Enki Bilal au centre de l'expo "Mecanhumanimal" aux Arts et Métiers
Reportage : M-H. Bonnot, V.Bouffartigue, M. Tornier
Plongée dans l'univers de Bilal
Entre performance et installation, l'exposition, conçue par le Musée des Arts et Métiers et "9e Art+", organisateur du Festival international de la BD d'Angoulême, s'articule autour de cinq thèmes et cinq salles : Passions humaines, Animaux, Monstres et hybrides, Rêves de machines, Conflits et planètes.
Elle est l'occasion de plonger dans l'univers fantasmé d'Enki Bilal. Ce poète visionnaire, qui réfléchit depuis longtemps aux rapports entre l'homme et l'innovation technique, a réalisé cinq toiles pour l'exposition, dont "Machine à tailler les engrenages coniques".
Le maître a choisi les objets exposés
Il a surtout pioché dans les réserves du musée pour dénicher et détourner des objets insolites entrant en résonance avec son oeuvre, des années 1970 à nos jours. "J’ai choisi des objets qui m’attiraient par leur esthétique ou par leur fonction, et certains ont à voir avec mon univers, ou bien se trouvent réinterprétés, comme par exemple le turboréacteur ATAR qui devient la capsule de Nikopol."
Le nom « Mécanhumanimal » lui est venu, dit-il, "comme une évidence". Car "le musée est un ensemble de rencontres par la mécanique autour de l’inventivité humaine, et l’Homme n’est jamais loin de l’animal qu’il a été", analyse-t-il. En outre, "La mécanique, les machines qui y sont présentées ont beaucoup emprunté au physique, à la morphologie de l’humain et de l’animal."
"L'indexeur de liberté" vous accueille
Le visiteur est accueilli par l'index grandeur nature de la Statue de la Liberté, rebaptisé "Indexeur de liberté", puis plonge dans les différents mondes de l'auteur de la trilogie "Nikopol", de "Animal'z" ou "Julia & Roem" sur fond de musique tour à tour inquiétante ou poétique, avec une mise en scène intimiste.
Ainsi, des planches de l'album "La Femme piège" (1986) côtoient une évocation de la salle de bain de l'héroïne, avec un miroir surplombant un lavabo dans lequel le visage du visiteur se transforme en tête de mort.
A sa gauche, une "fontaine à radium", issue des collections du musée, rappelle que dans les années 30 la radioactivité était synonyme de cure de jouvence et de beauté....
Un cabinet de curiosités de la folie humaine
Pour Enki Bilal, qui a travaillé deux ans sur cette exposition, le Musée des Arts et Métiers est celui "de la folie humaine, là où l’humain se révèle dans tous ses états. Je le dis avec tendresse car on y découvre une belle folie, un ensemble d’inventions qui nous permettent cette traversée hallucinante de nombreuses époques."
Avec lui, grâce à son point de vue poétique et singulier, cette traversée promet d'être encore plus passionnante.
Des réflexions de chercheurs et d'artistes invités par Bilal complètent l'exposition et se retrouvent, comme ses oeuvres, dans le livre "Mécanhumanimal" publié par Casterman.
Né en 1951 en Yougoslavie, auteur de BD majeur, Grand Prix du Festival d'Angoulême en 1987, également réalisateur, Bilal a déjà pris part il y a quelques mois à l'exposition "Les Fantômes du Louvre". C'est la première fois que le Musée des Arts et Métiers accueille un artiste.
Exposition Mécanhumanimal
Musée des Arts et Métiers (Paris)
Du 4 juin 2013 au 5 janvier 2014
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