"Christiane F., droguée, prostituée" raconte sa deuxième vie
"Moi, Christiane F., la vie malgré tout", qui sort le 16 octobre en France (chez Flammarion), sera l'attraction de la foire de Francfort la semaine prochaine. Elle y raconte sa deuxième vie, pas beaucoup plus apaisée que la première.
"Peu de monde aurait cru que je fêterai un jour mes 51 ans", déclare-t-elle dans une vidéo (ci-dessous) sur le site internet qui assure la promotion de "Christiane F. Ma deuxième vie". "Beaucoup de gens m'avertissaient +si tu continues comme ça, tu n'atteindras jamais les 40 ans+", ajoute-t-elle, d'une voix rauque, alors que son visage semble étonnamment préservé, malgré des années de défonce et une vie mouvementée.
Adolescente, Christiane F. vivait dans des HLM côté ouest de Berlin, alors coupée en deux par le Mur, subissant les accès de violence de son père. A 12 ans, elle fumait du haschich, à 13 elle était accroc à l'héroïne. Elle traînait avec la faune qu'elle côtoyait au "Sound", une boîte de nuit branchée située sur les Champs élysées berlinois.
Prise dans la spirale de la drogue et de la délinquance, elle se prostitue pour financer son addiction, comme nombre d'amis, quand ils ne succombent pas à une overdose. Envoyée chez sa grand-mère à la campagne, loin de toute tentation, elle finit par décrocher.
Un livre et un film en font une célébrité
C'est une rencontre avec deux journalistes de l'hebdomadaire Stern, à l'occasion du procès d'un pédophile où elle est appelée à témoigner, qui va propulser Christiane F. en pleine lumière. A l'issue de longs entretiens avec la jeune fille, et après avoir essuyé le refus de tous les éditeurs, Horst Rieck et Kau Hermann finissent par publier le livre en 1978 grâce au magazine "Stern", où ils travaillent.
L'ouvrage s'écoule à 5 millions d'exemplaires en Allemagne et dans une vingtaine de pays et des établissements scolaires l'imposent comme lecture obligatoire aux élèves. L'adaptation cinématographique, trois ans plus tard, avec une musique signée Bowie, qui y joue son propre rôle, fait d'elle la junkie la plus célèbre d'Allemagne. Mais sa vie ne s'est pas arrêtée là, comme le raconte son deuxième livre.
Sortie de l'enfer, elle y a vite replongé
Ses vices la rattrapent vite - la cocaïne d'abord, puis sa vieille compagne, "H", ainsi dénommée dans le film. "J'étais tellement désintoxiquée que je ne supportais plus (la drogue). Je vomissais et vomissais, même quand mon estomac était déjà vide", écrit-elle dans son nouveau livre, une chronique à la franchise désarmante des hauts et des bas de sa deuxième existence, entre drogue, désintox, aventures avec des vedettes, et même un passage en prison.
Elle démarre par son séjour sur une île grecque. Amoureuse, elle y subit un avortement et se fait finalement larguer par son amant quand il sort de prison. "Aujourd'hui je sais que ces années en Grèce ont été les plus heureuses de ma vie", écrit-elle malgré tout dans le livre rédigé avec l'aide de la
journaliste Sonja Vukovic.
La naissance de son fils, Phillip, en 1996, semble annoncer une nouvelle ère de bonheur. "Il y avait ce tout petit être qui avait besoin de moi. Et il était tout ce dont j'avais besoin", explique-t-elle. Elle raconte de façon émouvante ses efforts pour être une bonne mère. "Grâce à lui, je devenais une meilleure personne", se souvient-elle. Mais en 2008, elle veut partir vivre à Amsterdam et les autorités lui retirent la garde de l'enfant, confié à une famille d'accueil. Il a aujourd'hui 17 ans, se porte bien, et elle le voit régulièrement.
Les années ont laissé d'autres cicatrices. Christiane F. est sous méthadone depuis près de 20 ans, et son foie est rongé par une hépatite C. Mais tous ceux qui l'on rencontrée récemment s'accordent sur le fait qu'elle a toujours le même regard intense qu'il y a 35 ans.
"Je crois que si je n'avais pas fait ce livre (le premier), je n'aurais pas rechuté. Oui, j'aurais pris ma vie en main", confie-t-elle à M Le Magazine du Monde du 5 octobre qui lui consacre sa une et un long entretien. Certes, on n'est pas obligés de la croire. Mais dans cette histoire, l'argent, la reconnaissance et la pression publique l'auront selon elle plus enfoncée que sauvée. A méditer.
"Moi, Christiane F., la vie malgré tout" est publié le 16 octobre chez Flammarion
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