Jeff Kinney, l'auteur star du "Journal d'un dégonflé" dispute un match de basket avec des collégiens parisiens
Jeff Kinney ne s'est pas dégonflé. Il a disputé vaillamment un match de basket avec une équipe de collégiens fans de son "Journal d'un dégonflé", dans la plus vieille salle de basket du monde.
Ce mardi 10 décembre, rien, ni la grève ni les manifs, n'aurait pu décourager les élèves de 6e du collège George Rouault à Paris (19e) de venir disputer un match de basket sur le plus vieux terrain du monde avec l'écrivain et dessinateur américain Jeff Kinney. Le journal d'un Dégonflé, Ça déménage ! (Seuil Jeunesse), le dernier opus de sa série, vient juste de paraître en France, et les enfants l'avaient tous lus avant la rencontre.
Un succès phénoménal
Traduit dans 61 langues (en français par Natalie Zimmermann), Le Journal d'un dégonflé raconte sous la forme d'un journal intime le quotidien de Greg Heffley, un collégien un peu maladroit et rigolo, à qui il arrive toutes sortes d'aventures avec ses frères, ses parents, et ses copains. L'auteur illustre lui-même ses textes dans une formule qui alterne textes et images. C'est très drôle, un genre de Petit Nicolas des années 2000, avec un regard aigu sur le monde et sur les adultes, qui fait fondre les enfants et les jeunes ados.
Les quatorze tomes de la série se sont vendus à plus de 200 millions d'exemplaires dans le monde (plus de 2,8 millions en France depuis 2008). Le premier tome figure au classement des meilleures ventes de livres jeunesse en France depuis plus de 300 semaines consécutives (source Livres Hebdo). "Ils adorent cette série, alors quand nous avons été contactés via le compte Instagram du CDI du collège par les éditions du Seuil pour participer à cette rencontre, nous avons tout de suite dit oui !", raconte Laurence Gramard, la professeure documentaliste du collège. Sur le terrain, les enfants s'échauffent avec l'écrivain. "Il ne parle pas français, mais il est sympa", glisse Omar, un des collégiens de cette classe section basket.
La plus ancienne salle de basket du monde
Avant d'attaquer le match, les enfants écoutent attentivement Christelle Bertho, architecte et historienne du lieu, leur raconter l'histoire de cette salle de basket construite par l'association YMCA en 1893, la plus vieille du monde, nichée dans le 9e arrondissment de Paris, dans un espace de 4000 m2 où l'on trouve aussi un théâtre, des chambres d'étudiants, et autrefois une piscine ou un restaurant. Le lieu répond à la devise de l'association YMCA qui a créé le lieu il y a 126 ans, "Body/ Mind/ Spirit", avec pour vocation de développer les capacités physiques, intellectuelles et spirituelles de ses étudiants.
"D'abord est-ce que vous savez qui a inventé le basket, et pourquoi ?", interroge l'historienne. "C'est James Naismith, un professeur de gymnastique dans une université YMCA à Springfield dans le Massachusetts qui cherchait une idée de sport à pratiquer en intérieur pour ses élèves, pendant l'hiver. C'est comme ça qu'il a eu l'idée d'inventer le basket".
Christelle Bertho, raconte aux enfants médusés comment ce professeur a emprunté à l'épicerie des paniers qui servaient à transporter les pêches. "Il les a ensuite suspendus à la mezzanine du gymnase, qui servait de piste de course. Après pour des raisons pratiques, ils ont coupé le fond des paniers".
"Je suis un fan de basket", lance Jeff Kinney, en enfilant son maillot rouge avant de constituer les deux équipes. La "Greg team", en jaune, du nom de son héros "dégonflé", face à la "Robert Team" du nom du meilleur copain du héros de sa série.
"Ça donne envie de lire encore plus de livres"
Sur le banc, Djenaba, 11 ans, nous explique qu'"à la base", elle n'aime pas lire du tout, "j'aime pas les livres. J'aime pas lire". Mais qu'avec Le journal d'un dégonflé, elle a enfin accroché. "J'ai des problèmes avec la lecture. Je n'arrive pas à me concentrer d'habitude, j'ai des bugages", raconte la fillette. "Mais là, j'ai réussi à rentrer dedans. Il est bien ce livre. Il y a des choses rigolotes dedans. Et en plus on savait qu'on allait rencontrer la star", ajoute-t-elle en parlant de l'écrivain. A côté d'elle, Chayma déclare que Le journal d'un dégonflé, "c'est très marrant", et Lina ajoute que ça lui a "donné envie de lire encore plus de livres".
"C'est une série qui a un énorme succès au CDI. Dès que je les expose, c'est la razzia", confie la professeure documentaliste. "Ce sont des lecteurs de mangas, et le côté roman illustré, ça passe très bien. Je pense que la forme du récit, le journal intime, ça leur plaît aussi beaucoup."
"Je trouve l'inspiration dans les cimetières"
Sur le terrain, le match touche à sa fin. "Il est sympa, même si des fois il triche au basket !", souffle Marley à la fin du match (peut-être parce que son équipe s'est fait battre par celle de l'écrivain). Jeff Kinney passe à la séance de dédicaces.
Comment l'écrivain de 48 ans, également concepteur de jeux vidéo et très engagé dans le combat en faveur de la lecture pour les enfants, explique-t-il son succès ? "Je crois que certains livres sont des miroirs pour les enfants, et 'Le journal d'un dégonflé' en fait partie. Les enfants se reconnaissent dans la vie de Greg. Et puis c'est drôle et en plus j'essaie de raconter toujours des choses vraies", déclare l'écrivain, qui confie trouver son inspiration dans… les cimetières ou dans sa voiture, "des endroits calmes, où règne la paix, c'est là que me viennent le mieux les idées…"
Fin de la séance, après un bon goûter, les enfants repartent avec leur maillot, un livre dédicacé, et des souvenirs à raconter. "C'était trop bien, on a joué entre camarades avec Jeff Kinney. On a aussi bien rigolé, et avec le bon goûter surtout, on se sent bien", conclut Younès, son livre dédicacé à la main.
Jeff Kinney, lui, rentrera dans le Massachusetts aux États-Unis, où il vit et où il a une librairie, décoré d'une médaille. Car avant de dessiner hier pour ses fans dans un théâtre de la Porte Saint-Martin plein à craquer, l'écrivain américain a reçu lundi 9 décembre les insignes d'officier de l'ordre des Arts et des Lettres des mains du ministre de la Culture Franck Riester.
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