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Les revenants de Facebook

Sur Facebook, il y a ceux qui menacent de fermer leur compte. Il y a ceux qui s'en vont vraiment. Et parmi ces déserteurs, il y a ceux qui craquent et finissent par revenir. Témoignages de ces amateurs de comebacks.

Article rédigé par Yann Thompson
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Sur Facebook, certains utilisateurs partent pour mieux revenir. (ARMIN WEIGEL/DPA/MAXPPP)

Si Facebook est une drogue, alors voici des accros qui rechutent. Des internautes qui, n'écoutant que leur courage ou leur raison, ont un jour fermé leur compte Facebook. Avant de replonger et de revenir dans la matrice pour s'injecter de nouvelles doses virtuelles. FTVi a recueilli le témoignage de quatre d'entre eux, qui racontent leurs multiples vies sur le réseau social.

Conscience professionnelle

C'est devenu un refrain bien connu : à chaque nouvelle version de Facebook, les "c'était mieux avant" inondent nos timelines. Les critiques pleuvent contre les évolutions du service et certains vont jusqu'à menacer Facebook de divorce, à l'image du Quit Facebook Day. Des paroles en l'air pour beaucoup, mais pas pour Johana, 33 ans, qui a fermé son compte début octobre. Après quatre ans sur la plateforme, cette professionnelle de la communication a sonné la fin de la récré. "J'en avais marre de cette grande cour de collège, résume-t-elle. Il y a de plus en plus de monde sur Facebook, mais les échanges sont de moins en moins francs et intéressants."

Le départ de Johana a fait sourire ses proches. Mais c'est surtout son retour sur Facebook quelques jours plus tard qui les a amusés. "Je me sentais un peu ridicule en revenant, confesse-t-elle. Mais après deux ou trois jours d'absence, c'était devenu compliqué pour le travail, pour lequel il faut parfois tester des services sur Facebook." Dans certains métiers, le réseau social est donc devenu indispensable. Pour Johana, le retour s'est fait par un nouveau compte personnel, ultra-verrouillé. "Je publie moins, avec une utilisation plus professionnelle, précise-t-elle. De toute façon Facebook est moins drôle qu'avant, les timelines sont presque devenues de simples agrégateurs de liens."

Coups de tête

Pour Dominique, journaliste de 24 ans, la déconnexion a duré un an. Rien à voir avec le travail : le départ comme le retour se sont faits sur deux coups de tête. "J'ai quitté Facebook comme on se désinscrit d'une newsletter qu'on n'a plus envie de lire", raconte-t-il. Lassé par de trop nombreuses heures d'errance inutile sur le réseau, il a suivi étape par étape la procédure pour désactiver son compte. "Juste avant de confirmer, Facebook m'a affiché une galerie de photos d'amis et m'a dit que j'allais leur manquer, se souvient-il. C'est fou ! Facebook me donnait l'impression de m'envoler pour l'Amazonie, comme si je n'allais plus pouvoir revoir ces amis. Or il y a la vraie vie à côté, et le lendemain je buvais un café avec eux !"

Dernière étape avant la désactivation d'un compte : Facebook joue avec vos sentiments. (Capture d'écran Cnetfrance.fr)

Même s'il est "passé à côté de deux ou trois soirées organisées via Facebook", Dominique n'a pas ressenti de manque durant son année d'abstinence. Alors pourquoi a-t-il ouvert un nouveau compte ? "Je ne vois pas de raison particulière, répond-il. Au début je voulais me contenter d'amis proches ou vivant à l'étranger, mais je me suis vite laissé entraîner dans des cercles plus larges. Ca se passe mieux, les gens ont peut-être grandi et publient moins de bêtises."

on/off en courant alternatif

Chez certains étudiants, la désactivation/réactivation de compte fait partie de l'usage normal de Facebook. Bénédicte, 20 ans, a suspendu son compte l'an passé, au moment de sa rentrée en classe prépa. Un moyen simple pour éviter les tentations. "Je savais que j'aurai beaucoup de travail et donc moins de temps à perdre sur des albums photos d'inconnus", témoigne-t-elle. De là est même née une "petite fierté" de ne pas être inscrite sur Facebook. Elle y est revenue depuis quelques mois, désormais étudiante dans une école d'ingénieurs à Clermont-Ferrand. "J'ai à nouveau du temps pour glander", explique-t-elle en souriant.

A 22 ans, Fiona est elle une "revenante" récidiviste, avec deux retours à son actif, dont un après des examens particulièrement studieux. "A chaque fois, j'ai désactivé mon compte en m'assurant bien que j'aurais la possibilité de le réactiver par la suite, précise cette étudiante en tourisme à Saumur. Je ne l'aurais pas fait si cela impliquait de perdre toutes mes photos par exemple."

Car il existe bien deux types de fermeture de compte : la désactivation temporaire et la suppression définitive, plus compliquée à mettre en œuvre. Facebook a donc pensé à tout, même à vous faire partir pour mieux revenir...

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