"Ecrire pour venger ma race" : le discours d’Annie Ernaux, prix Nobel de littérature, devant l’Académie suédoise
Première femme française à recevoir le prix Nobel de littérature, Annie Ernaux a été récompensée à 82 ans pour une œuvre traversée par les thèmes, notamment, de la passion amoureuse et du féminisme. Elle est la première femme française à recevoir la récompense en littérature et la 17e femme à décrocher un Nobel dans cette catégorie depuis la fondation des célèbres récompenses en 1901.
Une phrase parmi toutes sortira de ce discours d’une demi-heure : "J’écrivais pour venger ma race. Et de préciser : "Ainsi, dans ce premier livre, publié en 1974 (Les armoire vides), sans que j’en sois alors consciente, se trouvait définie l’aire dans laquelle je placerais mon travail d’écriture, une aire à la fois sociale et féministe. Venger ma race et venger mon sexe ne feraient qu’un désormais."
"Un prix Nobel qui est un signal de justice et d’espérance pour toutes les écrivaines"
L'écriture arrive comme le prolongement de sa prise de conscience d'être une transfuge sociale : "Ecrire afin de comprendre en moi et hors de moi les raisons qui m'avaient éloignée de mes origines".
Annie Ernaux conclura son discours par une alerte :"Écrivant dans un pays démocratique, je continue de m’interroger cependant sur la place des femmes y compris dans le champ littéraire. Leur légitimité à produire des œuvres n’est pas encore acquise. Il y a en France et partout dans le monde des intellectuels masculins pour qui les livres écrits par les femmes n’existent tout simplement pas. Ils ne les citent jamais. La récompense de mon travail par le jury du Nobel constitue un signal de justice et d’espérance pour toutes les écrivaines."
Annie Ernaux recevra son prix Nobel des mains du roi de Suède à Stockholm le 10 décembre.
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