"Ce qui ne me tue pas", le tome 4 de Millénium, enfin en libraire dans 25 pays
Une petite cinquantaine de fidèles, principalement des hommes, était rassemblée dans le calme devant une librairie du centre de Stockholm, ouverte pour l'occasion entre minuit et une heure du matin (22h00 à 23h00 GMT), pour acheter l'un des premiers exemplaires de l'oeuvre et le faire dédicacer par son auteur, David Lagercrantz, apparemment excité de pouvoir rencontrer brièvement ses nouveaux lecteurs.
Suspense entretenu par l'éditeur
"C'est super !" s'est-il exclamé en accueillant les curieux, avant de s'assoir derrière une table pour dédicacer son livre, présenté dès l'entrée du magasin sur un grand présentoir. "Millénium et moi, c'est une relation particulière, c'est le premier vrai livre que j'ai lu en suédois, alors quand j'ai su qu'il y avait une librairie ouverte lorsque le nouveau livre sortait, je suis venue", a expliqué à l'AFP Giulia, une Italienne de 30 ans, qui avec ses cheveux noir de jais a des faux airs de Lisbeth Salander, l'héroïne de la série.Jusque-là, la maison d'édition Norstedts avait tout fait pour entretenir le suspense : seul un court résumé de l'intrigue avait été dévoilé et rares étaient ceux qui avaient pu lire le livre avant sa sortie, un procédé qui avait fait grincer les dents dans les milieux littéraires.
Cela ne gâchera pas le plaisir des quidams venus se procurer un livre. "Je suis arrivé en avance pour bien sentir l'atmosphère et je suis le premier à avoir fait dédicacer mon livre. Ça va être génial de le lire. Bien sûr, on va faire des comparaisons mais je pense que ça va tenir la route", s'est enthousiasmé Per, 38 ans. Et certains semblaient prêts à commencer leur lecture au plus vite. "Je suis venu en métro, comme ça je vais pouvoir commencer à lire le livre en rentrant chez moi", a quant à lui confié Rickard de Boussard, 57 ans.
L'angoisse de l'auteur David Lagerkrantz
"Ce qui ne me tue pas" évoque l'Agence américaine de la sécurité nationale (NSA) et l'intelligence artificielle. Ecrits par Stieg Larsson, mort en 2004 avant la publication de sa trilogie et qui n'a pas connu son retentissant succès, les trois premiers tomes s'étaient vendus à plus de 80 millions d'exemplaires.Mercredi 26 août, David Lagercrantz a confié avoir été pétri d'angoisse en écrivant la suite.
"Je n'étais pas la personne la plus facile à vivre parce que je ne pensais qu'à ça. J'ai tellement peur de ne pas être à la hauteur" de Stieg Larsson, a-t-il dit. Il a reconnu n'avoir "jamais autant travaillé, jamais avec une telle passion".
Selon lui, "toute histoire a un point de départ et mon point de départ était d'absorber le monde (de Stieg Larsson) dans mon système". Et il a pour cela travaillé d'arrache-pied, lisant et relisant la trilogie Millénium, multipliant les recherches, s'interrogeant sans cesse.
Le père, Erland Larsson, et le frère de Stieg Larsson, Joakim Larsson, sont les héritiers de l'écrivain et journaliste, au grand dam de son ancienne compagne, Eva Gabrielsson, qui les accuse de mal gérer son oeuvre. Elle a vécu au côté de Stieg Larsson pendant 32 ans, jusqu'à sa mort d'une crise cardiaque en 2004. Écartée de sa succession car ils n'étaient pas mariés, elle n'a jamais trouvé d'accord avec la famille Larsson. Au printemps, elle avait confié à l'AFP son dégoût pour le "business" Millénium. "On dit que les héros doivent continuer à vivre. Mais c'est des conneries, parce qu'en fait, c'est une histoire d'argent. On a une maison d'édition qui a besoin d'argent et un écrivain qui n'a rien d'autre à écrire que de copier les autres", s'était-elle indignée.
Selon elle, Lagercrantz, issu de l'intelligentsia de Stockholm, n'a de surcroît aucun point commun avec Larsson, journaliste d'origine provinciale, militant d'extrême gauche et antifasciste qui dédaignait la notoriété et les mondanités. "Mon coeur saigne pour elle et tout ce qu'elle a vécu. Mais ça ne sert à rien de me transformer en cliché au prétexte que je viens des beaux quartiers", se défend l'auteur de 52 ans. "On retrouve son pathos chez moi (...). Mon oeuvre porte la trace d'un engagement passionné contre l'intolérance, le racisme, les préjugés de classe", souligne-t-il.
Première impression à 2,7 millions d'exemplaires dans le monde
Avec lui, comme avec Norstedts, on ne parle pas d'argent. Bouche cousue sur les recettes espérées.Sur ce point, Erland et Joakim Larsson sont un peu plus volubiles. Leur part des recettes sera intégralement reversée au magazine antiraciste Expo, cofondé par l'écrivain, et ils tablent, pour commencer, sur 5 millions de couronnes (plus de 500.000 euros).Selon eux, le livre est excellent. "Je l'ai gardé sur ma table de nuit une semaine avant de l'ouvrir. J'avais un peu peur. Mais une fois qu'on a commencé, c'est impossible de s'arrêter", assure Joakim Larsson à l'AFP. Désormais, David Lagercrantz attend le verdict des lecteurs. "S'il s'avère que j'ai écrit un mauvais livre, il y aura toujours les livres de Stieg Larsson", concède-t-il.
Quelque 2,7 millions d'exemplaires ont déjà été imprimés, dont 500.000 aux Etats-Unis, et 41 maisons d'édition à travers le monde ont acquis ses droits.
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