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Liberté Egalité Fraternité ?

Sept semaines durant, projections et rencontres prolongent le débat.

franceinfo

Radio France

Publié le 03/01/2016 00:00 Mis à jour le 28/01/2016 16:57

Temps de lecture : 5min

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Les tragiques événements de janvier puis du 13 novembre 2015 n’ont pas seulement bouleversé des millions de gens, en France et dans le monde : ils ont aussi rappelé – et remis en question – les valeurs fondatrices de la République, héritées des Lumières et inscrites au fronton des écoles.

« Crois-moi t’as pas fini de sentir le racisme dans ton dos. L’hypocrisie derrière les sourires, la condescendance. T’auras beau te casser la tête, y aura jamais rien pour toi. À part si tu commences à faire le rebeu qui parle de citoyenneté et de République, et "black blanc beur" et tout ça. "Liberté, Égalité, Fraternité", tout le tralala, ça c’est du vent, ce qu’il faut dire c’est "Liberté, Égalité, Fraternité" entre blancs et zéro musulman. »

Ces propos terribles, tenus par un habile endoctrineur, sont tirés du film La Désintégration, dont on a abondamment souligné le caractère prémonitoire. Sorti juste avant l’Affaire Merah en 2012, il est revenu en mémoire lors des attentats de janvier et novembre dernier, perpétrés par des protagonistes aux parcours et aux discours semblables à ceux des personnages du film, des recalés du modèle républicain, perdants gagnés à d’autres causes et enrôlés dans d’autres combats.

La Désintégration © DR

Cette fracture, cette défiance et leurs tragiques conséquences invitent à la réflexion. Que signifient aujourd’hui les trois mots de la devise ? Sont-ils réellement à l’œuvre dans nos sociétés ou sonnent-ils désormais comme un slogan désuet et désincarné ? La question des « migrants » fuyant par milliers la guerre et la misère, en quête d’asile dans un monde en crise, nous confronte pourtant à l’actualité brûlante de ces valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité.

Jusqu’au 28 février, ce programme entend questionner la devise à travers films, rencontres, débats et cours de cinéma, offrant l’occasion de faire dialoguer dans les salles et sur les écrans passé et présent, histoire et géographie, engagements d’hier et enjeux d’aujourd’hui.

Tout au long de ces semaines, les trois grandes valeurs de la devise française seront reprises :

Liberté

Une reproduction du célèbre tableau de Delacroix apparaît fugacement dans Mustang, parmi le fouillis de la chambre d’une des jeunes filles dont le film raconte la privation et le combat pour la liberté. Les situations de domination, d’asservissement, d’assujettissement ne manquent pas dans l’histoire des pays, des peuples et des gens. Bien des années après, elles continuent à marquer les imaginaires, et parfois à structurer les débats publics.

Egalité

L’article premier de la déclaration des droits de l’homme stipule que les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. « Mais certains sont plus égaux que d’autres ! » ajoutait Coluche. Les films se font l’écho de ces combats historiques pour l’égalité et des grandes figures qui les ont portés, depuis la révolution jusqu’au mariage pour tous, et offrent le reflet des inégalités et discriminations à l’œuvre dans la société d’aujourd’hui, des bancs de l’école au marché de l’emploi.

Fraternité

A ce troisième mot de la devise, qui renvoie à un devoir plutôt qu’à un droit, on préfère souvent aujourd’hui celui de solidarité. Qu’en est-il dans un monde globalisé et dans une société multiculturelle où l’autre, l’étranger, est perçu comme une menace, favorisant communautarismes et tentation du repli sur soi ?

Ces 7 semaines de programmation seront l’occasion de réunir un corpus de films variés, faisant résonner le passé et le présent et dépassant les frontières hexagonales, même si la société française d’aujourd’hui et son histoire y occuperont une place importante.