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Fellini, Godzilla, Harcourt... de beaux livres sur le cinéma pour les fêtes

Le livre de cinéma prolonge un film, évoque des réalisateurs, des acteurs, des genres, au-delà de l'expérience en salle. Les fêtes sont toujours l’occasion de voir un déferlement d’ouvrages sur le sujet, parmi lesquels Culturebox a retenu un formidable livre d’interviews avec Fellini, un recueil de photos Harcourt, un autre de photos de Paris au cinéma, et une analyse du créateur de Godzilla.
Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Federico Fellini en tournage
 (Leemage)

Federico Fellini – Le Métier de cinéaste

Rita Cirio a réalisé une longue série d’entretiens avec Federico Fellini à la fin de son immense carrière. Intime du cinéaste, elle aborde tout ce qui fait du "Maestro" un des plus grands réalisateurs du XXe siècle. Fellini (décédé en 1993), est interrogé sur ce qui l’a amené au cinéma, ses rapports avec les acteurs, les producteurs et son art. Très ancré dans ses souvenirs, Fellini se sent en confiance avec son interlocutrice et se livre avec enthousiasme et partage.

De ses premières années à Rimini, sa ville natale, où il découvre le music-hall et le cinéma, à ses dernières réalisations, en passant par ses liens privilégiés avec les acteurs, premiers rôles ou figurants, sans oublier ses méthodes de travail très particulières, notamment avec ses producteurs. Fellini parle comme s’il était à côté de nous, confiant mille et une anecdotes qui participent de l’histoire du cinéma. Comme si l’on entrait dans l’intimité d’un créateur qui a fusionné sa vie avec son art, faisant du cinéma un art de vivre.

A souligner que l’ouvrage est illustré d’une magnifique iconographie, souvent rare, totalement intégrée aux propos : Rossellini, Toto, Mastroianni, Ekberg, Massima et tant d’autres : un des plus beaux témoignage sur "Il Doctore".
"Federico Fellini - Le metier de cinéaste': 1re de couverture
 (Seuil)
Federico Fellini – Le Métier de cinéaste
Rita Cirio
Editions du Seuil
39 euros

Au cours Florent

Le studio Harcourt est une institution dans le monde de la photographie. Créé en 1934 par Germaine Hirschfeld (dite Cosette Harcourt), Robert Ricci et les frères Jacques et Jean Lacroix. Il est devenu rapidement et demeure la référence mondiale du portrait de stars, du cinéma, du théâtre et de la chanson. Mais il s’est aussi élargi aux particuliers. Le studio sort aujourd’hui un magnifique recueil de photographies consacré aux comédiens passés par le célèbre Cours Florent : Daniel Auteuil, Muriel Robin, Jean-Pierre Daroussin, Dominique Blanc, Vincent Lindon, Anne Brochet, Yvan Attal, Mathilde Seignier, Guillaume Gallienne, Emmanuelle Devos, Edouard Baer…

Reportage : France 3 Paris Île-de-France : S. Larrouy / O. Badin / M. David / V. Flour / G. Bucur
Ce qui étonne dans ces portraits, quand l’on connaît la minutie apportée à leur prise de vues, développement, tirage et retouches, c’est la captation de la personnalité de leur modèle. Quand l’on regarde l’épreuve finale, on ressent spontanément la personnalité du sujet et ce que l’on a perçut de lui, d’elle, lors de nos rencontres, dans un film, une pièce. Une reconnaissance immédiate avec l’artiste et l’intimité qui nourrit son art.

Harcourt, c’est un style inimitable, installé depuis des décennies, qui se renouvelle en restant au sommet d’un classicisme synonyme de modernité. Les magnifiques portraits pleine page sont accompagnés de lettres de François Florent, directeur du Cours, et de réponses des comédiens et comédiennes qui ont suivi cet enseignement. Le tout dans une très belle édition reliée au éditions du Chêne. Le studio est aujourd’hui ouverts au public dans un magnifique espace à Paris, avec expositions temporaires, où il faut faire le déplacement.
"Au cours Florent" : 1re de couverture
 (Chêne / Harcourt)
Au Cours Florent
François Florent – Studio Harcourt
Editions du Chêne
29,90 euros

Paris – Cent films de légende

Avec New York, Paris est sans doute la ville la plus filmée du monde. "Paris – Cent films de légende" en témoigne dans l’ordre chronologique des tournages allant de "Fantomas" (Louis Feuillade, 1913) à "Holly Motors" (Leos Carax, 2012). L’ouvrage évoque aussi les reconstitutions à Hollywood comme dans "Le Fantôme de L’Opéra" (Ruppert Julian, 1925) ou "Un Américain à Paris" (Vincente Minnelli, 1951).

