"L'échappée - La France en diagonale et à vélo" de Stéphane Dugast, récit d'une aventure épique à travers les richesses de nos régions
Un vélo et de la motivation, voilà les ingrédients de base pour partir à la découverte de la "diagonale du vide". Stéphane Dugast, auteur, reporter et réalisateur, nous embarque sur son porte-bagage à travers les chemins de traverse d'une France pleine de surprises.
A quoi ressemble la France loin des sentiers battus, le long de cette "diagonale du vide", un terme vague, dont on parle sans vraiment en connaitre les contours ? Curieux de le savoir, et motivé par l'accomplissement d'un vieux rêve, Stéphane Dugast enfourche son vélo, un beau matin de juillet 2020, pour un périple entre Dunkerque et Hendaye, sur "les chemins et les routes de la France buissonnière".
De cette aventure il a tiré un livre, L'échappée - La France en diagonale et à vélo, paru fin mars aux Editions du Trésor. Rencontres insolites, découvertes de lieux insoupçonnés, galères du cyclotouriste racontées avec humour et autodérision, l'ouvrage, riche en anecdotes savoureuses, trace la route entre nature, histoire et culture.
La France réenchantée
Maillot jaune sur le dos, "La France réenchantée" en guise de logo, juché sur Raymond, vélo alourdi par 30 kilos de sacoches (qu'il allégera en cours de route), Stéphane Dugast, la quarantaine bien entamée, avoue qu'il ressemblait plus au bibendum Michelin ou à Bozo le clown qu'à un coureur cycliste. Qu'à cela ne tienne, malgré des regards condescendants voire l'ignorance totale de quelques pairs en vélos de course (ça ne se fait pas d'arborer un maillot jaune !), l'auteur garde le cap et le plus souvent une "humeur guillerette", trop heureux "d'humer à pleins poumons la vie au grand air".
Car cette tenue a un atout : il ne passe pas inaperçu. Et ça tombe bien pour celui qui aspire à "amorcer le dialogue" et "redonner le sourire aux gens après des mois de confinement". On suit le valeureux cycliste au fil de ses 2200 kilomètres à la force des mollets, entre grimpettes suffocantes sur des routes bitumées où circulent des chauffards, et sentiers reposants en pleine forêt, chemins embroussaillés d'où l'on s'extirpe difficilement ou vélo-routes bien dessinées. L'aventure réserve "son lot de surprises et de déconvenues, de bonheurs et de frustrations" et c'est bien ce qui en fait le sel.
L'art de raconter des histoires
Chaque étape est prétexte à de nouvelles découvertes de ces petits coins de France. On y visite de magnifiques abbayes, un château hanté et des musées déroutants ; on traverse de superbes villages en pierres, de vieux ponts et des cours d'eau dont la poésie des noms touche l'auteur. Mais il y a aussi des lieux désertés et déprimants et des zones commerciales périphériques qui font tâche. On marche sur les traces des guerres passées et des effets de la mondialisation. On y croise d'illustres personnages, Jean Bart, Marguerite Yourcenar, Jeanne d'Arc ou Poulidor et aussi une foule d'anonymes, piliers de bar taiseux, hôtes chaleureux d'un soir, gardienne de musée tatillonne, agricultrice engagée, campeurs ou touristes avec qui partager un moment... "Les rencontres nourrissent ma vision de la diagonale du vide et me permettent de tisser un récit patchwork de cette France parfois désenchantée" écrit-il. Et ces instantanés sont toujours source d'inspiration.
Car Stéphane Dugast a le contact facile et l'art de raconter des histoires, même si être journaliste et Parisien n'assure pas toujours un accueil bras grands ouverts et que les effets du Covid ont eu raison des nuits improvisées chez l'habitant. Longtemps reporter pour Cols bleus, le journal de la Marine et de la mer, il est aujourd'hui un auteur prolifique de documentaires, de livres et d'articles, pour divers médias et pour le journal Embarquements, dont il est l'un des fondateurs, autour de l'aventure et des pôles principalement. D'habitude, c'est sur les autres qu'il écrit. "Là, pour la première fois, je me suis mis en scène, j'ai mis de moi avec des confidences, notamment sur ma mère, décédée à l'âge que j'avais pendant le voyage. J'ai eu envie d'emmener le lecteur avec moi, sur mon porte-bagage." Les efforts parfois très intenses et le mal aux fesses en moins, c'est donc avec un plaisir communicatif qu'on se laisse porter.
Des petits plaisirs minuscules
"Alors cette France, elle est comment ? Enchantée, à réenchanter ou à enchanter ?" lui ont demandé Cathy, Nicole et Michel, croisés à Aiguillon. "Les trois à la fois" répond aujourd'hui Stéphane Dugast. "A vélo on perçoit beaucoup de choses sur l'état des petites villes. On est dans un un pays où il y a des choses formidables mais aussi des côtés désespérants. On sent un pays millénaire avec des vieilles pierres, de l'histoire, des souffrances parfois."
Quant à l'aventure, elle lui a laissé de magnifiques souvenirs. "J'ai une gourmandise pour les Hauts-de-France", avoue-t-il. Mais il y a des coins superbes dans le Limousin aussi. Je ne comprends pas qu'on s'entasse sur des plages alors qu'il y a tout dans des régions bien moins visitées. Et puis j'ai découvert aussi des petits plaisirs minuscules, comme boire un sirop de violette ou d'orgeat à une terrasse de café."
L'échappée - La France en diagonale et à vélo, Editions du Trésor. Sortie le 23 mars 2023 (19€)
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