À Édimbourg, une pièce de théâtre critique les positions transphobes de J.K. Rowling

Une nouvelle pièce, qui aborde les prises de position controversées de l'autrice de Harry Potter, J.K. Rowling, sur les personnes transgenres, est sur scène à Édimbourg.
Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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L'écrivaine J.K. Rowling, photographiée en mars 2022 lors de l'avant-première mondiale du film "Les Animaux fantastiques : les secrets de Dumbledore". (TOLGA AKMEN / AFP)

C'est à Édimbourg, comme chaque année, que se tient le plus grand festival de spectacle vivant au monde. Au total, des milliers de nouvelles pièces et une foule d'artistes sont présentées à un large public. Au détour de l'événement, J.K. Rowling, autrice de la saga au succès mondial Harry Potter et résidente dans la capitale écossaise, pourrait peut-être assister à une pièce dont elle est le sujet.

Le nom de la pièce en question : TERF (pour "Trans-exclusionary radical feminist", un courant qui exclut les personnes trans des luttes féministes). Elle aborde les prises de position controversées de J.K. Rowling sur les personnes transgenres et leurs droits. Cette pièce, "c'est une intervention de Daniel Radcliffe, Emma Watson et Rupert Grint pour dire à J.K. Rowling d'arrêter ses conneries sur Twitter", résume crûment à l'AFP Trelawny Kean, qui joue Emma Watson.

Pour l'auteur et metteur en scène Joshua Kaplan, la pièce TERF porte sur les droits des trans et la disparition de toute nuance sur les réseaux sociaux, plutôt que sur le fait de clouer J.K. Rowling au pilori. L'œuvre explore comment "les réseaux sociaux ont infecté la manière dont on mène des discussions, dont les nuances s'y sont perdues", souligne-t-il.

Une pièce "très drôle" avec une "dynamique familiale"

Soucieuse des réactions, la production a pris des mesures de précautions particulières, a déjà changé de titre et de salle de spectacle. Et le personnage trans de la pièce, "X", restera anonyme sur les programmes.

"Nous espérons que notre compagnie sera suffisamment solide pour faire face à toutes les absurdités à ce sujet", dit Barry Church-Woods, producteur de la pièce et co-fondateur de la société de production Civil Disobedience, "véritablement préoccupé" par la violence des échanges autour de ces questions.

Le choix d'y présenter la pièce, qui se jouera dans le cadre du festival "off", Fringe, n'a rien à voir avec les liens de l'écrivaine J.K. Rowling avec la capitale, assure le metteur en scène Joshua Kaplan. La pièce elle-même est "très drôle" avec une "dynamique familiale" entre les trois comédiens et l'autrice, assure l'actrice Trelawny Kean. "Elle est entrecoupée de scènes du passé de Jo (J.K. Rowling) [incarnée par l'actrice américaine Laura Kay Bailey] qui nous donnent une indication des raisons de ses opinions", ajoute la comédienne.

Des positions répétées et assumées

Nombre de fans de Harry Potter ont du mal à réconcilier leur amour pour l'œuvre de l'autrice et ses positions controversées. Joshua Kaplan souhaite aborder frontalement dans cette pièce comment on peut "aimer l'art et être en désaccord avec l'artiste".

Le débat s'est montré particulièrement vif en Écosse autour des droits des personnes trans : le gouvernement local a fait voter en 2022 une loi pour faciliter le changement de genre, qui a finalement été bloquée par le gouvernement central à Londres.

J.K. Rowling, qui ne s'est pas exprimée publiquement au sujet de la pièce, avait suscité la polémique en décembre 2019 en exprimant son soutien à une chercheuse qui avait été congédiée pour avoir tweeté que les personnes transgenres ne peuvent pas changer de sexe biologique.

L'ouverture d'un centre uniquement "réservé aux femmes"

En décembre 2022, l'autrice de Harry Potter avait lancé Beira's Place, une organisation de défense des femmes victimes de violences sexuelles qui propose gratuitement son aide à toute femme de plus de 16 ans, à Édimbourg, en Écosse. Interrogée à l'époque par Edinburgh Evening News sur la possibilité d'accueil des femmes transgenres au sein du centre financé par l'organisation, la direction répondait que Beira's Place serait "réservée aux femmes", sous-entendant une exclusion des femmes trans.

Les acteurs de la saga, qui ont incarné Harry, Hermione et Ron dans les huit films, se sont déjà exprimés sur leurs relations difficiles avec J.K. Rowling. Daniel Radcliffe, interprète du jeune sorcier, a raconté qu'il n'avait plus le moindre contact avec l'écrivaine, et s'est dit "triste" quant à la tournure des événements.

Daniel Radcliffe et Emma Watson avaient pris leurs distances avec l'écrivaine, y compris lorsque celle-ci a longuement détaillé sa position et annoncé qu'elle avait été victime d'agression sexuelle et de violences conjugales.

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