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"La Joconde" prêtée à un autre musée français ? Un coût financier et des incertitudes sur la conservation de l'œuvre

Un prêt de trois mois coûterait 30 millions d'euros, selon les estimations du musée parisien, essentiellement en raison du manque à gagner.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des visiteurs du Louvre tentent d'obtenir une photographie de "La Joconde" de Léonard de Vinci, le 17 septembre 2016 à Paris. (BERNARD JAUBERT / ONLY FRANCE / AFP)

La Joconde va-t-elle faire des infidélités au musée du Louvre ? C'est en tout cas le souhait de la ministre de la Culture, Françoise Nyssen, qui envisage un prêt à un autre musée français. Après avoir évoqué l'idée, fin janvier, elle a déclaré que cette option allait être étudiée "sérieusement", fin mars sur Europe 1. Mais faire voyager le sourire de Mona Lisa a un coût. Une telle opération devrait coûter la coquette somme de 30 millions d'euros, selon une simulation réalisée par la direction de l'établissement, consultée par Le Parisien et dévoilée mardi 3 avril.

Près de 20 millions d'euros de manque à gagner pour le Louvre ?

Pour faire leurs calculs, les experts ont retenu l'hypothèse d'un prêt de trois mois. Selon eux, il faudrait débourser 2 millions d'euros pour assurer le tableau et entre 2 et 3 millions d'euros pour réaliser une vitrine spéciale et concevoir un "mur cimaise" pour ne pas compromettre l'œuvre dans son lieu d'exposition temporaire. La sécurité et le transport, par ailleurs, pourraient encore faire grimper l'addition de 1 à 2 millions d'euros. Mais le Louvre a grossi la facture, en simulant les coûts indirects liés à la perte de recettes pour le musée et la boutique : 19,5 millions d'euros. En effet, "90% des visiteurs viennent voir La Joconde", estime le document.

Cette proposition de Françoise Nyssen s'inscrit dans son "grand plan sur l'itinérance", dont l'objectif est de "lutter contre la ségrégation culturelle", l'un de ses objectifs politiques. Elle compte ainsi faire dresser une liste d'œuvres "iconiques" , destinées à circuler sur le territoire, dans des musées ou d'autres lieux. Ce catalogue doit être présenté à l'occasion de la Nuit européenne des musées, le 19 mai prochain. L'idée d'un prêt de La Joconde enchante en tout cas les supporters du RC Lens, qui ont déployé un tifo géant à l'effigie de Mona Lisa, en février, pour réclamer le prêt de la Joconde au musée du Louvre-Lens.

Des supporters du RC Lens réclament le prêt de La Joconde avant la rencontre de Ligue 2 contre Valenciennes, le 10 février 2018 au stade Félix-Bollaert.  (MAXPPP)

Des réticences liées à la conservation du chef-d'œuvre

Mais au-delà des coûts, l'exposition de La Joconde dans un autre musée français se heurte à des réticences liées à la conservation de l'œuvre. Depuis 2005, elle est présentée derrière une vitre blindée, protégée par un caisson spécial où l'humidité et la température sont contrôlées. Le Louvre a depuis longtemps affirmé qu'un éventuel déplacement du portrait de Mona Lisa risquerait de causer des dommages irréversibles à cette œuvre peinte à l'huile sur un mince panneau de peuplier de 77 cm de haut sur 53 cm de large. Avec le temps, le panneau s'est courbé et présente une fente, visible sur le tableau et qui atteint presque le visage.

La Joconde, dont l'histoire ancienne est très mal connue, n'a pas quitté la Salle des Etats depuis 1974, année où elle a été exposée au Japon, après un court séjour à Moscou. Dix ans plus tôt, elle avait traversé l'Atlantique, à l'instigation d'André Malraux, alors ministre de la Culture, et au grand dam des conservateurs du Louvre. Pendant trois mois, quelque 1,6 million d'Américains s'étaient déplacés pour l'admirer à Washington et New York. 

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