demain doivent se faire par les femmes.
A l’époque du film, les femmes revendiquaient l’égalité, des salaires égaux à ceux des hommes, « que la femme ne soit pas un objet publicitaire », aujourd’hui, c’est toujours la même chose, malgré des avancées, les mentalités n’ont pas suffisamment évolué. On est dans une période de régression terrible et c’est d’une importance vitale d’en prendre conscience et d’agir. Dès que je suis dans une réunion, j’essaye de faire de plus en plus attention à ce que les femmes soient écoutées.
Je ne comprends pas pourquoi les femmes font toujours autant peur, pourquoi on les empêche de penser, pourquoi elles n’ont pas les mêmes droits. Pourquoi ?
Propos de Catherine Corsini, recueillis par Claire Vassé.
Filmographie
2015...................... LA BELLE SAISON
2012...................... TROIS MONDES
2009..................... PARTIR
2006..................... LES AMBITIEUX
2003..................... MARIÉES MAIS PAS TROP
2000..................... LA RÉPÉTITION
1998...................... LA NOUVELLE ÈVE
1995...................... JEUNESSE SANS DIEU
1993...................... LES AMOUREUX
1987....................... POKER
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