Plainte retirée après une entrevue entre Houellebecq et le recteur de la Mosquée de Paris organisée par le grand rabbin de France
Une entrevue initiée par Haïm Korsia, le grand rabbin de France, entre Michel Houellebecq et Chems-eddine Hafiz, le recteur de la Grande Mosquée de Paris, pourrait donner lieu à l'abandon de la plainte déposée par ce dernier à la suite des propos tenus par l'écrivain dans les colonnes de la revue Front Populaire, a révélé jeudi Le Figaro.
L'institution religieuse avait décidé le 28 décembre de déposer plainte devant le procureur de la République de Paris pour des propos qu'elle jugeait être "une provocation à la haine contre les musulmans".
"Autour d'un café"
Dans un entretien avec le philosophe Michel Onfray, fondateur de la revue Front populaire, l'auteur de Soumission déclarait que "le souhait de la population française de souche, comme on dit, ce n'est pas que les musulmans s'assimilent, mais qu'ils cessent de les voler et de les agresser. Ou bien, autre solution, qu'ils s'en aillent". Le prix Goncourt 2010 prédisait également des futurs "Bataclan à l'envers" à l'égard des musulmans, en référence aux attentats djihadistes du 13 novembre 2015. Des propos "violents" et "extrêmement graves" à l'égard des musulmans, dénonçait le recteur de la Mosquée de Paris.
Selon les informations du Figaro, les deux représentants religieux et l'écrivain se sont retrouvés jeudi matin "autour d'un café". A l'origine de cette entrevue, une tribune publiée dans le Figaro du 4 janvier dans laquelle le grand rabbin de France proposait sa médiation.
Après une discussion qui a duré six heures, rapporte Le Figaro, Michel Houellebecq a expliqué que certains de ses propos pouvaient "apparaître réducteurs" et s'est engagé dans un texte rédigé et signé à l'issue de ce long dialogue à les "préciser dans un futur livre qui regroupera l'intégralité de sa conversation avec Michel Onfray parue dans Front Populaire".
Dans ce texte, Michel Houellebecq reconnaît que les paragraphes concernés sont "ambigus" et s'engage à les remplacer dans l'édition à venir, en "explicitant mieux" son propos, en espérant qu'ils "ne heurteront pas les musulmans."
"Sincèrement soulagé"
A l'issue de cette rencontre, Michel Houellebecq s'est dit "sincèrement soulagé et heureux de cette issue", et satisfait d'avoir pu "préciser ses propos", qui "correspondent d'avantage à ce qu'il voulait exprimer", rapporte le Figaro.
De son côté, le grand rabbin, convaincu que "Houellebecq est un immense écrivain, un immense penseur", s'est dit satisfait d'avoir évité "un procès inutile et préjudiciable pour tous les partis". "Il est toujours préférable, pour un romancier, de s'exprimer par écrit", a déclaré Michel Houellebecq à cette occasion.
A la suite de la plainte déposée par le recteur de la Grande Mosquée de Paris, l'écrivain s'était déjà expliqué dans une tribune publiée dans Le Point le 4 janvier. Il y invoquait Sartre pour répondre à l'accusation de "provocation à la haine en raison de l'appartenance religieuse", relativisant "l'influence concrète" des prises de position d'un écrivain "sur l'histoire réelle".
Le recteur de la Mosquée de Paris a suspendu sa plainte, mais, précise le Figaro, "il attend la publication du texte de l'écrivain pour la retirer définitivement".
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