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48 heures de lecture non stop des "Misérables" d'Hugo, à Toulouse

Depuis vendredi soir, à Toulouse, 200 lecteurs se relaient jour et nuit pour faire vivre le personnage de l'ancien bagnard Jean Valjean et "Les Misérables" de Victor Hugo, ponctuant leur lecture collective d'exposés d'actualité. Dimanche, une chanteuse viendra slamer "Madame la misère" de Léo Ferré. Les derniers mots auront été lus à 20H00: "Comme la nuit se fait lorsque le jour s'en va".
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Les misérables de Victor Hugo
 (FRANCOIS GUILLOT / AFP)
"En 1815, M. Charles-François Bienvenu était évêque de Digne"... Sous le haut plafond d'un ancien édifice religieux - La Chapelle, plus vieux "squat politique" de Toulouse - les spectateurs affluent silencieusement. 20H vendredi, le premier lecteur est au micro. Une traduction en langue de signes est proposée en simultané. Et sur des canapés, des exemplaires des "Misérables" attendent d'être feuilletés.
"Tant qu'il existera (...) une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers (...), des livres de la nature de celui-ci ne pourront pas être inutiles", avertissait Victor Hugo lui-même, en 1862, lyrique, mystique, "indigné". C'était il y a 150 ans mais son oeuvre est toujours d'actualité, insiste l'association "L'atelier idéal", qui gère La Chapelle et y organise cette lecture collective du roman.

"Les sans-abris, les travailleurs précaires, les personnes âgées démunies, les sans-papiers, la brutalité des conditions carcérales, l'opprobre jeté aux Roms, aux prostituées, sont toujours là", énumèrent les gérants du lieu, se revendiquant "anarchistes" et "influencés par le mouvement situationniste".
La détresse de Jean Valjean à sa sortie du bagne... à la prison aujourd'hui
21H30. C'est au tour d'Odile Barral, juge d'application des peines à Albi et membre du Syndicat de la magistrature, de faire partager un chapitre. A son côté, une Toulousaine d'origine espagnole, Felicia Carrete, prête son accent à Jean Valjean. "Je suis un galérien, un forçat, voici mon passeport jaune: cela sert à me faire renvoyer de partout", dit le personnage, condamné en 1795 pour le vol d'un pain, et qui vient de passer 19 années au bagne. Alors Odile Barral ramène les spectateurs en 2013: elle évoque la "soixantaine" de fichiers de police répertoriés, les "discriminations importantes qui concernent, aujourd'hui encore, les personnes sans domicile fixe, les forains et les gens du voyage".

"Jean Valjean était très touché que l'évêque ne le tutoie pas et l'appelle +monsieur+", relève la magistrate, qui ajoute: "Un de nos combats, aujourd'hui, c'est d'obtenir une plus grande régulation des contrôles d'identité"... Puis débute la lecture du chapitre "un homme à la mer". Au dessus du public, une acrobate enroulée dans une corde exprime la souffrance d'un homme balloté par "la mer". 400 migrants sont morts, le mois dernier, dans des naufrages en Méditerranée.
 
Militante, la lecture collective se veut aussi pleine de symboles
Une nuit de lecture passe et samedi, à 7H00, débute le récit de la mort de Fantine, fille-mère devenue prostituée, enterrée à la fosse commune. Yves Cevenes vient expliquer qu'à Toulouse, "chaque année, en moyenne, 30 personnes décèdent des conditions de vie à la rue". Assistant social à l'hôpital, il a fondé l'association "Goutte de vie", pour "prendre soin" de personnes de la rue et faire en sorte qu'aucun SDF ne soit plus inhumé seul.

En référence aux chandeliers en argent que Jean Valjean avait reçus de l'évêque bienveillant, "chaque lecteur reçoit un chandelier du lecteur précédent et en offre un au suivant".

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