Erri De Luca prêt à aller en prison : "Mes mots sont plus importants que ma personne physique"
Interrogé par François Busnel, à l'occasion de la sortie de son nouveau livre "La parole contraire", De Luca précise : "Réduire le verbe 'saboter' en 'dommages matériels', je n'accepte pas !. (...) Pour moi le droit de parole est aussi un devoir de parole. Si je censure mes mots, si je censure ma participation active à ma communauté, je gâche mon vocabulaire. Je me trouve plus pauvre de moi-même, je ne profite plus de la beauté de cette langue. C'est un devoir" indique encore l'écrivain italien.
Sur le plateau de la Grande Librairie, il réitère ses déclarations à propos d'une éventuelle condamnation à de la prison : "Si je suis condamné, je ne ferai pas appel, Et je demanderai à mes avocats de ne pas réclamer de réduction de peine pour circonstances atténuantes. (...) C'est la meilleure chose que quelqu'un peut faire pour défendre ses mots. Mes mots sont plus importants que ma personne physique."
Erri De Luca est jugé devant le tribunal de Turin depuis fin janvier pour avoir préconisé le "sabotage" du projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin, dans un entretien à la version italienne du Huffington Post. Il encourt un à cinq ans de prison.
Un comité de soutien international a été lancé, avec l'appui de centaines de personnalités, pour demander le retrait de la plainte déposée contre lui. François Hollande, Manuel Valls et Fleur Pellerin ont pris position en sa faveur. Le premier ministre a notamment indiqué, lors de sa visite au Salon du Livre, qu'"il ne faut pas confondre la liberté d'expression avec un délit, la liberté d'expression, celle d'un écrivain, doit être profondément respectée".
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