Cet article date de plus de cinq ans.

L'écrivain italien Boris Pahor, ancien déporté, est à 106 ans le doyen de la littérature mondiale

Mémoire de la minorité slovène de Trieste, Boris Pahor s'est inspiré des douleurs dont il a été témoin pour bâtir son oeuvre.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 2 min
L'écrivain italien Boris Pahor en 2012. (ULF ANDERSEN / AURIMAGES)

Boris Pahor, écrivain italien en langue slovène, fête ce lundi 26 août ses 106 ans. Connu en France pour des ouvrages comme Pélerin parmi les ombre, il est le doyen de la littérature mondiale. Et en 106 ans, ses yeux ont été les témoins de nombreux évènements historiques tragiques.

A sept ans, Boris Pahor assista le 13 juillet 1920 à l'incendie par les fascistes de Narodni Dom, le bâtiment de la communauté slovène de Trieste. Quelques années plus tard, il s'engagea dans l'armée de libération yougoslave. En 1944, il est arrêté et déporté en Alsace (Natzweiler-Struthof), puis en Allemagne (Dachau et Bergen-Belsen).

La plupart de ses romans puisent leur inspiration dans ces années d'épreuve. Outre Le Pèlerin parmi les ombres, où il narre son expérience des camps de la mort, il est également l'auteur de Printemps difficile et Quand Ulysse revient à Trieste, qui traitent des difficultés de la minorité slovène de la grande ville du nord-est de l'Italie.

Mémoire vivante de la minorité slovène

Boris Pahor semble en effet porter en lui les stigmates de Trieste, ville prise en tenailles entre les différentes puissantes régionales. Lorsque l'écrivain naît, en 1913, Trieste fait partie de l'Autriche-Hongrie, avant de devenir italienne en 1921. Brièvement occupée par l'Allemagne pendant la Seconde Guerre mondiale, elle passe sous gouvernance yougoslave en 1945. Au coeur d'une dispute entre l'Italie et la Yougoslavie, Trieste retourne définitivement à l'Italie en 1954, mais la ville conserve une importante minorité slovène.

Après son retour des camps nazis de Dachau et Bergen Belsen, Boris Pahor souffrait du foie et a senti le besoin d'aller au soleil. "J'ai soigné mon foie avec le soleil. Le soleil a protégé mon foie des bacilles", a-t-il confié dans une longue interview de Trieste Primorski Dnevnik

Les bienfaits du café au sucre

Concernant les boissons et la nourriture, il ne suit pas de prescriptions particulières, mais note que d'aucuns lui ont fait la remarque qu'"il ne pouvait pas être un vrai écrivain slovène" car il n'aime pas le vin. Il explique également "avoir toujours écouté les besoins de son organisme".

L'écrivain italien Boris Pahor à Klagenfurt en Autriche le 1er mars 2019. (KARLHEINZ FESSL / APA-PICTUREDESK)

Le péché mignon de Boris Pahor, c'est le café avec du lait. Jusqu'à il y a peu, il ajoutait trois sachets de sucre à son café, "maintenant seulement la moitié". "Le matin, j'adore le café pur, évidemment sucré, je mange aussi divers types de fruits et du mil", complète-t-il.

Pendant longtemps, sa femme Radoslav s'est occupée de son alimentation, puis un assistant. Ces trois dernières années, c'est Vera, sa gouvernante originaire de Bosnie, qui lui a fait découvrir des spécialités. "Par exemple, on mange de la viande. Je n'ai jamais aimé ça et je ne l'achèterais pas si c'était moi. Mais Mme Vera la mélange à d'autres aliments avec un mixer", souligne Boris Pahor. L'écrivain apprécie davantage le riz : "Je le veux bien cuit". Parmi ses plats préférés, il cite ceux à base de courgettes.

A propos d'informations de presse assurant qu'il pourrait épouser sa gouvernante, il répond : "Mais non, c'est de la pure invention". La seule chose qu'il voudrait, et "ce n'est pas un secret, ce serait de donner la possibilité à Mme Vera qui s'occupe si bien de moi, de toucher une partie de ma retraite".

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.