"Goldfinger", "Mrs Robinson", "Le tourbillon de la vie" : reparcourez le 7e art en "101 chansons de films"
Un palmarès des plus célèbres chansons de films : voici ce que propose ce beau livre d'Alain Pozzuoli et Philippe Sisbane, "101 chansons de films", avec des analyses, l'histoire des coulisses et des anecdotes.
On ne compte plus les longs-métrages rendus célèbres par une ritournelle chantée et vice versa. La chanson et le cinéma, c’est une histoire indissociable de deux arts majeurs qui se croisent sans cesse. Deux spécialistes du 7e art, Alain Pozzuoli et Philippe Sisbane, ont choisi de répertorier 101 chansons de films dans un livre paru le 20 mai aux Editions de Layeur. Un ouvrage très complet où films et chansons sont classés par décennies, qui fourmille d’anecdotes en tout genre.
Un mariage dès le premier film parlant
Associer la chanson au cinéma s’est imposé comme une évidence dès le tout premier film parlant de l’histoire du 7e art, Le chanteur de jazz en 1929. C’est donc tout naturellement par cet exemple que débute le livre. Et les grands classiques des années 30-40-50 s’enchaînent pour le plaisir des yeux et des oreilles. Smile de Charlie Chaplin dans Les temps modernes en 1936, Laura chanté par Frank Sinatra pour le film éponyme en 1944, l’incontournable Singin’ in the rain dont le film Chantons sous la pluie en 1952 traite justement de l’avènement du cinéma parlant, ou la naissance du rock’n’roll avec Rock around the clock de Bill Haley en ouverture de Graine de violence de Richard Brooks en 1954.
Et le cinéma français n’est pas en reste avec entre autres Les feuilles mortes, qui prendra son envol bien au-delà du film Les Portes de la nuit de Marcel Carné en 1946.
Des chansons plus célèbres que les films
Ce chef-d’œuvre de la chanson française n’est d’ailleurs pas un cas isolé. On ne compte plus les morceaux célèbres issus de films oubliés. Qui se souvient que Petit papa Noël de Tino Rossi est issu de Destins d’Henri Pottier en 1946 ? Et si Brassens a écrit Les copains d’abord, c’est à la demande de son ami Yves Robert pour le film Les copains en 1965. Si le long-métrage ne figure pas parmi les plus connus du cinéaste, la chanson trône en bonne place dans le patrimoine français, et a parcouru le monde entier à travers des reprises en anglais, italien et allemand.
Mais s’il y a une chanson mondialement connue dont personne ne se rappelle du film dont elle est issue, c’est bien Strangers in the night. Qui n’a jamais entendu cette mélodie que même des guitaristes comme Jimi Hendrix ou Eric Clapton ont insérée dans leurs solos ? En revanche, qui connaît le film D pour danger (A Man Could Get Killed en VO) ? Une obscure série B de 1966 qui n’est pas passée à la postérité, loin s’en faut. Dès la sortie du film, la chanson du générique est repérée par les programmateurs de radio et le morceau va rapidement devenir un tube, repris par des dizaines d’artistes et adapté en plusieurs langues.
Des duos films-chansons mythiques
Heureusement, toutes les chansons n’ont pas éclipsé les films qu’elles ont illustrés. L’histoire du cinéma est remplie de duos films-musiques qui ont contribué à la fois à la mythologie du 7e art et au succès de morceaux intemporels. Impossible de les citer tous. Mais on ne peut oublier la voix langoureuse de Shirley Bassey sur Goldfinger, sans doute la chanson la plus célèbre d’un James Bond, Simon et Garfunkel vantant les mérites du "son du silence" ou les atours de Mrs Robinson dans Le lauréat, Nicole Croisille nous emportant dans son "dabadabada" de la chanson et du film Un Homme et une femme, Harry Nilsson chantant une Amérique désenchantée avec Everybody’s talkin dans le magnifique et crépusculaire Macadam Cowboy, ou encore les jumelles Catherine Deneuve et Françoise Dorléac, vraies sœurs à la ville, dans Les Demoiselles de Rochefort.
Le livre d'Alain Pozzuoli et Philippe Sisbane n’omet pas non plus tous les films musicaux et leurs tubes inoubliables : Tonight, Maria et America dans West side story, You’re the one that I want dans Grease, Let the sunhsine in dans Hair, les hits de Abba dans Mamma Mia … ainsi que tous les long-métrages dont le thème central est la musique elle-même, très souvent le rock ou la pop : La bamba, The Rose, The Wall, Yellow submarine, Purple rain, La fièvre du samedi soir…
Des chansons qui connaissent une seconde vie
Le cinéma a aussi souvent donné l’occasion à des chansons de renaître et connaître un succès après-coup. Tarantino est un des meilleurs exemples de cinéaste piochant dans des musiques existantes pour illustrer ses œuvres. Outre l’instrumental Misirlou dans Pulp fiction, ou de nombreux standards de la soul des seventies dans Jackie Brown, il a également ressorti le tube des sixties Bang-Bang de Nancy Sinatra dans son diptyque Kill Bill en 2003.
Bien qu’ayant déjà cartonné dans les années 60, Oh pretty woman de Roy Orbison a connu un regain d’intérêt en 1990 avec le film portant le même titre et entra à nouveau dans les charts trente ans après son premier succès. Et à la même époque, Unchained melody des Righteous Brothers sorti en 1965, redevient un tube en 1990 grâce au film Ghost et son couple glamour Patrick Swayze et Demi Moore.
Et que dire du traditionnel Women of Ireland, ressuscité par Stanley Kubrick dans Barry Lyndon en 1975, interprété par le groupe irlandais The Cheftains, repris ensuite maintes fois, et adapté en chanson par The Christians en 1990.
Des anecdotes savoureuses
Et surtout, Alain Pozzuoli et Philippe Sisbane nous délectent de nombreuses anecdotes sur les coulisses de ces chansons et de ces films pour la plupart légendaires. On apprend ainsi que la séquence chantée du Tourbillon de la vie dans Jules et Jim est la seule du film à être captée en direct, tous les autres dialogues étant postsynchronisés. On découvre aussi l’ironie de l’histoire entourant le doublage de Debbie Reynolds dans Chantons la pluie, alors que l’actrice y incarne justement un personnage à la voix parfaite censée doubler l’actrice Jean Hagen.
Et on apprend que l’emblématique Over the rainbow a failli ne pas figurer au montage final du Magicien d’Oz, et que son titre explique les couleurs du drapeau LGBT, quand il est devenu l’hymne officieux du mouvement dans les années 70.
Enfin, le livre se termine sur le succès planétaire Happy de Pharrell Williams, au générique de Moi moche et méchant 2 en 2013, et le tout dernier James Bond Mourir peut attendre avec la reprise par Billie Eilish d’une chanson de Dalida sortie en 1968, Dans la ville endormie. Preuve que chanson et cinéma n’ont pas fini de s’entremêler, sans se soucier des styles et des époques.
"101 chansons de films" d'Alain Pozzuoli et Philippe Sisbane - Préface de Pierre Murat - Editions du Layeur - 240 pages - 29,90€
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