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Gore Vidal, mort d'un géant de la littérature américaine

Le romancier américain Gore Vidal, auteur d'ouvrages comme "Lincoln" et "Myra Breckenridge," est mort mardi à l'âge de 86 ans, a rapporté le Los Angeles Times. Il était une institution irrévérencieuse de la littérature américaine.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Le romancier Gore Vidal, au festival du livre du Los Angeles Times en avril 2009
 (LANDOV/MAXPPP)

Son neveu Burr Steers a précisé au journal que le romancier était mort des suites d'une pneumonie à son domicile sur les collines de Hollywood.

Gore Vidal est considéré comme l'un des géants de la littérature américaine, à l'instar de Norman Mailer et Truman Capote. Il était connu pour sa vie sociale flamboyante et sa vie sentimentale agitée. Il fréquentait Anais Nin aussi bien que Jack Kerouac.

Il a écrit 25 romans, inspirés de l'histoire et de la vie politique américaines ("Burr", "Lincoln", "1876"...) ou satiriques ("Kalki", "Duluth"),
une dizaine de volumes d'essais, des pièces de théâtre et des scénarios de film ("Soudain l'été dernier", "Ben-Hur"...). Son autobiographie, "Palimpseste" (1996), a été traduite en français en 2006.

Gore Vidal, qui laissait apparaître ses opinions politiques très tranchées dans ses oeuvres, avait tenté sans succès plusieurs fois d'être élu à des mandats politiques. Il adorait les débats musclés à la télévision et était apparu dans le film "Roma" de Fellini.

Fils d'un officier de l'armée de l'air américaine, petit-fils de sénateur et cousin de l'ex-vice-président américain Al Gore, Eugene Luther Gore Vidal, qui deviendra à 14 ans simplement Gore Vidal, naît le 13 octobre 1925 à l'Académie militaire de West Point dans une famille patricienne.

Il dénonce le conservatisme moral et sexuel

Ses parents divorcent, sa mère se remarie à Hugh Auchincloss, qui épousera ensuite la mère de Jackie Kennedy. Gore Vidal deviendra l'ami intime du président Kennedy et de sa famille.

En 1948, il choque la critique américaine avec son troisième roman, "Un garçon près de la rivière", calme plaidoyer homosexuel. Le héros s'inspire d'un amour de jeunesse, Jimmy Trimble, tué dans le Pacifique alors qu'il était dans les Marines.      

Vidal, qui vivra en Italie avec Tennessee Williams et aura l'écrivain Jack Kerouac comme amant, s'insurge contre le conservatisme moral et sexuel. L'identité sexuelle sera à nouveau le thème de son roman "Myra Breckinridge" (1968).

Il découvre Paris après la deuxième guerre mondiale. "La France fut, après la guerre, le centre de la civilisation", dit-il en 1999 à l'AFP, "j'y ai alors vécu une période extraordinaire, en compagnie d'artistes comme Jean Cocteau, André Gide".

Eclectique, il explique la relative désaffection du public français à son encontre par le fait qu'"en France, vous avez besoin de mettre les gens dans des catégories".

Contre "la politique impériale" des Etats-Unis

"Je fais tout ce qui m'amuse, mais, dans tous mes livres, la voix reste la même", insiste cet homme qui vivra 32 ans à Ravello (Italie), près de Naples, avant de regagner définitivement Los Angeles en 2005 pour raisons de santé.

L'âge n'émousse pas sa combativité: à 81 ans, il critique férocement le président républicain George Bush, l'accusant d'être arrivé au pouvoir à la faveur d'une fraude électorale et lui reprochant d'agiter la menace terroriste après les attentats du 11-Septembre.

"C'était un coup d'Etat", déclare-t-il ainsi à l'AFP en 2006. "Maintenir les gens sous la coupe de la peur est une grande manipulation totalitaire apprise auprès des dictatures européennes des années 1930".

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