"Affiches de Cinéma" : enfin L'ouvrage de référence
Une histoire du cinéma graphique
Enfin un livre aux dimensions du sujet : 41 cm sur 32. Dignes de son propos et de ses objectifs : rendre compte de l'inventivité, de la beauté d'un art populaire, un art de la rue, au service d'un autre, fascinant, mais aussi aux impératifs commerciaux qui déterminent sa raison d'être. Un art ? Le concept s’est élargi depuis longtemps à des champs qu’il ne recouvrait pas, considérés comme triviaux par rapport à l’« aristocratie » de la peinture, de la sculpture, de la poésie, de la musique, de la danse ou de l’architecture. Le cinéma cantonné à ses débuts aux seules fêtes foraines, devient le 7e art peu après 1910. La bande dessinée est désormais le 9e art, mais l’affiche, et pas seulement de cinéma, elle, n’est pas au nombre de ce que constitue ce panthéon.
Il est pourtant bien difficile de ne pas l’y inclure au regard des affiches reproduites dans l’ouvrage de Dominique Besson, un des collectionneurs et spécialistes d’affiches de films les plus réputés au monde. Construit selon un ordre chronologique, « Affiches de cinéma » est aussi une histoire du cinéma. Chapitré par date, 1895-1929, 1930-1944, 1945-1959…, son exposé valorise l’évolution des graphismes, sous l’influence des films, bien sûr, reflets de l’émergence de styles, d’écoles, de genres…, mais aussi des arts dits majeurs, comme la peinture, avec le constructivisme, par exemple, qui révolutionna les arts graphiques dans leur ensemble, et notamment l’affiche publicitaire dont relèvent les affiches de cinéma.
Spectaculaire
« Affiches de cinéma » favorise cette appréhension globale - qui comprend également l’Histoire tout court, et l’évolution des mentalités, sociologique, déterminantes pour la nature des films, donc de leurs affiches - sous un jour extrêmement spectaculaire. Une affiche de « West Side Story », 49X61 cm est même incluse dans le livre ! Reproduites en pleine page, voire double pages, jamais l’affiche de film n’a été aussi valorisée dans l’édition, avec un respect des couleurs et d’indices jusqu’ici souvent négligés, comme la signature de l’affichiste, ou l’adresse de l’imprimeur, inscrits dans la périphérie du motif. La sélection effectuée par Dominique Besson reflète l’œil du connaisseur et le plaisir de le partager. Il ne s’arrête pas à une seule nationalité, les affiches étant différentes selon les pays pour un seul film, et plus d’une sont d’une rareté équivalente à celle d’un incunable.
L’affiche de cinéma est comme le symbole du film et l’équation qui doit susciter le désir de le voir. Après leur actualité, elle demeure un objet de fascination, d’évocation, sinon de nostalgie. Des artistes se sont spécialisés dans le genre, ou y ont participé, comme Saül Bass (également immense créateur de génériques), Paul Colin, Albert Dubout, René Ferracci… Tous se révèlent d’immenses créateurs au service de l’éphémère. Un éphémère ouvert à tous les vents, devenu aujourd’hui objet de collection et coté, parfois à des prix incommensurables. « Affiches de cinéma » en reflète toute leur beauté, diversité et richesse à plus d’un titre.
Affiches de cinéma
Dominique Besson, préface de George Lucas
Editions Citadelles et Mazenod
216 pages, relié, 41 cm x 32 cm
77 euros
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