Cet article date de plus de dix ans.
"En pleine figure", les haïkus des soldats de 14-18 réunis dans une anthologie
Des poilus écrivant des haïkus dans les tranchées de 14-18. L’image paraît incongrue mais elle fut bien réelle. Dans son anthologie intitulée « En pleine figure » (Ed. Bruno Doucey), Dominique Chipot a rassemblé ces poèmes de 17 pieds écrits par des soldats français. En trois lignes et peu de mots, ils racontent toute l’horreur de la guerre et la souffrance des hommes.
Publié
Temps de lecture : 2min
Reportage : J-M. Pitte / X. Roman / J. Le Roux
Petit rappel sur les règles du haïku :
- il doit être court : 17 syllabes réparties en 5 pour le premier vers, 7 pour le second et 5 pour le troisième
- il doit comporter l'évocation d'une saison (un "kigo")
- il décrit un instant de la réalité avec des mots simples (les métaphores sont interdites)
1905, première publication d'haïkus français
Spécialiste français du haïku, Dominique Chipot a voulu dit-il, « bousculer une idée reçue : non, l’art du haïku ne fut pas découvert en France après la destruction d’Hiroshima ». Cet art poétique de la concision a été introduit en France par Paul-Louis Couchoud, un philosophe, médecin et poète français qui découvrit l’haïku lors d’un séjour au Japon en 1903. Deux ans plus tard, avec deux amis, le sculpteur Albert Poncin et le peintre André Faure, il compose « Au fil de l’eau », une série de haïkus, les premiers du genre en français.
Julien Vocance et ses haïkus de guerre
Selon les dires de son auteur, ces poèmes ne sont pas satisfaisants. Malgré tout, ils séduisent alors de jeunes poètes dont le drômois Julien Vocance (de son vrai nom Joseph Seguin) qui fut l’un des auteurs les plus prolixes en matière d’haïku. Rescapé de la Grande guerre où il perdit un œil, il publia notamment « Cent visions de guerre » (paru en mai 1916 dans la Grande Revue) qui fait référence aux « Cent vues du Fudji » du peintre Hokusaï.
Quelques extraits :
Cla, cla, cla, cla, cla...
Ton bruit sinistre, mitrailleuse
Squelette comptant ses doigts sur ses dents
Un trou d’obus
Dans son eau
A gardé tout le ciel
La mort a creusé sans doute
Ces gigantesques sillons
Dont les graines sont des hommes
Pour Dominique Chipot, grâce à Julien Vocance, « le haïku français n’est pas cantonné à devenir un pâle pastiche du haïku japonais, et il n’est plus le poème des cerisiers en fleurs mais celui de tous les instants. En s’écartant des saisons, Vocance s’est rapproché des hommes ». « En pleine figure – Haïkus de la guerre de 14-18 » Anthologie établie par Dominique Chipot, préface de Jean Rouaud aux Editions Bruno Doucey - 176 pages - 16
- il doit être court : 17 syllabes réparties en 5 pour le premier vers, 7 pour le second et 5 pour le troisième
- il doit comporter l'évocation d'une saison (un "kigo")
- il décrit un instant de la réalité avec des mots simples (les métaphores sont interdites)
1905, première publication d'haïkus français
Spécialiste français du haïku, Dominique Chipot a voulu dit-il, « bousculer une idée reçue : non, l’art du haïku ne fut pas découvert en France après la destruction d’Hiroshima ». Cet art poétique de la concision a été introduit en France par Paul-Louis Couchoud, un philosophe, médecin et poète français qui découvrit l’haïku lors d’un séjour au Japon en 1903. Deux ans plus tard, avec deux amis, le sculpteur Albert Poncin et le peintre André Faure, il compose « Au fil de l’eau », une série de haïkus, les premiers du genre en français.
Julien Vocance et ses haïkus de guerre
Selon les dires de son auteur, ces poèmes ne sont pas satisfaisants. Malgré tout, ils séduisent alors de jeunes poètes dont le drômois Julien Vocance (de son vrai nom Joseph Seguin) qui fut l’un des auteurs les plus prolixes en matière d’haïku. Rescapé de la Grande guerre où il perdit un œil, il publia notamment « Cent visions de guerre » (paru en mai 1916 dans la Grande Revue) qui fait référence aux « Cent vues du Fudji » du peintre Hokusaï.
Quelques extraits :
Cla, cla, cla, cla, cla...
Ton bruit sinistre, mitrailleuse
Squelette comptant ses doigts sur ses dents
Un trou d’obus
Dans son eau
A gardé tout le ciel
La mort a creusé sans doute
Ces gigantesques sillons
Dont les graines sont des hommes
Pour Dominique Chipot, grâce à Julien Vocance, « le haïku français n’est pas cantonné à devenir un pâle pastiche du haïku japonais, et il n’est plus le poème des cerisiers en fleurs mais celui de tous les instants. En s’écartant des saisons, Vocance s’est rapproché des hommes ». « En pleine figure – Haïkus de la guerre de 14-18 » Anthologie établie par Dominique Chipot, préface de Jean Rouaud aux Editions Bruno Doucey - 176 pages - 16
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