Boris Vian, inclassable précurseur

Dans les consciences, et les souvenirs, les deux images auxquelles on associe Boris Vian sont d'une part le jazz, Saint-Germain-des-Prés, et des chansons marquantes comme "Fais-moi mal Johnny", mais aussi - et sans doute davantage - ses nombreux livres au style inimitable.

Un artiste inclassable, très influent pour les décennies lui ayant succédé, après sa mort le 23 juin 1959 à 39 ans, des suites d'une malformation cardiaque.

C'est d'ailleurs après Mai 68 et les "événements" que les rééditions de ses œuvres percutent enfin le grand public, comme "J'irai cracher sur vos tombes", "L'écume des jours" ou "L'automne à Pékin".

C'est en 1947 que Boris Vian, qui joue alors de la trompette dans les clubs de Sain-Germain au point d'en devenir une figure de légende, publie "L'écume des jours", plongée dans un univers à la fois poétique et absurde, avec mort et maladie en filigrane.

"Le déserteur"

Comme un paradoxe, pourtant, ses romans les plus virulents - publiés sous le pseudonyme de Vernon Sullivan - sont ceux qui lui valent le plus grand succès.

Il reste toutefois très actif sur plusieurs fronts, malgré la maladie qui commence à affaiblir son organisme, et continue d'écrire en vrac des critiques de jazz, des poèmes, ou des morceaux qui deviendront des tubes.

C'est pourtant une nouvelle polémique, et son "Déserteur" de 1954, qui lui vaudra de nombreux échos, et une interdiction de ce manifeste pacifiste sur les ondes, à la veille de la guerre d'Algérie.

Un demi-siècle plus tard, que reste-t-il de cet auteur inclassable ? Beaucoup de choses, à en croire le foisonnement d'hommages rendu ces jours-çi, notamment un concert Salle Pleyel (Paris), à l'occasion de la sortie d'un double CD et DVD intitulé "On est pas là pour se faire engueuler". Il s'agit de reprises de chansons de Vian par 39 interprètes d'aujourd'hui.

Matteu Maestracci avec agences