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France Info a lu Millénium 4

Cette fois il est bien là. "Millénium 4" est sorti jeudi simultanément dans 25 pays. Thierry Fiorile, du service culture de France Info, a lu ce 4ème tome de 500 pages et nous livre ses impressions.
Article rédigé par Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Millénium 4 à l'entrée des librairies © Radio France)

Le 4ème tome de Millénium , la série créée par l'écrivain suédois Stieg Larsson, décédé en 2004 avant que sa saga ne connaisse un immense succès planétaire, est sorti dans 25 pays ce jeudi. Comme pour les franchises de film, c’est un autre auteur, David Lagercrantz, qui avait écrit la biographie de Zlatan Ibrahimovic, qui a pris la suite.

Ce que ni me tue pas , c'est le titre nietzschéen de ce tome 4, qui reprend les clefs, les personnages, la construction de Millénium : le journaliste d'investigation Mikael Blomkvist est toujours aussi révolté par l'injustice, mais son journal, Millénium, va mal, comme la presse papier aujourd'hui, ses enquêtes sont moins percutantes, et il doit se relancer. Cela tombe bien, Blomqvist est mis sur la piste d'une affaire sulfureuse : un génial scientifique suédois parti travailler aux Etats-Unis pour un géant de l'informatique rentre au pays s'occuper de son fils autiste, mais il en sait trop sur la NSA, l'agence se sécurité américaine qui serait liée à des mafieux russes. Resurgit évidemment Lisbeth Salander, la hackeuse famélique au look mi punk mi gothique, il y a des assassinats nocturnes, des ordinateurs crackés, des fics pourris et des flics vertueux.

Des longueurs, des explications techniques fastidieuses

En disciple appliqué David Lagercrantz rythme son récit, change de décors, souvent en découpant la trame dramatique comme Shakespeare l'a appris à tous les scénaristes de série, pour tenir le lecteur en haleine et, ça marche. Mais il y a des longueurs, des explications techniques fastidieuses. Ensuite ce qui ne va pas c’est le côté geek complotiste, certes il fallait mettre Millénium dans son époque, mais la NSA, un géant informatique et des mafieux russes qui s'allient pour s'approprier un programme révolutionnaire d'intelligence artificielle qui fera de Big Brother un méchant ringard, c'est un peu trop.

Enfin, même si des thèmes chers à Stieg Larsson, comme la protection de l'enfance, sont bien repris avec le personnage de ce jeune autiste dont la perception du monde entre dans l'intrigue, l'auteur n'a pas la sincérité de Larsson, provincial, petit-fils de résistant communiste. On ne s'improvise pas révolté, dans le style, et cela se ressent.

Un tome qui fait polémique

Si ce tome 4 est sorti c'est parce que l'éditeur l'a voulu, avec l'accord du père et du frère de Stieg Larsson, mais contre l'avis d'Eva Gabrielson, qui a été la compagne de l'auteur toute sa vie, mais ils n'étaient pas mariés et elle a été écartée de la succession et surtout de l'utilisation posthume de l'oeuvre.

Pour Eva Gabrielson, c'est faire insulte à la mémoire de l'homme de sa vie que de lancer une telle opération commerciale. Et en Europe du Nord, pas seulement en Suède, nombreux sont ceux qui dénoncent ce business qui pose clairement la question de la propriété intellectuelle, même si le père et le frère de Stieg Larsson assurent qu'ils reverseront leur part des bénéfices à Expo , le journal antiraciste créé par l'auteur. 

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