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L'actrice Bulle Ogier se dévoile et se souvient dans son livre "J'ai oublié"

La comédienne évoque ses souvenirs, des moments les plus joyeux aux plus dramatiques, dans un ouvrage qu'elle a écrit avec Anne Diatkine et qui sort le 19 septembre.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
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La comédienne Bulle Ogier le 18 avril 2017 à Barcelone, lors de la présentation d'un cycle de films consacré au cinéaste Jacques Rivette (QUIQUE GARCIA / EFE / MaxPPP)

Actrice de cinéma et de théâtre, Bulle Ogier, qui a fêté ses 80 ans le 9 août, a choisi un titre presque énigmatique, J'ai oublié, pour relater ses souvenirs et les drames de sa vie. Peut-être un clin d'œil au livre Je me souviens, fameux exercice sur la mémoire des petits riens d'une vie, publié en 1978 par Georges Perec.

Écrit avec l'aide de la journaliste et amie Anne Diatkine, J'ai oublié (aux éditions du Seuil, en librairie le 19 septembre) est à l'image de la comédienne, doux et mélancolique.

"J'ai oublié pourquoi je suis devenue actrice"

L'actrice, devenue célèbre au cinéma avec La Salamandre d'Alain Tanner (1971) et L'Amour fou de Jacques Rivette (1969), a tourné avec Luis Buñuel, Barbet Schroeder (son mari et "homme de sa vie" à qui le livre est dédié) ou encore Marguerite Duras dont elle était très proche et qu'elle a plusieurs fois servie, au théâtre.

Sur scène, elle a joué sous la direction de Luc Bondy, Claude Régy, Jean-Louis Barrault, Patrice Chéreau... "J'ai oublié plus que tout au monde pourquoi je suis devenue actrice, moi qui étais si timide et détestais me montrer", raconte la comédienne.

Bulle Ogier est née Marie-France Thielland le 9 août 1939 à Boulogne-Billancourt. Son père, "le meilleur avoué de Paris", elle ne le verra pour la première et "unique fois" qu'à l'enterrement de son frère aîné. "Il m'a dit: +Bonjour, madame+. Je lui ai répondu: +bonjour monsieur+. Nous en sommes restés là."

Ce père absent a refusé "par courrier recommandé avec accusé de réception" que la jeune femme utilise son nom en tant qu'actrice. "J'ai repris le nom de ma mère avec beaucoup de plaisir. Je n'oublierai jamais que l'unique fois où mon père a été salvateur à mon égard, c'est lorsqu'il m'a retiré le droit de porter son nom", assène la comédienne.

Bulle, un surnom surgi avant sa naissance

Quant au prénom Bulle, l'actrice raconte que c'est une idée de son oncle, le frère de sa mère. Quand elle était enceinte, il lui demandait : "Comment va ta bulle ?"... "Si bien que ma mère et à sa suite tous mes amis m'ont toujours appelée ainsi."

Il y a des souvenirs cocasses dans ses souvenirs. On sourit quand la comédienne évoque son appartement parisien à géométrie variable - "il tient de l'accordéon", s'amuse Bulle Ogier - et ouvert à tous les vents. Un jour, des voleurs emporteront les grosses portes en chêne (jamais closes) sans que quiconque s'en aperçoive.

Au chapitre des drames de sa vie, la comédienne révèle les deux viols qu'elle a subis. Une première fois, elle fut violée par un médecin chez qui elle avait pris rendez-vous pour un avortement alors illégal. Le souvenir est sec et brutal. "Je me suis allongée, j'ai écarté les jambes, et le médecin clandestin m'a violée sans me prévenir, puis avortée comme convenu, je l'avais payé d'avance."

Quelques années plus tard, au retour d'une représentation au théâtre, elle subira un second viol de la part d'un commissaire de police véreux.

La mort de sa fille Pascale, son plus grand drame

Mais la plus grande blessure, qui transparaît à chaque page et qu'on devine impossible à cicatriser, est la disparition brutale de sa fille Pascale, également actrice, en octobre 1984 à la veille de ses 26 ans, des suites de problèmes cardiaques. "J'ai oublié que j'ai eu une vie très amusante et joyeuse jusqu'à la disparition de Pascale", dit avec pudeur la comédienne, terrassée par un chagrin impossible à oublier.

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