La Maison des mondes africains, lancée à l'initiative du président Macron, au cœur d'un casse-tête politique

Cette nouvelle institution pluridisciplinaire a pour objectif de faire rayonner la création contemporaine africaine en France.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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Le président français Emmanuel Macron s'exprime lors de la session plénière du sommet "Afrique-France", où à Montpellier, dans le sud de la France, le 8 octobre 2021. (LUDOVIC MARIN / AFP)

Où atterrira la Maison des mondes africains, baptisée MansA, voulue par Emmanuel Macron et avec quels moyens ? La question vire au casse-tête gouvernemental et fait frémir le site historique de la Monnaie de Paris où ce nouveau lieu culturel pourrait s'implanter.

Malgré une réunion interministérielle début octobre, le plus grand flou règne encore sur la future adresse de la MansA, qui ambitionne d'être un "QG permanent" faisant rayonner la création africaine contemporaine avec, en toile de fond, la perte d'influence de la France sur le continent. "L'idée était de redonner une chance à la France à un moment où elle est chahutée en Afrique et paie les errements des gouvernements successifs", explique à l'AFP l'universitaire camerounais Achille Mbembe, qui avait initié le projet aux côtés du président Macron fin 2021.

À la recherche d'un point de chute

La nouvelle institution pluridisciplinaire a déjà son logo, sa directrice (la journaliste et réalisatrice Liz Gomis), une petite dizaine de salariés et une partie de son budget mais attend fébrilement l'arbitrage sur son point de chute, qui conditionnera aussi son champ d'action. Contacté par l'AFP, le ministère de la Culture, qui assure la tutelle sur le lieu avec les Affaires étrangères, n'a pas fait de commentaire.

Devant les députés, la porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a, elle, indiqué fin octobre que la MansA faisait "l'objet de concertations, tant sur son périmètre que sur son calendrier", ajoutant que le chef de l'Etat trancherait sur le lieu d'implantation. Joint par l'AFP, l'Elysée n'a pas commenté. Selon plusieurs acteurs proches du dossier, le ministère de la Culture plaide pour que la MansA se fasse une place à la Monnaie de Paris, une institution créée au IXe siècle qui compte un musée, des salles d'exposition et une usine qui produit des pièces de collection et a fabriqué les médailles des JO.

Dans ces bâtiments posés en bord de Seine, la MansA pourrait espérer récupérer au mieux 1000 m2, loin des ambitions du projet initial de grande agora avec atrium, salle d'exposition... Par comparaison, l'Institut du monde arabe se déploie sur quelque 17 000 m2 à Paris. D'après cette source, le budget de la MansA pourrait d'ailleurs en pâtir. La Culture prévoit de lui allouer 2,1 millions d'euros en 2025, selon le projet de loi de finances, et cinq millions devaient venir des Affaires étrangères. Mais "on est tributaire des négociations budgétaires et ça va être revu à la baisse", prédit-elle.

Aucune "synergie" avec la Monnaie de Paris

A la Monnaie, l'hypothèse, lancée sans concertation, de voir débarquer la MansA provoque par ailleurs une levée de boucliers. "On se demande qui a eu cette idée et pourquoi", indique à l'AFP Rodolphe Krempp, délégué syndical CFE-CGC. "Il n'y aucune synergie entre les deux institutions". Beaucoup soulignent que la Monnaie, lieu entièrement autofinancé, risquerait d'être privée de salles qu'elle loue et qui lui permettent de fonctionner sans aide de l'Etat.

La polémique a rebondi côté politique. Le Rassemblement national dénonce une "destruction culturelle" et accuse le gouvernement de céder aux "sirènes de la repentance" vis-à-vis de l'Afrique. A Paris, le groupe communiste estime, lui, qu'une installation de la MansA à la Monnaie remettrait "profondément en cause la cohérence des espaces et des activités culturelles, industrielles et commerciales" du site historique, selon un projet de vœu municipal obtenu par l'AFP.

Jointe par l'AFP, Liz Gomis défend bec et ongles le projet. "Il est essentiel d'avoir à Paris un lieu pour parler des mondes africains au sens large, notamment via les diasporas, et contrer l'angle mort qui existe actuellement en France sur la création contemporaine africaine, qui foisonne partout ailleurs dans le monde", affirme-t-elle.

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