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"L'appauvrissement de la langue conduit à l'appauvrissement de la pensée", selon Jean-Paul Fitoussi

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Gilbert et Fitoussi
Gilbert et Fitoussi Gilbert et Fitoussi
Article rédigé par franceinfo - P. Loison
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Derrière les mots, il y a souvent un choix qui n'est pas innocent, que ce soit en politique ou en économie. Jean-Paul Fitoussi, économiste et ancien président de l'OFCE, et Muriel Gilbert, journaliste, débattent dans le 23h mercredi 9 septembre du choix de ces mots pour diffuser une idéologie.

Muriel Gilbert a écrit Vous reprendrez bien un bonbon… sur la langue. Jean-Paul Fitoussi, Comme on nous parle, l'emprise de la novlangue sur nos sociétés. Tous deux reviennent sur l'importance des nouveaux mots, notamment de nos jours. "Suppression de coûts", "politique de l'austérité", ce serait des chevaux de Troie des ultra-libéraux désormais ? "Cela montre que la manipulation des populations passe par l'appauvrissement de la langue. Ces mots remplacent des mots qui existaient et qui sont devenus désuets. On ne peut plus les utiliser car on est traité d'archaïque : prolétariat, plus-value… des mots de ce type. Même Hollande avait dénommé sa politique, comme 'politique socialiste de l'offre', c’est-à-dire sans pouvoir d'achat", détaille Jean-Paul Fitoussi. "Il y a un processus qui s'enclenche dans une société qui conduit à l'appauvrissement de la langue et donc à l'appauvrissement de la pensée. La pensée unique vient de l'appauvrissement de la langue", martèle Jean-Paul Fitoussi, économiste et ancien président de l'OFCE.

Changement de sens

Ces mots, concepts que l'on retrouve un peu partout sont-ils considérés comme appartenant à la novlangue, un mot tout fait qui devient un nom commun ? "Je pense à un article du Monde dernièrement, sur l'autorisation de tuer un certain nombre de petits oiseaux. On appelait ça des 'prélèvements'. Mais quel est ce vocabulaire ? Il n'y a plus de chasse, plus de mort…", déplore la journaliste Muriel Gilbert. Sur d'autres termes elle estime que l'on fait souvent des erreurs. "Gens, au départ vient de gent, que l'on doit prononcer sans le 'e'. Gens étant le plusieurs de cette gent (…) On est passé à des expressions comme 'espèce de gens' qui veut dire tout et n'importe quoi et qui est très compliqué puisqu'il change de genre selon s'il est placé avant ou après", souligne-t-elle. Beaucoup d'expressions et de mots du passé ont été abandonnés.

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