Lyon met en lumière les années pop de l'illustration qui ont révolutionné l'édition jeunesse
L'exposition proposée par la bibliothèque de la Part-Dieu retrace la naissance d'une nouvelle forme d'édition jeunesse totalement décomplexée.
À Lyon, l'espace d'exposition de la bibliothèque de la Part-Dieu, invite jusqu'au 25 juin 2022, les visiteurs à partir à la découverte des grands maîtres de l'imaginaire, qui ont révolutionné le monde de l'édition jeunesse.
Audace et créativité des maîtres de l'imaginaire
Intitulée Sans fin la fête, les années pop de l'illustration, l'exposition revient sur les différents virages qu'a pris l'édition jeunesse à partir de 1963 jusqu'au début des années 1980. Vingt ans durant lesquels des formes toutes nouvelles ont bousculé les conventions sociales. Allant parfois jusqu'à heurter les esprits peu enclins à l'audace et à la provocation. La révolution est engagée, même le magazine Okapi, pourtant publié par la maison d'édition d'obédience catholique Bayard Presse, parle du corps sans détours. À Saint-Etienne, des parents s'insurgent contre cette liberté des mots et des images et décident de brûler le journal.
"On disait à la jeunesse d'oser s'affirmer, d'oser être libre et créatif. C'est vraiment ce qui a marqué cette forme de rupture, les parents n'étaient pas tous préparés à ce qu'on s'adresse à leurs enfants avec autant de sincérité", analyse Violaine Kanmacher, responsable département jeunesse bibliothèque de la Part-Dieu.
.
Pop, psychédélique et engagé
Cette exposition permet de découvrir comment deux éditeurs audacieux, vont marquer l’avènement d’une toute nouvelle génération d’illustrateurs. François Ruy Vidal et Harlin Quist s'emparent des sujets d'actualité, s'engagent auprès des minorités et dépoussièrent les idées moralistes. Leurs collaborations vont considérablement marquer le monde de l’édition et les jeunes lecteurs.
Les télémorphoses d'Alala imaginées par l'auteur François Ruy Vidal et mis en images par Nicole Claveloux s'inscrivent dans une mouvance intellectuelle de l'époque. Ce livre très psychédélique et évocateur des années 1960 narre les voyages d'une petite fille dans la télévision. Un ouvrage qui, contrairement aux albums conventionnels, n'hésite pas à intégrer des personnages noirs inspirés par le slogan américain "Black is Beautiful". On trouve dans les aventures de la jeune héroïne métisse, la défense des peuples noirs d'Amérique portée par le mouvement des Black Panthers, mais aussi l'influence des artistes de la pop culture avec notamment Jimi Hendrix.
Révolution dans le monde de l'édition jeunesse
Si la foisonnante littérature jeunesse d'aujourd'hui propose d'aborder tous les thèmes sous diverses formes, dans les années 1960 l'offre est encore contrainte par les mentalités conservatrices. On parle à peine de liberté d'expression et la place de la femme est bien souvent reléguée au foyer.
On a une relative méfiance vis-à-vis des images et c'est comme si les images ne pouvaient pas avoir une existence et un discours autonomes, alors que ce qui reste aujourd'hui c'est ces images qui sont d'une très grande puissance
Loic BoyerHistorien de l'Illustration
Mai 1968 marque le véritable changement. Étudiants, ouvriers, agriculteurs, une partie du peuple de France se soulève pour dire non à la rectitude du pouvoir. L’ordre du jour pour ces pionniers est de bousculer toutes les conventions. Dans la littérature aussi, la pensée se délie. Des albums pop et psychédéliques côtoient des livres d’art abstrait ; alors que le mouvement féministe publie des fables anti-sexistes pour petites filles. D’autres courants contestataires produisent des fables écologiques, des manuels de révolte politique pour écoliers, ou bien des journaux radicaux écrits par des élèves eux-mêmes. Les livres pour enfants d'hier ont dessiné notre liberté d'expression d'aujourd'hui.
"Sans Fin la Fête 1963-1983 : les années pop de l'illustration"
Entrée Libre
Bibliothèque de la Part-Dieu de Lyon
jusqu'au 25 juin 2022
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.