Frederick Forsyth, le vétéran du thriller, tire sa révérence avec "L'outsider"
Sa vie est un roman. ça tombe bien : elle lui a inspiré une dizaine de best-sellers, des "Chiens de guerre" à "Cobra", en passant par "Le quatrième protocole", "Le négociateur" et "L'Afghan". Pourtant, Frederick Forsyth ne se destinait pas à devenir écrivain.
Devenu à 19 ans le plus jeune pilote de la Royal Air Force, il se tourne ensuite vers le journalisme en devenant correspondant de l'agence Reuters dans plusieurs pays dont la France, puis de la BBC. Mais à 30 ans, démissionnaire de la chaîne anglaise, il se retrouve sans travail. Il décide alors de mettre les techniques du journalisme d'investigation au service de l'écriture. Bingo ! Son premier ouvrage, "Chacal" (1971), inspiré de la tentative d'assassinat de Charles de Gaulle en 1962, est un triomphe. Il sera adapté au cinéma par Fred Zinnemann en 1973.
Forsyth a trouvé sa marque de fabrique : des thrillers au plus près de la réalité du monde contemporain, plongeant ses lecteurs dans l'univers des trafiquants d'armes, dans les ramifications d'un groupuscule nazi, l'organisation des cartels de la drogue ou le terrorisme islamiste. Et pour être le plus crédible possible, l'écrivain-reporter va mouiller sa chemise sur le terrain. Il est lui-même traqué par un trafiquant d'armes à Hambourg, arrêté par la Stasi ou blessé pendant la guerre du Biafra.
Au plus près du terrain
Pour écrire "Cobra", il se rend en Colombie et en Guinée-Bissau pour enquêter sur les cartels de la drogue. A 74 ans, son avant-dernier roman, "Kill list", l'a entraîné à Mogadiscio, la capitale somalienne, où le danger rôde à tous les endroits.
Pour moi, il fallait voir Mogadiscio. J'avais 74 ans. Ma femme m'a dit "ça suffit, tu es idiot ! Si tu vas là-bas, je divorce !" Elle n'a pas divorcé mais je suis allé à Mogadiscio parce que je ne pouvais pas décrire la ville, la Somalie, sans le voir"
Frederick Forsyth
Aujourd'hui, à près de 78 ans, Frederick Forsyth a enfin décidé de prendre sa retraite dans le Hertfordshire, à 40 kilomètres au nord de Londres. Celui qui a "tout vécu de l'intérieur, en restant malgré tout un outsider", laisse son autobiographie en guise de testament.
L'outsider, de Frederick Forsyth
Albin Michel (mai 2016), 400 pages, 22 euros
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