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"Les Contes de Perrault illustrés par l'art brut" : un jeu de miroir magique à quatre siècles de distance

"Peau d’Âne", "La Belle au bois dormant", "Le Petit Chaperon rouge"… l’intégralité des onze contes de Charles Perrault illustrée par un art hors normes, dans une luxueuse édition.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Première de couverture des "Contes de Perrault illustrés par l'art brut" (détail), Joseph Schneller, Dragon solaire, vers 1921 (Editions Diane de Selliers / Joseph Schneller, Dragon solaire, vers 1921 © Collection Prinzhorn)

Peau d’Âne, La Belle au bois dormant, Le Petit Chaperon rouge… tout le monde connaît. Mais rassemblés avec huit autres contes de Charles Perrault (1671-1703) dans leur version originale, en vers et en prose, illustrés par l'art brut, et publiés avec le perfectionnisme des Editions Diane De Selliers, voilà qui sort du commun. Ouvrage luxueux, Les Contes de Perrault illustrés par l'art brut l'est autant dans sa beauté éditoriale que dans son contenu.  

Modernité

Si l’édition d’art a un sens, Les Contes de Perrault illustrés par l'art brut en est un des plus beaux fleurons en ces fêtes de Noël et de Nouvel An, par son sujet identifié à l’enfance, et la beauté éditoriale de l’ouvrage. Ces contes, à l'origine pour adultes, sont pour la première fois édités dans leur intégralité depuis 1791. Mis en regard avec des œuvres d’art brut en démontre leur modernité réciproque, comme dans un dialogue à quatre siècles de distance.

Quatrième de couvertre de "Les Contes de Perrault illustrés par l'art brut". (Editions Diane De Selliers)

Art brut ? Apparu et qualifié de la sorte au début du XXe siècle, l’art brut, principalement graphique, est issu d’artistes autodidactes, souvent internés, et découverts par leurs thérapeutes. La définition n’est pas exclusive et recouvre une expression artistique spontanée, d’où le qualificatif de brut, qu’il ne faut pas confondre avec brutalité. Les œuvres sont souvent d’une extrême délicatesse, méticuleuses, voire obsessionnelles dans le détail. Mais l’un n’empêche pas l’autre. Pas de règle en serait la norme. La Halle Saint-Pierre, à Montmartre, s’en est fait le fer de lance dans des expositions régulières.

L’universalité et l'intemporalité des contes

Le plus étonnant dans ce recueil est que les œuvres illustratives n’ont pas été réalisées en référence directe aux contes de Perrault. Leurs correspondances ont été déduites après-coup, lors de recherches iconographiques qui ont révélé des sujets, des thèmes, des motifs communs, étrangement synthétiques, sans commande préalable. Expression spontanée de l’inconscient, sinon du subconscient de l’individu, l’art brut rejoint l’universalité des contes. Une démonstration que ne dément pas Psychanalyse des contes de fées de Bruno Bettelheim (1976, Robert Laffont/Pocket).

Les Contes de Perrault illustrés par l'art brut constitue le parfait complément au texte de Bettelheim. Pour chaque conte, chaque poème, chaque strophe, voire chaque vers, la reproduction pleine page d’une œuvre traduit une étrange osmose. Plaisir des yeux, comme tout ouvrage d’art, le livre recoupe celui de redécouvrir des textes souvent oubliés dans leur forme originale, sinon déformés, comme c’est souvent le sort des contes. Un ouvrage précieux, dans un magnifique écrin, destiné à devenir rare.

Le coffret "Les Contes de Perrault illustrés par l'art brut ". (Editions Diane De Selliers)

"Les Contes de Perrault illustrés par l'art brut"
Editions Diane De Selliers

Introduction : Bernadette Bricout
Direction scientifique de l’iconographie : Céline Delavau
Volume relié sous coffret illustré, au format 24,5 × 33 cm, 370 pages.
130 œuvres d’art brut du xxe siècle à nos jours. 84 artistes
230 €, prix définitif au 1er février 2021 : 250 €

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