Avec "Jésus lumière de vie", Michael Lonsdale écrit son Évangile des peintres
"Jésus est mon centre, il est vivant en moi". Les premiers mots du livre de Michael Lonsdale font profession de foi. L'inoubliable acteur des "Hommes et des dieux" est profondément croyant et il puise depuis toujours dans les textes des Evangiles les balises de cette foi. Mais il a trouvé, dans le regard que portent les peintres sur les grandes scènes de la vie du Christ une autre lecture de ces Evangiles parce que "les peintres, témoins de l'invisible, savent exprimer ce que nul autre ressent".
C'est pourquoi il a choisi de faire partager au lecteur ce qu'il ressent devant ces 45 chefs d'oeuvre qui lui parlent comme des amis et avec lesquels il a tissé une réelle connivence au fil du temps.
Prenez "Le Nouveau-Né" peint par Georges De La Tour en 1648.
Ce qui émeut Michaël Lonsdale c'est le dépouillement de cette scène réunissant Marie, sa mère Anne et le nouveau-né qui dort paisiblement, c'est le clair obscur qui fait le génie de De La Tour c'est son refus de la mise en scène que le comédien apprécie à sa juste valeur.
Michaël Lonsdale est un homme d'une grande culture. Et lorsqu'il pointe la "théâtralité grandiose" de "L'adoration des bergers" de Fragonnard, il se demande par quel mystère cohabitent chez ce peintre, "plus connu pour ces peintures de boudoir, de femmes nues, de sujet léger" de tels extrêmes dans les thématiques choisies.
L'acteur pointe en peu de mots le caractère festif des "Noces de Cana" de Véronèse, "la sainte colère d'un Jésus violent" faisant déguerpir "Les marchands du temple" du Greco. Pour lui chaque tableau recèle une émotion qui touche son paroxysme dans "La flagellation du Christ " du Caravage ou dans ce qu'il considère comme le chef d'oeuvre absolu de Rembrandt: "Le fils prodigue".
Michaël Lonsdale ne se veut pas historien de l'art mais il sait décrypter les messages contenus dans les oeuvres. Ainsi les "éléments perturbateurs derrière "La madonne de la prairie" de Bellini. Là où certains pointeraient du doigt le corbeau noir en arrière plan à gauche pour le surdimensionner, le croyant Michaël Lonsdale insiste sur la nécessité d'avoir la foi pour "devenir inébranlables".
Rien d'étonnant alors à ce que Michaël Lonsdale referme son livre avec "L'incrédulité de Thomas" de Michelangelo Meris da Carravaggio dit Le Caravage.
Thomas, cet incrédule à qui il est demandé de croire sans avoir vu. Le lot de l'humanité depuis plus de deux siècles. Faut-il être croyant pour apprécier les toiles rassemblées par Michaël Lonsdale ? Certainement pas, mais le comédien nous propose de les voir au travers du prisme de la foi. Cela peut déranger mais l'acuité du regard, la précision des mots, la sincérité des sentiments donnent un poids et une résonnance particulière à cet ouvrage à la veille d'un des plus grands évènements de la chrétienté.
"Jésus lumière de vie" de Michaël Lonsdale. Editions Philippe Rey. 122 pages. 29€
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