Hitler, les derniers jours
L’engrenage qui amena Hitler à sa chute, il y a 70 ans, n’est pas le fruit du hasard. Les meilleurs spécialistes dont s’est entouré Le Figaro Histoire pour ce dossier exceptionnel montrent combien la bataille de Berlin et l’échec final de Hitler se comprennent d’abord à la lumière des erreurs stratégiques du Führer.
Ils explorent par le menu les obsessions idéologiques qui furent l’âme de sa politique, décryptent le secret dont il entoura l’extermination des Juifs et retracent heure par heure l’âpreté des derniers combats, en même temps que la vie quotidienne dans l’étouffant huis-clos du bunker.
Une galerie de portraits des compagnons des derniers jours, dont celui de l’effrayante famille Goebbels, et un panorama du martyre enduré par l’Allemagne complètent cette sidérante plongée dans le crépuscule du Troisième Reich.
Au cœur de l’actualité, Le Figaro Histoire éclaire aussi les ressorts du génocide perpétré il y a un siècle contre les Arméniens par un Empire ottoman sur le déclin, et fait le point sur les terrifiantes destructions des trésors de la civilisation mésopotamienne par les djihadistes de l’Etat islamique en Irak.
Côté évasion, le Louvre est à l’honneur, avec la splendide exposition consacrée à la brillante civilisation des Thraces et la restauration spectaculaire de la Victoire de Samothrace, occasion d’un reportage sur l’une de ses plus fascinantes statues.
É D I T O R I A L
Par Michel De Jaeghere
L’ANTÉCHRIST DES CLASSES MOYENNES
Friedrich Reck-Malleczewen est mort à Dachau le 16 février 1945. Il n’avait jamais été là où on l’attendait. Issu d’une aristocratique lignée de junkers, il avait préféré la carrière des lettres à celle des armes où s’était illustrée sa famille : après des études de médecine, des voyages au long cours en Amérique et en Afrique, il s’était consacré au journalisme, à la critique théâtrale et à l’écriture de romans picaresques. Protestant, il s’était converti en 1933 au catholicisme parce que l’Eglise lui était alors apparue comme le dernier rempart de la civilisation européenne contre le règne des masses fanatisées. Originaire de Prusse-Orientale, il n’avait pas de mots assez durs pour les traditions politiques et les « vastes plaines désolées » de son pays natal ; il avait fait de la Bavière sa patrie d’adoption, de son prince héritier, le suzerain auquel il réservait sa fidélité. Monarchiste et tenant de la révolution conservatrice, il avait éprouvé d’emblée, à l’égard du nazisme, une répulsion irrésistible. De 1936 à son arrestation par la Gestapo, en octobre 1944, pour « sabotage de l’effort de guerre », il l’avait exprimée dans un journal secret, dont il avait enterré les feuilles manuscrites, au fur et à mesure de leur rédaction, dans le parc de son château de Chiemgau. Retrouvé à la fin de la guerre par sa femme, le texte avait été publié pour la première fois en 1947, sans rencontrer beaucoup d’écho. Il s’agissait pourtant, selon les mots d’Hannah Arendt, de « l’un des témoignages les plus importants sur l’Allemagne de Hitler ». Il bénéficie aujourd’hui d’une nouvelle traduction française, et aucun livre n’est plus approprié, peut-être, pour marquer la commémoration du soixante-dixième anniversaire de la fin de l’Allemagne hitlérienne.
Sous le scalpel impitoyable de l’écrivain, c’est toute l’imposture d’un « Antéchrist des classes moyennes » et d’une entreprise de gangstérisme mal déguisée sous la défroque du nationalisme et de l’honneur militaire qui se dévoile en effet, dans sa médiocrité. Visions prophétiques, tableaux au vitriol et vanités s’enchaînent dans une langue rendue étincelante par la rage impuissante d’un patriote condamné à souhaiter la défaite de son propre pays pour échapper au spectacle de sa patrie défigurée. C’est ici le récit de ses rencontres fortuites avec Hitler, au temps où, « assis avec le visage d’un garçon de café qui aurait mal tourné », celui-ci n’était encore qu’un comploteur famélique, à la recherche d’appuis hauts placés. Là, l’expression du dégoût que lui inspire la foule des « derviches-hurleurs » acclamant le « dignitaire suprême », « la casquette profondément enfoncée sur le front, ressemblant assez à un receveur de tramway ». Toujours, le rejet hautain de ce « machiavélisme de petites gens » qui n’imaginait dès l’origine la politique de l’Allemagne que comme « une série de vols avec effraction, l’activité d’un homme d’Etat de premier plan comme une chaîne d’abus de confiance, de faux en écritures publiques et de ruptures de contrats, toutes choses qui devaient lui valoir par la suite auprès de tous les maîtres d’école, surnuméraires des contributions directes, et sténodactylos, (…) la réputation d’un Gengis Khan ».
Jamais, et c’est son grand mérite, Friedrich Reck-Malleczewen …
ACTUALITÉ DE L’HISTOIRE
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Arménie, le génocide oublié Par Mikaël Nichanian
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Chasseurs d’images Par Jean Sévillia
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Noblesse oblige Entretien avec Eric Mension-Rigau, propos recueillis par Jean-Louis Thiériot et Albane Piot
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Lettres classiques Par Stéphane Ratti
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Côté livres
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Régis Debray à contretemps Par François-Xavier Bellamy
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Les époux du Nil Par Marie Zawisza
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Dionysos chez les Celtes Par Marie Zawisza
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Cinéma Par Albane Piot et Geoffroy Caillet
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Expositions Par Albane Piot
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Télévision Par Marie-Amélie Brocard
- A la table de l’histoire Par Jean-Robert Pitte, de l’Institut
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EN COUVERTURE
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Führerdämmerung Par Jean-Louis Thiériot
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Secrets de famille Par Jean-Paul Bled
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Les fantômes du crépuscule Par Jean-Louis Thiériot, illustrations de Jean-Emmanuel Vermot Desroches
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Hitler à bout de souffle Par Jean-Paul Cointet
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Comment Hitler a perdu la guerre Par Henri-Christian Giraud
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Le mensonge et la tragédie Par Stéphane Courtois
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Allemagne, année zéro Par Keith Lowe
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Une saison en enfer
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Hitler pile et face Par Geoffroy Caillet
- La chute du IIIe Reich Par Albane Piot
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L’ESPRIT DES LIEUX
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La Mésopotamie à l’épreuve du jihad Par Geoffroy Caillet
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Dans les pas de Jeanne d’Arc à Rouen Par Anne Letouzé
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Retrouver les Thraces Par Albane Piot
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Sur les ailes de la Victoire Par Sophie Humann
- Avant, Après Par Vincent Trémolet de Villers
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**En vente dès le jeudi 26 mars
Le Figaro Histoire, tout reste à découvrir
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Disponible en kiosque et sur www.figarostore.fr/histoire**
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