DSK / Marcela Iacub : ce mail d'excuses qui ajoute à la confusion !
Un texte écrit "en faisant fi de la dévastation de ma vie privée, de ma vie familiale, de la psychologie de mes enfants", a déclaré l'ancien patron du FMI, costume sombre et teint hâlé, devant la juge Anne-Marie Sauteraud. Après avoir entendu les parties toute la matinée, la magistrate devait rendre sa décision à 19H30. L'ex patron du FMI a assigné en référé (procédure d'urgence) Marcela Iacub et son éditeur, Stock, devant le tribunal de grande instance de Paris pour "atteinte à l'intimité de la vie privée".
"Belle et Bête" relate la liaison de l'auteur avec DSK de janvier à août 2012. Si l'ancien ministre n'y est jamais nommément désigné, l'auteur confirme dans un entretien au Nouvel Observateur qu'il s'agit bien de DSK, tout en précisant que l'ouvrage contient des éléments de fiction.
Dans la quiétude solennelle de la salle d'audience, tranchant avec l'agitation qui a accompagné son arrivée, DSK s'est dit "horrifié" par le procédé "malhonnête" utilisé, qui n'a "d'autre objet que mercantile". Il a demandé à la justice de mettre un "coup d'arrêt" aux pratiques d'éditeurs, de journalistes "prêts à n'importe quoi pour faire de l'argent". Selon Me Jean Veil, l'un des conseils de DSK, "c'est un livre qui devrait être dans les cabinets d'aisance et dont on devrait pouvoir faire l'usage intime de son choix".
Un mail d'excuses de Marcela Iacub
Son client est selon lui victime d'une "véritable machination". Il a lu un courrier électronique de Marcela Iacub adressé à son client quelques jours avant qu'elle n'achève son livre, dans lequel elle explique que sa "conscience" la "travaille". Le site du quotidien Métro a révélé l'intégalité de ce mail :
Cher Dominique,
Après tant de mensonges et d'esclandres je me sens obligée maintenant à te dire la vérité. Je sais que tout ceci n'est pas très beau à entendre mais ma conscience me tourmente depuis presque un an. Je suis une personne honnête et je me suis laissé (sic) entraîner d'une manière un peu légère dans un projet te concernant auquel je n'aurais pas dû participer. Les gens avec lesquels j'ai travaillé m'ont un peu dégoûté après coup parce qu'ils se sont servis de moi comme d'un instrument pour te nuire. Et ce n'est pas cela que je cherchais. Je te le jure. Je ne voulais pas te nuire mais essayer de comprendre ce phénomène étrange que tu es es.
Mon livre sur ton affaire américaine je l'ai écrit parce que ce sont eux qui me l'ont demandé. Le fait de chercher à te rencontrer était (sic) partie du même projet. Sans te dire tout le reste. Il m'a fallu te faire croire que j'étais éprise de toi, que j'étais folle de toi. Et puis que j'avais mon coeur meurtri, que j'étais jalouse et tout ce que tu sais. Je suis désolée. Je te demande pardon mais je sais que tu ne pardonneras jamais. Je ne le ferais pas non plus à ta place. Mais sache en tout cas que je le regrette profondément. J'ai essayé de te le dire il y a quelques mois mais tu ne voulais plus me parler. Mais c'est vrai que c'est en partie un peu de ta faute aussi. Tu aurais pu te rendre compte tout seul si tu avais fait un peu attention.
Je te demande d'effacer ce mail. Je ne veux pas ajouter cet aveu aux problèmes terribles que j'ai en ce moment à cause d'eux. Ce ne sont pas des gens méchants mais un peu inconscients et fous.
M.
Mesure rarissime
Aujourd'hui, Dominique Strauss-Kahn fait "confiance à un juge", a plaidé Me Henri Leclerc. "Sur cette décision repose une partie de sa survie et, d'une certaine façon, de l'honneur de notre société". DSK demande l'insertion d'un encart dans chacun des exemplaires de "Belle et bête", ainsi qu'"à titre subsidiaire" une interdiction de diffusion du livre à paraître mercredi. Une telle mesure est rarissime et n'a "en réalité aucune chance d'aboutir", estime Me Didier Leick, conseil du Nouvel Obs, pour qui il s'agit d'une "posture", d'une "histoire de communication".
La demande de publication judiciaire couvrant l'intégralité de l'hebdomadaire, s'apparente selon lui à une "mesure punitive". Pour Stock, Me Bigot a proposé l'insertion d'un avertissement faisant état de la position de M. Strauss-Kahn à l'égard de cet ouvrage, à partir du prochain tirage, qui doit être lancé mercredi. Il est "matériellement impossible" selon lui d'insérer un encart dans les 40.000 premiers exemplaires déjà mis en place dans les librairies.
"Qu'on me laisse en paix !"
A sa sortie de la salle d'audience, DSK a dénoncé le secret autour de la sortie de ce livre, "tout cela pour faire de l'argent". "J'en ai assez qu'on se serve de moi et je demande une seule chose, c'est qu'on me laisse en paix", a-t-il déclaré, avant d'être suivi, dans une bousculade, par des dizaines de journalistes.
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