La Tour d'Anish Kapoor à Londres jugée trop chère à Florange
Pour ne rien arranger, son patron Lakshmi Mittal a porté la flamme dans les rues de Londres à la veille de l'ouverture des JO. "Une farce", dénonce le syndicat CGT. En réaction, ses responsables ont invité des enfants à porter une "flamme de l'espoir" le 26 juillet dernier sur les quelques kilomètres qui séparent l'aciérie de Florange des deux hauts-fourneaux de Hayange.
Face à cette levée de boucliers commune aux représentants du personnels sur tous les sites européens d'ArcelorMittal, le groupe qui a récemment décidé de fermer des hauts-fourneaux à Liège et qui a mis à l'arrêt ceux de Florange et de Schifflange au Luxembourg répond que "le projet de la Tour remonte à 2008, soit bien avant la crise de l'acier". D'après son porte-parole Tobin Postma, l'entreprise "n'a pas décidé de participer aux Jeux au détriment de Florange, nous voulons soutenir les deux," affirme-t-il.
Quant à Anish Kapoor, artiste d'origine indienne installé à Londres et lauréat du prestigieux Prix Turner, qui a conçu la Tour avec l'architecte Cecil Balmond, il ne prend pas part à la polémique. Le plasticien critique simplement le prix de son ticket d'entrée (15 livres, soit près de 19 euros) et jugé que "c'est beaucoup d'argent". Il espère qu'un "montant plus démocratique" sera introduit après les JO.
Pendant que le créateur de l'"Orbit" ne prend pas position, d'autres en France n'hésitent pas à soutenir la cause des métallurgistes d'ArcelorMital. Par exemple, Bernard Lavilliers a participé ces derniers mois, à deux concerts de soutien à Florange et dans les jardins du Trocadéro (pour lequel Zebda notamment était également présent). Edouard Baer, Sophia Aram et Antoine de Caunes figurent notamment sur la liste de soutien aux salariés d'ArcelorMittal.
De l'autre côté de la Manche, ce n'est pas le coût de l'oeuvre d'Anish Kapoor qui interroge, mais sa valeur artistique. Les journaux londoniens se plaisent à la tourner en dérision. Ils l'estiment tape-à-l'oeil et la surnomment "la pipe à shisha" ou encore "la bulle Hubble." De son côté, "The Telegraph" s'interroge : "est-ce de l'art ?" Spectateurs et critiques sont perplexes, voire pris de vertige. C'est justement ce que voulait l'artiste : "je souhaitais une sensation d'instabilité, quelque chose qui soit constamment en mouvement. Il s'agit d'un objet qui ne peut pas être perçu en un seul regard, depuis une seule perspective. Il faut faire le tour de l'objet et le traverser comme une Tour de Babel."
Le magnat de l'acier a lui aussi son point de vue sur le sujet : "l'oeuvre a juste besoin d'être comprise," lance Lakshmi Mittal avant d'ajouter : "aujourd'hui encore, certains essaient de critiquer Mona Lisa !" Pas sûr que Léonard de Vinci aurait apprécié la comparaison.
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