[DEAUVILLE] : le festival d'une Amérique déboussolée
Coups de cœur et déceptions
Parmi nos coups de cœur, dans l’ordre de préférence, figure en tête, « « Booster » de Matt Ruskin. La haute tenue de sa mise en scène sobre et élégante sert un beau sujet, où l’atmosphère et l’émotion priment. S’il devance à nos yeux le magnifique « Les Bêtes du sud sauvage » de Behn Zetlin, c’est que le film a déjà été présenté à Cannes, à Un certain regard et qu’il y a déjà remporté La Caméra d’or, comme le Prix du Festival du cinéma indépendant de Sundance. Ruskin, dont le film n’a pas encore trouvé de distributeur, méritait vraiment une récompense.
Voir la bande-annonce de "Booster" :
Notre troisième film était sans conteste « For Ellen », magnifique ballade mélancolique dans les paysages neigeux de l’Illinois, où excelle un Paul Dano, véritable révélation de cette 38e édition. Vient ensuite « Francine », de Brian M. Cassidy et Melanie Shatzky, que beaucoup de festivaliers ont rejeté pour son âpreté et le partie pris extrême d’une mise en scène austère, et la nature dérangeante de son héroïne atypique. Des critiques qui à nos yeux sont des qualités. « Compliance » de Craig Zobel rejoint ce peloton de tête, pour l’étrangeté de son sujet et son traitement tout en suggestion, à l’impacte déconcertant, voire dérangeant.
La bande-annonce de "For Ellen" :
Ils sont suivis de près dans nos cœurs par « Una Noche » de Lucy Mulloy, Prix du jury, pour le vérisme de ses images cubaines, à travers une fiction nourrie de personnages touchants. Dans un registre opposé, « God Bless America » de Bobcat Goldyhwait s’est avéré un pamphlet acide et jubilatoire sur un état des lieux idéologique et culturel d’une Amérique un rien déboussolé. « Wrong » de Quentin Dupieux a été le coup de folie du festival, faisant fi des canons narratifs établis, tout en faisant montre de clairvoyance et de précision dans ses choix non conformistes. « Robot et Frank » de Jake Shreirer a également été une bonne surprise pour l’originalité de son sujet et l’interprétation classieuse de Frank Langella. « Smashed », de James Ponsolodt, est convaincant, grâce pour beaucoup à Mary Elisabeth Winstead, en alcoolique qui cherche à sortir la tête de l’eau, du whisky, plutôt.La bande-annonce de "God Bless America" :
« Your Sister’s Sister », de Lynn Shelton avait tout pour plaire, mais pousse un peu trop l’empathie. Avec « California Solo », de Marshall Lewy, on passe un cran en-dessous. Malgré l’interprétation sans faille de Robert Carlyle, le film ne décolle pas vraiment. Même Impression avec "Gimme the Loot", d’Adam Leon. Projeté et bien accueilli à la Quinzaine des réalisateurs cannoise, il nous a semblé manqué de teneur narrative pour traiter convenablement de son sujet, pourtant prometteur.Rencontre avec l'équipe de "Gimme the Loop"
« Electrick Children » de Rebecca Thomas, un des films au plus fort potentiel sur la papier, fut une grande déception en raison de lacunes dans sa progression narrative qui nous a fait décrocher, une fois le postulat de départ installé. Enfin la palme de la déception revient au pourtant très attendu « The We and the I » de Michel Gondry. Alléchant dans son parti pris et son sujet, sur la jeunesse américaine contemporaine, le film ennuie par son flot incessant de dialogues saoulants, et une progression narrative trop tardive. Cela n’a pas été l’avis du jury de la critique internationale qui lui a décerné son prix.
La bande-annonce de "The We and the I" de Michel Gondry :
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