"New York Herald Tribune ! ", scandé par la vendeuse de journaux Jean Seberg au côté de Jean-Paul Belmondo sur les Champs-Elysées en 1960 dans "A bout de souffle" en est sans doute l’image la plus emblématique. Mais il y en a tant d’autres. Notamment grâce à son "frère ennemi" François Truffaut dans sa saga Antoine Doinel, auquel le même auteur, Philippe Lombard, et éditeur Parigramme, consacrent l’album complémentaire "Le Paris de François Truffaut".

Mais c’est tout le cinéma qui consacre Paris, plus que Londres ou Tokyo ! La ville offre une photogénie, une cinématographie sans nulle autre pareille, par ses perspectives, son unité architecturale, sa lumière… Encore récemment, "Mission impossible : Fallout" (Christophe McQuarrie, 2018) en donnait une admirable démonstration, même si la topographie des lieux n’était pas au rendez-vous : nous sommes au cinéma.

On prend un immense plaisir à retrouver ce Paris fantasmé et si réel, que cela soit dans "Hôtel du Nord" (René Clair, 1938) qui reconstitue en studio le quartier du Canal Saint-Martin, jusqu’à "Inception" (Christopher Nolan, 2010) ou "Ratatouille" (Brad Bird/Disney, 2007). Au rendez-vous également : l’envie de revoir tous ces films.
"Paris - Cent films de légende" : 1re de couverture
 (Parigramme)

Paris – Cent films de légende
Philippe Lombard
Editions Parigramme
14,90 euros

Ishiro Honda – Humanisme monstre

Personne ne le sait, mais Ishiro Honda est le réalisateur japonais qui a rencontré le plus grand succès public au monde, devant Akira Kurosawa, bien plus connu pour avoir réalisé "Les 7 Samouraïs" (1954). C’est pourtant Honda qui lui a damné le pion la même année avec "Godzilla", qui allait engendrer un genre, le kaijû Eiga (films à monstre géants japonais), toujours vaillant 64 ans plus tard, auquel Guillermo Del Toro dédiait son film "Pacific Rim" (2013), tout en référence au "kaijû".

Fabien Maure réhabilite enfin cet immense réalisateur en analysant jusqu’à la corde ses films, pour la plupart consacré à la science-fiction, avec un art de l’image rarement égalé et dont on a de trop rares échos en France. Honda travaillait dans le même studio que Kurosawa, souvent sur des plateaux voisins et les deux hommes se côtoyaient. Jusqu’à ce que le réalisateur du "Château de l’araignée" face appel à lui pour diriger la seconde équipe et la conception visuelle de "Kagemusha" (1980), et sur ses films suivants, en raison de sa conception grandiose de l’écran.

Ishiro Honda est un génie de l’image en scope et un coloriste hors pair. Au-delà de l’esthétique, il s’est toujours attaché à diffuser un message humaniste, fondé sur son expérience traumatique de la Seconde Guerre mondial au Japon, et celle du nucléaire, après Hiroshima et Nagasaki. En 1954 "Godzilla" avait un tel potentiel qu’il engendrait "Rodan" (1956), "Mothra" (1961), "Ghidra" (1964) et tant d’autres.

L’analyse au scalpel de tous ces films et de beaucoup d’autres, tant Honda fut prolifique, s’effectue en se fondant sur les sources paradoxalement documentaires du maitre, qui se reflètent dans toute son œuvre de fantaisie. La riche iconographie est disposée en parallèle avec le propos, selon les thèmes abordés, ce qui facilite la compréhension de l’analyse. Espérons que ce coup de projecteur sur Honda, adulé par Tarantino, Burton, Spielberg ou Del Toro reviennent aux oreilles d’un distributeur vidéo, qui réhabiliterait en France ce grand cinéaste négligé par la cinéphilie française.
"Ishiro Honda - Humanisme monstre" : première de couverture
 (Rouge Profond)
Ishiro Honda – Humanisme monstre
Fabien Maure
Editions Rouge Profond
25 euros

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