Chute de Bachar al-Assad : pour le poète syrien en exil Adonis, "la question n'est pas de changer le régime, c'est de changer la société"
Âgé de 94 ans, le poète syrien Adonis, exilé en France depuis les années 1980, a appelé mercredi 11 décembre à "changer la société" dans son pays natal, en plus de changer de régime politique. "D'abord, je fais des réserves : j'ai quitté la Syrie depuis 1956. Donc, je ne connais pas la Syrie, profondément parlant", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Paris.
Lors d'une cérémonie organisée à l'Institut Cervantès, l'auteur, né en 1930 en Syrie sous le nom d'Ali Ahmad Said Esber, a reçu le prix international de poésie Joan Margarit des mains de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Une distinction qui honore l'ensemble de son œuvre écrite en arabe et en français. "La poésie peut donner un sens nouveau à l'être humain, car elle l'unit à sa pensée", a-t-il déclaré.
"Qu'est-ce qu'ils vont faire ?"
"J'ai été contre, toujours contre ce régime", a-t-il rappelé au sujet du président Bachar al-Assad, défait par une coalition rebelle à l'issue de vingt-quatre ans de présidence et d'une guerre civile qui a laissé le pays exsangue. "Mais ceux qui l'ont remplacé, qu'est-ce qu'ils vont faire ? La question, ce n'est pas de changer le régime. C'est de changer la société", a poursuivi l'écrivain.
"C'est-à-dire libérer la femme. Fonder la société sur des droits et sur des libertés, et sur l'ouverture, et sur l'indépendance intérieure", a plaidé Adonis. "Et les Arabes – pas seulement les Arabes, mais je parle des Arabes – ne changent pas la société. Ils changent de régime, de pouvoir. Si on ne change pas la société, on ne fait rien. Changer un régime par un autre, c'est superficiel", a-t-il argumenté.
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