"Méliès - La Magie du cinéma" : des origines aux héritiers de l'inventeur des trucages, une épopée par le texte et l'image
Le catalogue de l'exposition de la Cinémathèque répond à tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur Méliès... sans jamais oser vous le demander.
Fort du fonds Henri Langlois sur Méliès et des nombreuses pièces qui l’ont rejoint depuis 1946, le catalogue de l'exposition de la Cinémathèque française retrace l’histoire des effets spéciaux au cinéma. Nés des fantasmagories du XVIIIe siècle et de la prestidigitation, les "trucages" ont engendré le genre le plus populaire au cinéma aujourd’hui : le fantastique et la science-fiction. Du Voyage dans la Lune de 1902 à Blade Runner (1982), en passant par Ray Harryhausen, Stanley Kubrick, Georges Lucas et Steven Spielberg, se dessine un parcours passionnant, à découvrir la tête dans les étoiles.
Fantasmagorie
Avant le cinéma était la lanterne magique. Premier spectacle collectif fondé sur la projection d’images, les prestidigitateurs s'en servaient pour le dernier tableau de leur spectacle depuis Robert Houdin au milieu du XIXe siècle. Son successeur, Georges Méliès perdure le rituel, jusqu’à l’arrivée du cinématographe Lumière (1895) qui remplacera la lanterne et pour lequel il réalisera ses premiers films.
Magicien, Méliès comprend vite comment le cinéma peut remplacer son activité quand il invente par hasard en 1896 le trucage par escamotage d’images, base de tous les effets spéciaux du cinéma. Fin caricaturiste, dessinateur et peintre, son imagination débordante le pousse vers le fantastique. Il connaît bien les Fantasmagories de Robertson de l’époque romantique, dont les spectacles macabres, à base de spectres, aux trucages scéniques élaborés, correspondent à son univers. Elles l’orientent vers la féerie cinématographique, dont il est l’inventeur et qui tient le haut du pavé des premiers films de 1896 à 1914.
L’héritage de Méliès
L’exposition à la Cinémathèque et son catalogue s’attardent sur ce pré-cinéma en évoquant Robertson, puis Emile Reynaud, dont les Pantomines lumineuses sont l'ancêtre du cinéma d’animation, et Jules Edouard Marey qui décomposa le mouvement par succession de photographies. La biographie du pionnier du cinéma n'est pas ignorée, en évoquant ses parents à la tête d'une usine de chaussures renommée à Paris, puis ses escapades dans l’art, pour rejoindre la magie et le cinéma.
Si plus des deux-tiers du catalogue sont consacrés à l’œuvre de Méliès - son contexte, son évolution, son succès et sa décadence -, la suite dresse le paysage de sa riche postérité. Méliès fut d’abord abondamment copié, puis ses trucages "archaïques" ont été sophistiqués par ses descendants, tels Murnau (Faust), Fritz Lang (Les Nibelungen, La Femme dans la Lune, Metropolis), puis Willis O’Brien, artisan des trucages de King Kong, avec son successeur Ray Harryhausen (Simbad, Jason et les Argonautes), pour arriver à 2001 : l’Odyssée de l’espace, puis Star Wars.
L’histoire des effets spéciaux sous l’angle de l’invention de Méliès et de ses héritiers offre une iconographie exceptionnelle : lanternes magiques, dessins préparatoires, maquettes, costumes, storyboard, affiches, photos, photogrammes… Signé par le Directeur scientifique du patrimoine de la Cinémathèque française, Laurent Mannoni, préfacé par Martin Scorsese, fort de 500 illustrations merveilleuses, l'ouvrage témoigne, comme le proclame le réalisateur de Hugo Cabret, film dédié à l’artiste : "On descend tous de Méliès". L'ouvrage le plus complet à ce jour sur le magicien du cinéma.
Méliès - La Magie du cinéma
Laurent Mannoni
Editions de La Cinémathèque française et Flammarion
400 pages, 400 illustration, relié
45 euros
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